• "CIEL BLEU une enfance dans le haut Altaï " de Galsan Tschinag

    Envoutante et poétique lecture !

    " Sur le poêle chauffait le meilleur thé. Le meilleur thé, c’était quand s’ajoutaient à l’indiquons du lait et du sel, ainsi qu’une bouillie de farine très grasse. Et ce thé était le résultat d’un travail collectif, car au passage chacune des femmes qui s’étaient confortablement installées entre la porte et le fourneau se rendait utile à sa façon. L’odeur de graisse et de farine chaudes ne faisait qu’augmenter ma curiosité du petit monde, curiosité qui venait du désir d’apprendre enfin quelle était cette personne à la tête d’homme et à la voix de femme. Les enfants n’avaient pas le droit d’entrer comme les adultes dans la yourte, ni même de rester sur le pas de la porte, ils faisaient les cent pas devant l’entrée en jetant des regards furtifs et scrutateurs à l’intérieur. Ils en étaient presque malheureux."


     Galsan Tschinag, l'auteur, nous conte les premières années de son enfance nomade dans les grandes étendues de Mongolie. Son rêve ?! Devenir, un "baj".

     

    ... « Moi, je serai un baj ! »

    « Baj signifie tout simplement riche. Tous ceux qui travaillent sans rechigner à la peine peuvent vivre dans la richesse »

    C'étaient les paroles de grand-mère, mon père a acquiescé.

    « Non, grand-mère ! Non, papa ! Je ne veux pas vivre dans la richesse. Je veux devenir un vrai baj ! Comme notre grand-père ! »

    Mon père a marqué un temps d'arrêt. Je l'ai vu. Pourtant c'est grand-mère qui m'a encore répondu : « Ton grand-père était un homme remarquable. Heureux celui qui peut devenir comme lui. Mais on ne dit plus un baj, on dit un excellent éleveur.

    C'était donc cela ! Je ne deviendrai pas un baj, je deviendrai un excellent éleveur ! J'étais déçu. Mais au moins, j'étais apaisé de savoir à quoi m'en tenir...

     

    Galsan Tschinag nous plante un décor somptueux et rustique où l'on découvre la culture d'un peuple menacée, car tout en conservant officiellement son indépendance pendant la période soviétique après celle de l'empire chinois, la politique de la République Populaire Mongole était cependant strictement alignée sur celle de l'Union Soviétique...hélas ! 

     

    Ciel-bleu---Galsan-Tschinag

    Editions Métaillé - 2004

    Traduit de l'allemand par Dimonique Petit

     

    4ème de couverture

    Galsan Tschinag raconte son enfance dans la steppe aux confins du désert de Gobi, dans les terres du Haut-Altaï. Vivant sous la yourte au sein d'une famille d'éleveurs de moutons, l'enfant découvre le monde à travers sa relation avec Arsilang son chien, dont les aventures ouvrent et ferment le livre. L'exotisme est ici total et actuel.

    Le groupe familial se déplace en fonction des pâturages et des saisons, on monte les yourtes et on rencontre les gens. Les enfants ont une place bien définie que vient troubler l'obligation de scolarisation imposée par le gouvernement communiste. Mais il y a toujours les vacances pour retrouver la grand-mère choisie et adoptée par l'enfant, pour jouer dans la montagne avec son chien et parcourir à cheval ces étendues sans fin où le galop sert aussi à mesurer l'espace et le temps.

     

    Galsan TSCHINAG  est né en 1944 dans une famille d’éleveurs nomades touvas en Mongolie occidentale et a passé sa jeunesse dans les steppes du Haut-Altaï, aux confins de l'Union Soviétique.
    Après son bac à Oulan-Bator, bénéficiant des programmes de coopération entre les pays communistes, Galsan Tschinag a la possibilité d’étudier la linguistique à Leipzig, en RDA. Il écrit soit en mongol soit en allemand. Son premier ouvrage, Ciel bleu,  est publié en Allemagne en 1994. Il obtient le prix Adalbert von Chamisso, récompensant un auteur étranger écrivant en allemand.


    Parallèlement à l'écriture, Galsan Tschinag se consacre à la protection des coutumes de son peuple, menacées par les dangers de la modernisation.

     

     

    Interview donné à ANDA, le 22 juillet 1996.


    "Nous prenons tout à l'Occident. Regardez-moi, un fils de nomade, avec des blue-jeans : une vraie caricature ! C'est dommage. Le monde est en train de s'uniformiser. Les nomades mongols d'Asie, eux, ont leur propre "odeur" mongole, leur façon de s'asseoir dans une yourte, de se tenir debout, si reconnaissable. L'humanité serait plus belle et plus riche de toutes ses couleurs, de toutes ses voix, de tous ses peuples petits et grands, si les plus forts cessaient d'imposer leur culture  aux autres."

     

    "Je suis issu d'un peuple nomade et j'ai appris à maîtriser la culture occidentale. Je me considère donc comme un pont liant l'Est et l'Ouest."

    "Le lendemain matin, à l'aube de la journée en général consacrée au sommeil dans le nouveau monde sédentaire, nous nous levons comme il est d'usage les jours de départ dans le vieux monde mouvant des nomades." Le monde gris.


    "Nous avons des rapports quotidiens avec les Touvines de Russie : ils ont pratiquement tout oublié. La vie traditionnelle a complètement disparu, même leurs deel [robes traditionnelles], ils ne savent plus les faire. Des sous-bottes comme les miennes, dans tout Touva, personne n'en fait plus! Tandis que chez nos Touvines de Mongolie, les femmes âgées sont expertes dans tout l'artisanat traditionnel. A Touva, ils ne savent plus fabriquer les laitages. la seule chose qu'ils ont vraiment bien apprise, c'est à boire de la vodka. Cette nation est plus ou moins en train de disparaître, un peu comme les Indiens d'Amérique.

    En comparaison, les Touvines de Mongolie vivent dans de bien meilleures conditions. La Mongolie est un bon endroit, vous savez."

     

    Le site de l'auteur



  • Commentaires

    1
    Samedi 30 Avril 2011 à 17:40
    Aifelle

    Tu ne peux pas savoir à quel point tu me fait plaisir  Cà fait des mois que je cherche la référence de ce livre-là, dont je n'avais noté ni l'auteur, ni la région exacte. Aucune libraire n'a su de quoi je parlais. Me voilà sauvée, cette fois-ci je garde précieusement les références.

    2
    Dimanche 1er Mai 2011 à 15:57
    Voyelle

    ravie de te faire plaisir !!!

    3
    Bleue-farandole
    Jeudi 5 Septembre 2013 à 23:34
    Bleue-farandole

    Ma Vallia, il faudra que je le lise aussi! J'aime beaucoup cette litté, tu t'en doutes! Pour me consoler, je lis une jolie histoire de chat du Japon, un auteur japonais, c'est son premier livre! On dirait qu'il l'a écrit juste là pour moi! Je l'ai trouvé ce matin  à la librairie où je faisais mes dédicaces, maigres ventes: 2 mais 2 autres personnes se sont manifestées l'aprèm, ils s'étaient trompés d'horaires, un monsieur et une dame, de quoi commencer un début de roman!!! lol!!! Galère, galère la vie d'artiste hein ma Vallia! Bise de bise et joli mai Vellova!



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