Dans le genre "Les hommes ne voient pas plus loin que leur braguette" et "C'est la femme qui porte la culotte", il va y avoir du rififi autour de la table, si ce n'est dans le plumard ! 

Ce livre, j'ai l'air de le fanfaronner comme ça dans la décadence mais - car il y a souvent un mais qui se glisse entre mes mots - l'auteur met en avant la femme, victime de préjugés. La femme qui suscite la défiance de l'homme, et subit sa violence, son arrogance et sa mesquinerie. Le tout fort arrosé de gnôle car, dure labeur que de travailler dans les champs, de bucheronner, de taper sur l'enclume... Alors parfois, puis, de plus en plus souvent, la gnôle rend la vie plus supportable, plus douce mais, ( et de 2 !)  c'est la femme qui trinque. Rosa, elle, elle ne se laisse pas faire. Et gare à celui qui ne respecterait pas les règles de la bienséance car il pourrait bien se retrouver avec une fourchette plantée dans le derrière ! Rosa a du tempérament mais ( et de 3 !) elle a l'art de recevoir et sait tirer profit, en tout bien tout honneur, des hommes assoiffés depuis qu'elle a transformé sa  ferme en bistrot - plus ou moins clandestin. Et ça parle de politique, de sujets scabreux, jouent aux cartes, se moquent, se vantent...pendant que Rosa, en leur tournant le dos, lit " Le village aérien " de Jules Verne devant la cheminée.

C'est au cours d'une partie de cartes bien arrosée que les esprits s'échauffent. Combat de "coqs" dans la basse cour ! Gustave et Alphonse,  manquent d'en venir aux poings.Leur joute verbale se termine par un pari tout aussi fou que stupide.  L'on pourrait croire que l'histoire va se poursuivre dans la débauche car femme il faut pour arbitrer puis dire lequel des deux est "un homme", un vrai de vrai.

Entracte lyrique...oups !!!  :)))

C'est là que Rosa entre en scène et se propose...sous certaines conditions ( @ découvrir ! ) Elle est prête à tout par amour pour son mari car il faut en convenir, Rosa aime son Mathieu. Et c'est ainsi que sur l'ardoise s'inscrit, non pas deux concurrents mais, ( et de  4 !) huit concurrents !

« Fascinés par l’appât de l’argent, de la gloire ou de la chair, ces hommes venaient pour la première fois de leur vie, sinon de perdre le pouvoir, du moins de le partager avec une femme, ce qui donna un goût particulier à la gnôle ce soir-là.»

Sans trop vous en dire sur la "belle" affaire et le "comment  va t-elle se finir", l'auteur nous donne réflexion sur le comportement des hommes, comme des femmes d'ailleurs, quand ils se trouvent face à des situations qui les dépassent et/ou les troublent. Au fil des pages, les personnages gagnent en profondeur. Ils dévoilent leurs fragilités, leurs doutes, leurs émotions..."L'habit ne fait pas le moine !" Cependant, un évènement majeur viendra perturber les règles du concours et fragiliser son "bon" déroulement. "Tel es pris qui croyait prendre !"

"L'histoire de Rosa... " qui se passe dans la campagne Normande au début du 20ème siècle est surprenante, agréable, et ne tombe jamais dans la vulgarité.  Cette histoire vaut bien un fromage le temps passé sous la couette à la dévorer, sans aucun doute.

 @ savoir : Bernard Ollivier est écrivain voyageur, fondateur de l’association Seuil, qui se consacre aux jeunes délinquants, leur proposant le voyage comme une alternative à la prison. Il est l’auteur de la trilogie Longue marche et a également publié aux éditions Phébus Aventures en Loire et La vie commence à 60 ans.

Editions Phébus - 2013

Quatrième de couverture

Mariée à 16 ans et violée le lendemain de ses noces par un ivrogne ayant le double de son âge, le destin de la jeune Rosa, paysanne normande du début du XXe siècle, semblait tout tracé : subir et se taire. Les hommes ont tout, peuvent tout, décident de tout. Sauf lorsque leurs passions les emportent au-delà du raisonnable et que la petite Rosa, devenue femme, les prend au piège de leurs rêves et de leurs vices. La grande Rosa tiendra alors le monde des hommes dans sa main…