"La plupart du temps, les habitants de Berlewaag éprouvaient quelques lourdeurs au cours d'un bon repas;
il n'en fut pas ainsi ce soir-là. Les convives se sentaient devenir de plus en plus légers, légers matériellement, et légers de cœur au fur et à mesure qu'ils mangeaient et buvaient. Inutile à
présent de rappeler les uns aux autres le serment qu'ils avaient fait. Ils comprenaient que ce n'est pas en oubliant le manger et le boire, mais en ayant complètement renoncé à l'idée de boire et
de manger, que l'homme mange et boit dans un juste état d'esprit."
( Extrait - Le Festin de Babette - Karen Blixen)
© voyelle
Assise sur la planche à hacher de la cuisine, Babette était entourée de plus de casseroles, de plus de
poêles à frire, noircies et graisseuses, que ses patronnes n'en avaient vu de leur vie. Elle était pâle et avait l'air mortellement épuisée, comme le jour de son arrivée, quand elle s'était
évanouie sur le seuil de la porte. Après un long moment de silence, elle regarda Martine et Philippa bien en face et dit:
- Autrefois, j'étais cuisinière au Café anglais.
Martine dit encore:
- Tout le monde a été d'avis que ce dîner était charmant; et comme Babette ne répondait pas, elle poursuivit: «Nous nous souviendrons tous de cette soirée quand vous serez rentrée à Paris,
Babette.»
(Extrait -le Festin de Babette- Karen Blixen)