• En 1878, Stevenson a certainement été un des premiers à randonner avec un âne. A l'époque fallait oser tout de même ou être un peu bohème. Un original certains diront. Quoiqu'il en soit, Stevenson nous donne récit de son épopée à travers un itinéraire de 12 jours dans les Cévennes.

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    Voyage avec un âne dans les Cévennes de Stevenson

     

    Il achète pour 65 francs et un verre d'eau de vie,  une ânesse qu'il baptise "Modestine".  Novice en matière de paquetage, tout son attirail de randonneur ne manque pas de mordre plusieurs fois la poussière. «(...) un ballot à maintenir sur un bât contre un coup de vent venu du nord glacial n'est point une activité de qualité, mais elle n'en contribue pas moins à occuper et à former le caractère. »

    Les lieux qu'il sillonne sont chargés d'Histoire (la guerre des camisards) et du mythe de la bête du Gévaudan. Battant la campagne sur des chemins escarpés, Stevenson découvre le plaisir de dormir à la belle étoile. La grande ourse veille sur ses pensées philosophiques. Lui qui a plus peur du chien errant que du loup.

    L'héroïne de cette histoire est incontestablement "Modestine", l'ânesse paisible, lente et chétive qui aime lui manger dans la main. Son entêtement "logique" lui vaut parfois d'être rosser par le voyageur excédé de ses écarts de conduite. Pourtant c'est grâce à Modestine que Stevenson découvre des paysages sauvages, étranges et fantastiques.

    L'auteur de l'île aux trésors et de l'étrange cas du Docteur Jekill et de M.Hyde se révèle être un campeur attentif et précis. Son récit très visuel enchante. Il offre à qui le veut bien toute la richesse et le bien-être de pratiquer la marche à pied.  Stevenson n'est que le témoin d'une aventure fantasque et sans Modestine le voyage aurait été bien fadasse. Pour ceux qui veulent vivre l'aventure c'est par ici

    Merci  à Aifelle  pour la découverte

     

    Editions Flammarion - 2013

    Quatrième de couverture : Voyage avec un âne dans les Cévennes Ce roman est le compte rendu à la fois nostalgique et espiègle de la randonnée qu'effectua Stevenson avec une ânesse obstinée dans les Cévennes en 1878. Tandis que l'animal réinvente, à mesure de sa fantaisie, le chemin du voyage, son maître se prend peu à peu aux joies de l'errance. Éloge de la lenteur et du goût pour l'inutile, Voyage avec un âne dans les Cévennes nous invite « à voir le monde comme une bohème non pas vraiment raffinée, mais glorifiée et pacifiée » (Henry James).


    4 commentaires
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    De la grâce et de la profondeur, c'est à quoi il faut s'attendre dans le dernier roman de Lionel Duroy. Ce n'est pas nouveau, pourtant il y a néanmoins quelque chose de différent. La colère écrite apaise t-elle le cœur ?

    Après deux ruptures, Augustin n'a plus peur de souffrir. Il se sent libre d'aller où bon lui semble. A la surprise de son éditeur, il part s'installer en Allemagne du Nord, dans le Schleswig avec un objectif fou, écrire la suite de "La leçon d'Allemand" de Serge Lenz.

    «Si j'avais tellement aimé le livre de Lenz au point de vouloir y habiter, c'était que le couple du peintre y porte cette élégance absolue des sentiments qui ne se trouve pas sur la Terre. Je le savais. quelque chose dans ce livre avait réveillé en moi l'enfant lecteur celui qui avait ardemment souhaité, à treize ou quatorze ans, quitter ce monde pour emménager dans celui des livres où parmi la foule des affairistes et des malins surgit invariablement un personnage animé d'une belle âme, je veux dire par là des sentiments forts auxquels il se tient, quoi qu'il lui en coûte. Max Ludwig Nansen et Ditte sont de cette espèce, par leur foi dans le bien dont ils ne dévient jamais ils nous sauvent de l'humanité, du chaos, de la désespérance, et nous donnent l'illusion qu'auprès d'eux nous pourrions aimer la vie. »

    Augustin part seul sur les traces du peintre Emil Nolde, à la recherche des lieux qui figurent dans le roman de Lenz. Il ne retrouve pas toute la vérité du livre mais son envie profonde d'écrire et sa passion pour l'œuvre artistique de Lenz l'obsède. Renoncer ? Jamais ! Comme Emil Nolde, Augustin  choisit de vivre retiré et en harmonie avec la nature. La sollicitude envahissante de sa logeuse l'étouffe et son besoin de solitude pour écrire l'amène à louer pour une bouchée de pain, une maison. Un heureux hasard qui se transforme en coup de foudre !

    «A l'instant où je pousse la porte l'émotion et le plaisir mêlés me font accélérer le cœur. Un plaisir sensuel, intense - songer que cette maison m'est offerte que je suis l'héritier de son histoire, qu'à mon tour je vais lier mon destin au propos silencieux qu'elle tient depuis tant d'années, respirer son air, parcourir ses pièces...»

    Augustin poursuit ses recherches, fouille, rôde, retourne la terre, scrute à la loupe les moindres détails, prend des notes sur tout, interrogent les gens. Puis il rencontre Suzanne qui prépare justement une étude sur Nolde pour l'académie des Beaux Arts. Elle peint aussi. Augustin lui propose de l'aider dans ses recherches. Il est attiré par cette femme qui ne cherche pas à le posséder. Tous deux se comprennent et s'accordent. Leur rencontre prend la forme d'une relation amoureuse.

    A la fin Augustin nous échappe...encore. Il nous invite, surement, à une prochaine BELLE échappée. En attendant, on n'a qu'une envie, prendre un billet de train pour le Schleswig-Holstein, sans oublier de glisser dans sa valise le roman de Lenz. Qu'est ce qui nous en empêche ?

    Ce que j'ai adoré dans "Echapper", c'est la perceptible précision de Lionel Duroy à saisir l'instant présent. Il en prend note sans attendre, pour être dans la vérité du moment. Il libère les émotions et les réflexions avec grâce et sensualité. Il embrasse du regard la beauté des paysages, la beauté de Suzanne. Il s'émeut d'un rien. Chaque détail compte. Et la  juste intensité des mots est un régal.  Son plus beau roman ?! Oui certainement. 

    Fébrile Lionel Duroy ?! Non, délicieusement VIVANT !

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    Editions Julliard - 2015

    Quatrième de couverture : « Vous me demandez ce que Susanne a de plus que vous, je vais vous le dire : Susanne est en paix avec les hommes, elle ne leur veut aucun mal, elle n'ambitionne pas de me posséder et de m'asservir, elle aime au contraire me savoir libre et vivant pour que je continue d'être heureux et de lui faire l'amour. Longtemps, longtemps. Vous comprenez, ou il faut encore que je vous explique ? »

    J'ai lu aussi Le chagrin et Vertiges

     

    (clin d'oeil à Lionel Duroy)


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