• "L'homme inquiet" Henning Mankell

    Deuxième rendez-vous avec l'excellent Henning Mankell ! Après avoir lu "Les chaussures italiennes", j'ai remis le couvert cette fois avec un polar, le dernier de la série "Wallender".

     Kurt Wallander, policier de 55 ans, prend le pas sur l'intrigue dans son émouvante confrontation face aux souvenirs douloureux qui le hantent comme de vieux démons.Bientôt à la retraite, Wallender réalise son rêve...une maison avec un chien. La naissance de sa petite fille Klara devrait s'ajouter à une paisible retraite dans la campagne suédoise mais l'angoisse, la solitude et la nostalgie prend le dessus. La sombre histoire d'espionnage dont il est question est bien loin d'être aussi captivante que l'histoire des personnages BERGMANien de MANKELL Un régal !

    EN PREFACE

    " Un être humain laisse toujours des traces. Nul ne peut davantage vivre sans son ombre..."

    " On oublie ce dont on veut se souvenir et on se souvient de ce qu'on préfèrerait oublier..."

     Textes peints à la bombe sur les façades à New York

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    Editions du Seuil - policiers - 2010

    Traduit du Suédois par Anne Gibson

    4ème de couverture

    Grand-père d’une petite Klara, Wallander a réalisé ses rêves : vivre à la campagne avec son chien.

    Après avoir évoqué avec le commissaire la guerre froide et une affaire de sous-marins russes dans les eaux territoriales suédoises, le beau-père de sa fille Linda, ancien officier de marine, disparaît, puis c’est le tour de la belle-mère. Soupçons d’espionnage. Au profit de la Russie ? Des États-Unis ? Parallèlement à la police de Stockholm et aux services secrets, Wallander mène sa dernière enquête. C’est alors qu’il amorce sa propre plongée en profondeur : les années écoulées et les femmes de sa vie défilent. Et la petite Klara devient son ultime balise.

    Au-delà de l’intrigue, la force et la beauté du roman résident dans le portrait riche et bouleversant de celui qui se dévoile ici sous la plume de son créateur, Henning Mankell.

    Né en 1948, Henning Mankell partage sa vie entre la Suède et le Mozambique. Célèbre pour ses policiers, il est aussi l'auteur de pièces de théâtre, d’ouvrages pour la jeunesse et de romans. Dernier titre paru : Les Chaussures italiennes (Seuil, 2009).

    EXTRAIT

    L'année de ses cinquante-cinq ans, Kurt Wallander réalisa à sa propre surprise un rêve qu'il portait en lui depuis une éternité. Plus exactement depuis son divorce d'avec Mona, qui remontait à près de quinze ans maintenant. Ce rêve était de quitter l'appartement de Mariagatan, où les souvenirs douloureux étaient incrustés dans les murs, et de partir s'installer à la campagne. Chaque fois qu'il rentrait chez lui après une journée de travail plus ou moins désespérante, il se rappelait qu'il avait autrefois vécu là en famille. Il lui semblait que les meubles eux-mêmes le regardaient avec un air désolé et accusateur. 

    Il ne se faisait pas à l'idée qu'il continuerait à vivre là jusqu'au jour où il serait tellement vieux qu'il ne pourrait plus se débrouiller seul. Il n'avait même pas atteint la soixantaine, mais le souvenir de la vieillesse solitaire de son père le hantait. S'il avait une certitude, c'était qu'il ne voulait pas reproduire le modèle. Il lui suffisait d'apercevoir son reflet dans la glace en se rasant le matin pour constater qu'il ressemblait de plus en plus au vieux alors que, dans sa jeunesse, il avait eu plutôt les traits de sa mère. L'âge venant, son père paraissait peu à peu prendre possession de lui, tel un coureur qui serait resté longtemps embusqué dans le peloton de queue et qui, à l'approche de la ligne d'arrivée, passait à l'attaque. 

    L'image du monde qu'avait Wallander était assez simple.

    Il ne voulait pas être un solitaire aigri, ne voulait ni vieillir seul en recevant la visite de sa fille et de temps à autre, peut-être, celle d'un ancien collègue qui se serait soudain souvenu qu'il était encore en vie. Il n'entretenait aucun espoir édifiant comme quoi Autre Chose l'attendait après la traversée du fleuve noir. Il n'y avait rien là-bas que la nuit d'où il avait émergé à sa naissance. Jusqu'à ses cinquante ans, il avait entretenu une peur confuse de la mort, et du fait de devoir rester mort si longtemps, pour reprendre la formule qui résumait le mieux, pour lui, son sentiment. Il avait vu trop de cadavres au cours de sa vie et rien sur leurs visages muets ne suggérait qu'un Ciel eût recueilli leur âme...
     
    En parallèle à ma lecture, j'ai eu le plaisir de découvrir les enquêtes de Wallender adaptées à l'écran...le meilleur de la saison 2, le dernier épisode " La cinquième femme". Kenneth Branagh qui joue le rôle de Wallender est impressionnant de vérité dans l'interprétation du personnage de Mankell. 
     
    Et puis, il y a la belle voix du générique d'Emily Barker (chanteuse australienne)...une envoutante découverte !  
    Emily Barker et The Red Clay Halo " Nostalgia" 


  • Commentaires

    1
    Mardi 22 Février 2011 à 12:32
    Armide+Pistol

    Je m'identifie à ces réflexions.



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