• "L’apocalypse selon Marie" de Patrick Graham



    Comme je ne peux pas me passer de lecture, j'ai mis dans ma valise plusieurs livres pour être sûr de ne pas être en manque pendant mon escapade dans le Vexin. J'ai terminé...un super bouquin ! qui m'a été offert pour mon anniversaire par Sister Love. Un thriller-fantastique, "L"apocalypse de Marie"de Patrick Graham...très bien écrit.
    L'histoire vous embarque littérallement et l'on se demande même où l'auteur va chercher  toute cette imagination...DEBORDANTE !  Merci Sister Love ! Un vrai régal !



    Edition Anne Carrière - Octobre 2008

    L'AUTEUR
    Consultant international dans l’intelligence économique, l’auteur est passionné par l’histoire des religions. Patrick Graham a, par ailleurs, reçu le Prix Maison de la Presse 2007 pour son précédent thriller L’évangile selon Satan (150 000 exemplaires vendus en France et huit traductions en Europe).

    INTERVIEW :
    http://www.localetv.com/html/voirvideo.php?id=1077&video=playlist_epk_patrick_graham.wmx&voir=ok

    EXTRAIT :

    Note de l’auteur

    Dans les pages qui vont suivre, certains croiront reconnaître l’ouragan Katrina qui ravagea La Nouvelle-Orléans en 2005. Il n’en est rien.

    Ma tempête à moi ne s’appelle pas Katrina mais Holly.

    Elle n’a pas frappé La Nouvelle-Orléans il y a trois ans.Elle s’en approche. Il y a encore quelques jours, elle n’était qu’une simple dépression tropicale au large des Bahamas.

    Mais depuis quelques heures, elle enfle, elle creuse ses premières vagues dans la peau de l’océan, elle accélère. Des murs d’eau se déversent déjà sur les côtes. L’apocalypse commence.

     

    I

    DADDY

     

    – Marie ?

    – Je ne dors pas. Je rêve que je ne dors pas.

    L’agent spécial Marie Parks a les yeux fermés. Elle est étendue sur un large divan et respire les odeurs de bois et de cigare qui imprègnent la pièce. Dehors, derrière la baie vitrée recouverte d’un film occultant, des enfants jouent au ballon sur la terrasse de la villa. Plus bas, Marie entend résonner des klaxons quelques sirènes dévalant les avenues.

    Les rumeurs plus lointaines de Rio de Janeiro, le grand bourdonnement des hommes. La lente respiration de la ville.

    – Je peux fumer ?

    – Non, Marie. Vous ne pouvez pas fumer. Vous ne fumez pas dans votre lit quand vous vous endormez, n’est-ce pas ?

    – Si. Ça fait partie des dangers que je maîtrise. J’aime ça.

    Froissement de papier. Le docteur Cooper compulse ses notes. Sa voix est rocailleuse. Une voix de fumeur.

    – Si j’en crois votre dossier, vous passez votre vie à traquer des tueurs en série. Fumer en vous endormant est quelque chose qui relève de votre seule responsabilité. Cela doit vous changer.

    –Vous voulez dire comme me balader les yeux fermés au sommet d’une falaise ?

    Marie esquisse un sourire.

    – Lorsque j’étais petite, je marchais au bord des trottoirs en imaginant que je longeais un précipice. J’adorais faire ça.

    –Vous vous en souvenez ?

    Marie écoute les enfants qui jouent derrière la baie vitrée.

    Le ballon claque contre le verre. Le docteur Cooper sursaute légèrement. Une voix féminine retentit sur la terrasse, prononce quelques mots en portugais.

    Les enfants ramassent le ballon et s’éloignent.

    – Non, c’est une vision. Une vision qui revient souvent. Mais elle est tellement réelle que j’ai parfois l’impression que c’est un souvenir. Comme ces odeurs de crème à bronzer et de sable chaud qui flottent dans votre mémoire. Des odeurs de vacances, de soleil et de bonheur.

    –C’est l’amnésie résiduelle. Votre cerveau a oublié qu’il se souvient. Alors, il comble les vides avec des odeurs et des bruits.

    Il fait appel aux autres sens pour tenter de rétablir le contact

    avec la mémoire. Vous avez toujours les yeux fermés ?

    – Oui.

    – La fillette a quel âge dans votre vision ?

    – Huit ans. Peut-être dix. Tout ce que je sais, c’est que c’est le jour de son anniversaire.

    – Elle marche au bord du trottoir ?

    – Oui. Elle avance les bras levés en balancier. C’est l’hiver.

    L’air froid lui brûle les poumons. Elle porte des moufles et un gros bonnet de laine qui lui gratte la tête. Elle sent son haleine glisser sur ses lèvres, c’est tiède dans sa bouche et glacé quand ça effleure son nez.

    – Où est-elle ?

    – Boston, Massachusetts. Vous connaissez l’hiver à Boston, doc ?

    – Non.

    –C’est froid et silencieux.

    Marie entend le docteur Cooper remuer dans son fauteuil. Le coton léger de son costume râpe contre le cuir. Il griffonne quelques mots.

    – Ça sent quoi ?

    – Le goudron, les feuilles mortes et les vapeurs d’égouts.Cette brume tiède qui s’échappe des bouches en pierre. Une odeur de vomi et de sac plastique humide. Les narines de Marie s’arrondissent.

    – De kérosène aussi.

    – De kérosène ?

    – Oui. Un 747 vient de passer au-dessus des immeubles en brique d’East Somerville. Il est aligné sur l’aéroport international de Logan. Il est sur le point d’atterrir.

    – Qu’est-ce qui s’est passé ce jour-là ?

    – Des cross-killers.

    – Pardon ?

    –Vous avez dit tout à l’heure que je traquais des tueurs en série. Je traque des cross-killers.

    – Quelle différence ?

    – Le tueur en série est un pulsionnel qui tue pour ne plus souffrir, pour apaiser la formidable tension qui le pousse au meurtre. Le cross, lui, ne tue pas par besoin mais par envie.

    Il n’entend pas de voix et n’obéit pas à Dieu. Il est très bien inséré, il a un bon boulot qui le fait beaucoup voyager. Il en profite pour tuer. C’est ce qu’il aime faire et il le fait bien.

    Le stylo du docteur Cooper accroche le papier.

    – Pourquoi pourchassez-vous ces tueurs-là en particulier ?

    – Parce que je les sens. Je sais comment ils fonctionnent.

    –C’est ce qui vous fait peur ?

    – Quoi donc ?

    – L’idée d’être comme eux ?

    – Ça vous ferait peur, à vous ?

    – Je crois que je serais mort de trouille.

     

    2

     

    Une mouche bourdonne, se cogne contre les vitres et reprend sa course à l’aveuglette. Le docteur Cooper la suit du regard.

    Il cherche ses mots.

    – Si nous revenions à cette fillette qui joue à se faire peur au bord du trottoir, à Boston ?

    – Au bord du précipice, vous voulez dire ?

    – Si vous préférez.

    – Elle avance. Une voiture la frôle. Elle roule très doucement.

    Une odeur de cigare s’échappe par la vitre entrouverte.

    Un parfum de réglisse et de paille fumée. Comme du jambon cuit mais sans l’odeur de la viande. Vous voyez ?

    – L’odeur du bois, mais pas de la viande.

    – Oui, c’est exactement ça. Une odeur de fumoir. Du hêtre, de la réglisse et de la paille. La machine à cancer.

    – Ça aussi, ça vous effraie ?

    – Quoi donc ?

    – Le cancer.

    – Oui mais j’aime ça. J’aime avoir peur de quelque chose que je ne peux pas combattre. Je voudrais crever avec la respiration qui siffle et mes poumons qui se remplissent de pus dans

    ma poitrine. Je détesterais mourir en bonne santé. Je trouverais ça immoral.

    Le docteur Cooper tourne les pages du dossier.

    – Comment vos visions ont-elles commencé ?

    – Un choc frontal à cent soixante à l’heure entre un trente tonnes chargé de troncs d’arbres et un camping-car. J’étais dans le camping-car.

    – Qui conduisait ?

    – Mark, mon mec. Mort.

    – Qui d’autre était à bord ?

    – Notre fille. Je crois qu’elle s’appelait Rebecca.

    –Vous n’en êtes pas sûre ?

    –C’est ce qu’on m’a dit quand j’ai émergé du coma. On m’a dit qu’elle s’appelait Rebecca. On m’a montré sa photo ainsi que celle de Mark. Je ne les ai pas reconnus.

    – Ça s’appelle la prosopagnosie.

    – La quoi ?

    –La perte de reconnaissance des visages. Ça arrive fréquemment chez les grands traumatisés qui ont subi un choc violent

    dans la région du cortex temporal. Pourtant, vous savez que c’est eux, non ?

    –Doc, comment savez-vous que votre père est bien votre père ?

    – Je ne sais pas.

    – Parce que c’est votre mère qui vous l’a dit.

    – Une mère ne ment pas sur ces choses-là.

    – Non. Mais elle peut se tromper.

    Marie écoute les murmures de Rio de Janeiro écrasée par la chaleur moite de l’été. Le ronronnement des climatiseurs. Le souffle de l’air glacé enveloppant son visage. Au loin, tout en bas, des bruits de musique et des éclats de voix. La rumeur des plages de Copacabana et d’Ipanema. Les Cariocas ont envahi le sable blanc et dégustent des brochettes de crevettes rehaussées d’un trait de piment et d’un filet de citron vert. Marie salive en repensant au goût des gambas. Quatre jours plus tôt, en débarquant d’un vol en provenance de Berlin, elle avait fait un crochet par son hôtel pour enfiler son maillot de bain, puis elle avait gagné la plage d’Ipanema à pied. Le Pain de Sucre à gauche, la baie de Rio, les favelas derrière elle, des grappes de bidonvilles accrochées aux Morros comme une lèpre de tôle

    ondulée et de ciment. Les mille collines de Rio. Marie avait posé son sac sous l’oeil amusé d’un groupe de Cariocas à la peau cuivrée qui lui avaient expliqué qu’il fallait enfouir ses affaires dans le sable si on ne voulait pas se les faire voler. Elle en avait sorti une serviette et un pot de crème solaire bon marché qu’elle avait étalée sur sa peau blanche.

    Puis, savourant la brûlure du sable sous ses pieds, elle avait marché jusqu’à l’océan dont les eaux fraîches avaient enveloppé ses chevilles et ses mollets. Elle se souvenait de cette eau se refermant autour de sa taille comme une caresse. Elle avait joué des coudes dans la foule des baigneurs et avait ri avec eux en sentant les rouleaux claquer contre ses seins et ses épaules.

    Ça sentait le sel et le poisson.

    –À mon réveil, après six mois de coma, j’ai commencé à être envahie par des visions de meurtres. Des gamines disparues et des tueurs. Un psy de Santa Monica m’a expliqué que ça arrivait parfois. Le syndrome médiumnique réactionnel. Pas de bol.

    –Vous voulez dire que vous revivez les scènes de meurtre

    sur lesquelles vous enquêtez ?

    – Je veux dire que j’ai commencé à développer cette capacité à prendre la place des victimes des cross-killers dans les secondes précédant leur mort. C’est toujours ce qui m’arrive sur une

    scène de crime. Je ferme les yeux, je perds le contact et je me réveille dans le corps de la victime.

    – Jamais dans celui du tueur ?

    – Non. Je vous l’ai dit. Les tueurs, je les sens.

    –Vous les sentez ?

    – En les effleurant, je les sens. Rien qu’en respirant le sillage d’une personne dans une foule, je peux vous dire si cette personne est un assassin. Je peux vous dire si elle a déjà tué ou si elle s’apprête à le faire.

    – Comment ?

    – Je ne sais pas. Ce n’est pas important. Je peux le faire, c’est tout.

    – Et sur les scènes de crime ?

    –C’est différent. Je sens leur plaisir. Je prends mon pied avec eux quand ils tuent, et, en même temps, je suis dans la peau de la victime qu’ils assassinent. La terreur pure, la douleur absolue, et la jouissance. Vous devriez essayer, doc, ça vaut toutes les montagnes russes du monde...

     




  • Commentaires

    1
    Lundi 24 Octobre 2011 à 10:34
    Angie
    Bonjour,

    J'ai bien aimé ce livre qui, il faut bien le dire, est difficile à lacher une fois qu'on est plongé dedans.
    Cependant, j'ai tout de même préféré l'évangile selon Satan, le premier thriller où l'on fait la connaissance de Marie Parks.
    L'as-tu lu ?
    Bonn journée et surtout bonnes lectures
    2
    Lundi 24 Octobre 2011 à 16:51
    Voyelle

    non, je ne l'ai pas lu mais j'y penserai ! merci !

    3
    Lundi 24 Octobre 2011 à 17:00
    Angie
    Avec plaisir ! Tu verras il est vraiment bien !
    4
    Lundi 24 Octobre 2011 à 22:14
    Voyelle

    merci !

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