• Publié en France(2011) en exclusivité mondial, "Marie Blanche" est le témoignage intime et combien douloureux d'un passé  familial qui reste inoubliable.

    "On a coutume de dire que notre vie entière défile devant nos yeux au moment de mourir, comme un film en accéléré. Bien sûr, cela n'est pas vrai, c'est une absurdité. A quoi bon reproduire à l'extrême fin ce que nous savons déjà, ce qui a été vécu ? De toute façon, le vrai récit de nos existences ne commence pas à la naissance, non, il faut remonter bien plus loin, prendre à contre-courant le fleuve ombilical, jusqu'à la source maternelle qui, liant les générations, nous nourrit et, avec les blessures, nous inocule le poison familial. Passagère libérée de mes attaches terrestres, je traverse l'espace et entreprends aujourd'hui ce voyage."

    Jim Fergus nous livre la bouleversante histoire de sa mère Marie Blanche, fille d'une suprême despote totalitaire. A la sortie du livre, François Busnel assurait que l'ultime chapitre nous arracherait des larmes... Et bien j'ai rarement lu un livre aussi poignant. Bien que le talent de l'auteur soit connu avec l'écriture de son premier roman "Mille femmes", que j'ai lu d'ailleurs, avec "Marie Blanche" il nous le confirme une fois pour toutes. Jim Fergus a t'il pardonné à sa grand-mère ?! "Le pardon. Le premier pas est le plus difficile"(Phil Bosmans)...celui de Jim Fergus se mesure sur 605 pages...5 ans ! Chapeau bas, monsieur Fergus !

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    Editions Cherche Midi - 2011

    4ème de couverture

    1995, région des Grands Lacs. Jim Fergus rend visite à sa grand-mère, Renée, 96 ans. Fille d'aristocrates français désargentés, mariée trois fois, celle-ci a connu un destin hors du commun, qui l'a menée de son petit village natal de la région de Senlis jusqu'aux États-Unis, en passant par les sables de l'Égypte. D'un caractère entier, froide et tyrannique, elle a brisé la vie de sa famille, en particulier celle de sa propre fille, Marie-Blanche, la mère de Jim. Pour essayer de la comprendre, et peut-être de lui pardonner, l’écrivain va tenter de retracer son parcours. En parallèle, il nous fait entrer dans l'intimité de sa mère, à travers son journal  : internée en 1966 dans un asile de Lausanne, Marie-Blanche se souvient de sa vie, commencée comme un conte de fées mais qui prit peu à peu des allures de tragédie.

    Jim Fergus s'inspire ici de son histoire personnelle pour nous offrir une saga familiale bouleversante. À la façon de Dalva, de Jim Harrison, il inscrit l'intime dans l'Histoire et nous présente d'inoubliables portraits de femmes dans la tourmente. On retrouve surtout dans cette fresque qui s'étend sur un siècle et trois continents toute la puissance romanesque de l'auteur de Mille femmes blanches associée à une force d'émotion rare.


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  • Un heureux présage que la découverte ( en juillet) de ce nouveau tome de Terry Goodking , moi qui partait en terre de légende... L'épopée fantastique de Richard et de Kahlan devait se terminer par cet ultime album L'ombre d'une inquisitrice Que nenni, Terry Goodkind donne suite à l'aventure qu'est "l'épée de vérité" et pour mon plus grand plaisir. L'action, l'intrigue, l'ambiance font écho aux tomes précédents. Quant aux personnages, ils sont devenus plus qu'attachants...faut dire qu'au bout d'un 12ème tome, ils sont devenus de fidèles compagnons...de lecture....et réciproquement certainement. La quête du bien contre le mal est perpétuelle, on le sait...Terry Goodking a l'art de captiver le lecteur encore faut-il aimer le fantastique mais le talent est bien là. J'attends la suite qui est prévue pour 2013.

    Goodkind Machine Presages

    Editions Bragelonne - 2012

    4ème de couverture

    Alors que le Palais du Peuple célèbre les noces de Cara et Benjamin, Richard et Kahlan se réjouissent du retour de la paix, après de longues années de guerre contre Jagang et ses hordes. Mais le destin n’en a pas fini avec eux, et il ne tarde pas à le leur faire savoir. D’étranges rencontres, des événements troublants, puis des drames de plus en plus terribles arrachent les deux époux à leur quiétude. Cette fois, la menace ne vient plus de l’extérieur, mais de l’intérieur même du palais, où une mystérieuse machine, découverte par hasard, produit en série des présages sinistres. Les armes à peine déposées, voilà qu’il faut les reprendre et oublier tous les rêves d’harmonie et de paix.


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  • Voilà donc un rendez-vous à ne pas manquer...un Desperate Housewives litteraire, ça vous tente ?! Addict de la série télévisé, ce roman m'y a fait pensé bien que le scénario à mon avis soit plus croustillant. Ceci dit, j'ai passé un agréable moment sous ma couette puisque je ne l'ai pas lâché d'une page.

    « Le jour où nous avons emménagé dans ce village, j'étais malade. Littéralement malade de peur. Je transportais des cartons de déménagement, je faisais du café pour les amis venus gentiment nous aider et, entre-temps, je vomissais en éclaboussant nos toilettes flambant neuves, puis, parcourue de frissons, je grignotais une biscotte dans l'espoir que mon estomac finirait par se calmer, que le sentiment de panique qui m'envahissait allait cesser.
    La décision de quitter Amsterdam, cette ville que nous adorions, pour privilégier la nature, le calme, les places de sationnement et la sécurité était mille fois plus angoissante que tous les choix que j'avais faits jusque là.» 

    Après lecture, voilà quelques conseils à retenir voire à apprendre par coeur : Ne jamais au grand jamais, chercher à ressembler à ses voisines pour faire partie du club car un jour ou l'autre le naturel revient au grand galop et le retour de la médaille peut faire mal.

    Ne pas cherchez à être quelqu'un autre que vous même et n'enviez pas la vie superficielle de potientielles amies qui veulent du bien à votre mari. Vous êtes en danger...de mort ! Fuyez !!!

    Ne pas suivre mes conseils vous en coûtera certainement à lire ce livre...tant pis, je vous aurai prévenu ! lol !

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    Quatrième de couverture:

    Dans un petit village de la banlieue d’Amsterdam, un groupe d’amis partage la même aisance financière, le goût de la bonne chère et du bon vin.
    Les maris ont tous, semble-t-il, bien réussi, leurs épouses, qu’elles travaillent ou non, passent de longues heures à refaire le monde autour d’un verre. Ils ont même fondé un « club des dîneurs » et s’invitent sans cesse chez les uns et les autres. Mais un incendie vient briser ce bel équilibre : Evert aurait mis le feu à sa maison après avoir drogué sa femme et ses enfants. Quelques jours plus tard, sa voisine Hanneke, qui se révèle être aussi sa maîtresse, se jette par la fenêtre d’un hôtel.
    Karen, la meilleure amie d’Hanneke, commence à se poser des questions sur ces morts. Soudain tous ses voisins lui semblent suspects, y compris le séduisant Simon avec qui elle a une liaison... Elle découvre peu à peu les mensonges, les rivalités et les adultères. Aidée d’une inspectrice tenace, elle met peu à peu au jour tous leurs vilains petits secrets jusqu’à faire surgir l’horrible vérité.

    Merci à Lily pour le prêt !


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  • Le livre de Dina est un tryptique dont je n'ai abordé pour l'instant que le premier tome... mais quel régal !!! J'ai découvert  Herbjorg Wassmo en dévorant, je dis bien en dévorant car ce fut le cas, "Cent ans" et "Un verre de lait s'il vous plaît". Je dirai de l'écriture d'Herbjorg qu'elle est intense et d'une juste vérité. La vérité fait mal parfois et les personnages aux âmes torturées possèdent de fortes personnalités...j'adore !!! J'aime les auteurs qui à travers leur écriture, bousculent, surprennent, étonnent, bouleversent, poussent l'intrigue à un rythme qui parfois te met le coeur à l'envers,  te tiennent éveillé jusqu'à très tard dans la nuit au point que tu refuses que tes paupières se ferment tellement c'est bon.

    Et le Livre de Dina dans tout ça ?!  Je t'en parlerai certainement plus quand j'aurai fini le tome 2 et 3, mais lisez la 4ème de couverture et laissez-vous emporter par le flot des mots d'Herbjorg Wassmo. Intense et fascinante lecture dans un décor à la beauté glacial !!!  Le pied total...et sous la couette le lieu est plutôt bien choisit, non ?!

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    Traduit du norvégien
    par Luce HinschMartine Laval

    4ème de couverture

    Au moment même où le traîneau partait dans le vide, la peau de mouton glissa, laissant à nu le visage de l’homme. Il ouvrit alors l’œil qui n’était pas crevé et le fixa sur la femme. Muet. Un regard incrédule et désespéré.
    Je suis Dina, entraînée à la suite de l’homme dans le tourbillon du torrent écumant. Puis il passe de l’autre côté. Je n’arrive pas à saisir le dernier instant, ce qui m’aurait fait découvrir ce que tout le monde redoute. Le moment où le temps s’arrête.
    Qui suis-je? Quand, et à quel endroit? Suis-je à jamais damnée?

    Le livre de Dina est avant tout l’histoire d’une enfant moralement abandonnée et mal aimée, qui dans sa recherche désespérée de quelqu’un à qui s’accrocher, frise la folie, dans laquelle elle finira peut-être du reste par chavirer. Poursuivie par l’image atroce de sa mère ébouillantée, elle s’installe dans des fantasmes et des hallucinations qui feront partie dès lors de son quotidien.

    Dina est sans vergogne et ne se refuse rien. Mais au-delà du drame lui-même, c’est aussi un tableau naturaliste de la vie et des mœurs de la région du Nordland au siècle dernier. Une description par petites touches réalistes, lyriques, parfois cocasses et rapportées dans la verve truculente de la Norvège du nord. L’art de Herbjørg Wassmo est à trois dimensions. Elle brosse une immense fresque sur plusieurs plans. Le personnage échevelé de Dina, inséparable de son cheval noir Lucifer, est au premier plan et se détache sur le fond de paysages grandioses et fascinants, au cœur des nuits polaires. Au second plan surgissent une architecture traditionnelle en bois, haute en couleurs, des voiliers et des barques sentant fort le goudron et le sel marin, animés par une myriade de personnages qui vaquent avec précision aux soins de leurs métiers, chacun ayant un rôle défini dans le drame de Dina.


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    « Je suis heureux avec rien, avec rien de ce qui s'achète mais aussi avec rien de ce qui se voit... »

     Si vous cherchez de l'authentique, lisez ce livre !!! Au travers de la plume de Catherine Ecole-Boivin, Paul se confie avec sincérité sur sa vie simple, sa seule richesse. Un témoignage qu'il a noté au fil des ans dans des petits carnets. C'est un sacré personnage Paul !  Il est émouvant, drôle et n'a pas peur du ridicule... d'ailleurs il ne l'est jamais. Célibataire, il  vit seul avec ses deux soeurs qui comme lui ne se sont jamais mariés. C'est ainsi, même si il nous avoue son regret de ne pas avoir rangé sa timidité dans un placard pour demander la main à la belle qu'il a aimé dans sa jeunesse. L'a trop tardé à se décider le Paul et la belle s'est marié à un autre. De beaux passages vous attendent dans ce récit notamment ceux où il parle du silence et de son attachement au fil des ans à une certaine liberté d'esprit et de coeur. Paul n'est pas un rêveur, il reste lucide, la vie qu'il s'est choisi le rend tout bonnement heureux et c'est tant mieux. Il existe un film documentaire "Paul dans sa vie" que j'ai trop hâte de le voir. (extrait de vidéo plus bas)

     "Paul Bedel pensait que sa vie n'avait servi à rien, puisqu'il n'a pas de descendance. Depuis quatre ans il est invité à des conférences et a accueilli plus de 7 000 visiteurs chez lui. À 79 ans ce sage nous offre son testament avec humour et clairvoyance.( 4ème de couverture)"

     

    Préface de Claudie Gallay...Je me souviens la première fois que j'ai vu le phare en arrivant par Auderville, la descente sur le petit port de Goury. Ce jour-là, les arbres étaient  balayés par le vent, ça sentait le sel, avant de voir la mer je savais qu'elle était là.Et ce fut un choc.Ce besoin ensuite de revenir.Et de connaître l'histoire de cette terre. D'approcher les hommes qui la peuplent.C'est une voix de cette terre que Catherine Ecole-Boivin nous offre d'entendre dans ce livre. Celle de Paul Bedel, agriculteur né à Auderville, village où il a grandi, vécu. Il est une des mémoires de la Hague.Pour écrire ce livre, elle est allée recueillir ses paroles, répondant ainsi à la nécessité pour chacun de nous de ne pas perdre la trace de nos origines. Elle lui a rendu visite souvent. A capté ses mots, ses souvenirs.J'ai voulu voir la pièce où avaient lieu leurs échanges. J'ai téléphoné à Paul et il a accepté de m'ouvrir sa porte. Je me suis retrouvée assise à la table dans la cuisine, à côté de la grande pendule, et il m'a raconté sa rencontre avec Catherine. Il m'a montré une chaise : Elle se mettait là, elle m'écoutait, elle avait un truc avec lequel elle enregistrait... Avec le temps, la confiance entre eux a grandi, il lui a prêté ses carnets.Le livre s'est écrit, un livre confidence dans lequel chaque page nous dévoile les gestes minutieux d'un homme qui a travaillé la terre et s'en est nourri. Une vie de labours dans le respect du sol, car Paul Bedel a nourri ses vaches, il a fait pousser ses légumes sans jamais utiliser d'engrais chimiques. Seules les algues qu'il allait ramasser sur la grève. Il reconnaît en souriant que le rendement n'est pas le même...Ce livre a le bon goût du beurre d'antan, des oeufs frais, des asperges, il sent la mer, le vent, les larmes aussi, celles que Paul Bedel a versées quand l'âge arrivant, il a dû se séparer de ses vaches.Paul Bedel parle vrai, sans détour. Il s'interroge sur le monde, pose des questions essentielles, à quoi bon produire plus, posséder plus ? Avons-nous tant besoin ?  Dans ce livre, il nous parle du sol vivant, de la manière de l'aérer.  L'homme n'est pas donneur de leçons, il apporte juste son témoignage.Il rit, raconte sans nostalgie le temps d'autrefois, l'enfance, la guerre, l'amour perdu. A la fois d'un autre temps et pourtant très contemporain, il avoue ne pas avoir besoin de ce qui s'achète, seulement de silence.Paul Bedel a pratiqué la plus simple des agricultures. Lui qui s'est souvent fait traiter d'arriéré ne reste pas un jour sans recevoir de visites, des gens qui viennent de loin, font le détour par Auderville. Des élèves aussi, venus de lycées agricoles, qui se déplacent jusqu'à lui.Tout au long de ces pages, Catherine Ecole-Boivin a su capter l'humour formidable de l'homme qui reconnaît être sans doute resté trop en arrière et gronde doucement que nous sommes peut-être allés trop loin.Il se confie sans retenue, simplement, et d'un geste des mains nouées devant lui, il montre son coeur.Le coeur, il dit que tout vient de là.Cette façon de se taire aussi quand il s'agit de la Cogéma.Les gens de la Hague s'adaptent tant bien que mal à la marche du monde. Paul Bedel fait de même.Après avoir été agriculteur, l'homme devient passeur, transmetteur d'une mémoire vivante, celle d'un monde qui prend fin.Son témoignage, au travers de la plume de Catherine Ecole-Boivin, nous interroge sur ce que nous étions et sur le sens que nous voulons donner à notre avenir.De quoi tirer un sage enseignement et s'attacher un peu plus à cette terre de liberté si douce à mon coeur.  Claudie Gallay

     

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    4ème de couverture

    Et si Paul Bedel, paysan de la pointe de La Hague resté par choix à la traîne du progrès, vous racontait sa vie d'agriculteur mais aussi ses secrets ? S'il vous révélait ses « houoles », ses coins pour pêcher le homard ? S'il vous présentait ses vaches, Cabochue, « une vraie teigne », Échalotte, qui « sentait l'oignon » ou Copine, « toujours sympa avec tout le monde » ? S'il vous parlait « des choses qui n'arrivent qu'aux vivants », de ses coups de gueule, de ses coups de vie ?
    Avec le succès du livre Paul dans les pas du père et du film Paul dans sa vie, Paul Bedel est devenu le passeur d'un monde en voie de disparition. Chaque année, des centaines de personnes lui rendent visite pour l'entendre témoigner de ce choix de vie, celui d'une existence toute simple. Avec ce Testament, Paul Bedel vous invite vous aussi à boire une tasse de café accompagnée de petits-beurre, sur une table en bois patinée par les ans, et à l'écouter, lui et ses soeurs. En refermant ce livre, vous aurez le sentiment d'avoir rencontré un homme bon, serein et clairvoyant. L'impression de la terre, son silence et sa liberté.
    Catherine École-Boivin est historienne, mémorialiste et diplômée en science de l'éducation. Elle est l'auteur d'une douzaine d'ouvrages consacrés aux paysages humains de la campagne, dont Testament d'un paysan en voie de disparition, avec Paul Bedel, et Mimi Guillam, cahier de vie d'une institutrice (Presses de la Renaissance, 2009 et 2010).Lire un extrait

     

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    Film documentaire de 2006 réalisé par Rémi Mauger avec Paul Bedel, Marie Jeanne Bedel et Françoise Bedel. Illustration plaquette et affiche de Cécile et Bastien ( Graphistes)

     


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  • Pour ses 56 ans, Eva reçoit en cadeau de la part de sa petite fille, Anna Clara, un journal intime décoré  d'un chat assis sous un rosier. Une délicate et franche intention qui doit bien avoir un sens pense Eva. Elle sait déjà ce qui remplira  les pages blanches mais le plus difficile sera de ne pas se laisser submerger par des souvenirs douloureux.

     

    « Un coup sourd à la fenêtre m'a fait lever les yeux. Un oiseau a dû percuter la vitre. La nature aura commis une erreur de navigation. Il gît sur la terrasse ; j'espère qu'il survivra. De toute façon, je ne peux pas sortir l'aider en pleine tempête. Et je sais que la nature n'est jamais mieux servie que par elle-même. Elle sait panser ses propres plaies, tant qu'il ne s'agit pas d'une cause perdue.

       Elle peut se montrer cruelle, certes, mais ses fourberies ne sont jamais conscientes. personne ne décide des mouvements du vent, aucune main ne gouverne le soleil lorsqu'il se cache derrière les nuages. En ce qui concerne les êtres humains, c'est autre chose. Pour ma part, je n'avais que sept ans lorsque l'odeur fétide de la perfidie est devenue si insupportable que j'en suis venue à projeter le meurtre de ma mère. Les évènements précédant cette décision sont un mélange de souvenirs et de récits, dot le compte rendu dans ces pages ne sera que partiel. en tout cas, d'après ce qu'on m'a dit ma naissance ne fut pas sans complications. On eut beaucoup de mal à me faire lâcher prise. »( p.28)

     

    C'est la nuit , pendant que Sven dort qu'Eva se consacre à l'écriture. Le matin, elle le réserve à ses rosiers pour lesquels elle apporte le plus grand soin, la plus grande attention sans jamais redouter leurs épines. La roseraie est son temple de méditation.

     

    Le titre peut sembler innaproprié voire contradictoire après lecture de la quatrième de couverture mais il est une subtile mise en bouche. Dans les oreilles de Buster, l'intrigue et le mystère gagnent en profondeur au fil des pages. Quant à la très jolie illustration de couverture de Yenty Jap, elle nous met en garde, d'une certaine manière contre les épines des roses qui laissent parfois de profondes entailles.

     

    L'écriture talentueuse de Maria Ernestam est d'une rare puissance, le ton est juste et limpide comme de l'eau de roche.  

     

    « Quel est le goût de l'effroi ? L'odeur de la peur ? La sensation d'une chute sans fin ? Qu'advient-il des larmes qui ne quittent pas le corps ? Nappent-elles de givre ses parois internes, de manières à ce que les organes gèlent et finissent par s'arrêter, sombrant lentement dans l'ultime repos ? Où finissent les mots qui traversent l'esprit sans être prononcés ? Existe-t-il un dépôt où s'entassent les souhaits inexprimés ? Peut-on respirer une fois de trop ? »

     

    « Je suis poursuivie par l'image d'un flacon d'huile et de vinaigre, deux liquides qui se superposent, séparés par leurs densités respectives. Il faut que quelqu'un secoue le flacon pour que les liquides se mélangent et qu'ils prennent une couleur qu'aucun d'eux ne possédait au départ. Eh bien, cela peut aussi arriver avec les bonnes et les mauvaises expériences. Au fond reposent les mauvaises, et si personne ne secoue la bouteille, elles y restent, constituant une sorte de fondation aux bonnes, qui demeurent au-dessus. Le pire et le meilleur coexistent ainsi paisiblement, sans déteindre l'un sur l'autre. »

     

    Pour ma part,je ne manquerai pas de lire son premier roman traduit en français " Toujours avec toi" paru en 2010.

     

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    Editions Gaïa - 2011

    traduit du suédois par Esther Sermage


    4ème de couverture

    Eva cultive ses rosiers. À cinquante-six ans, elle a une vie bien réglée qu’elle partage avec Sven. Quelques amies, des enfants, et une vieille dame acariâtre dont elle s’occupe. Le soir, lorsque Sven est couché, Eva se sert un verre de vin et écrit son journal intime. La nuit est propice aux souvenirs, aussi douloureux soient-ils. Peut-être aussi la cruauté est-elle plus douce lorsqu’on l’évoque dans l’atmosphère feutrée d’une maison endormie. Eva fut une petite fille traumatisée par sa mère, personnage fantasque et tyrannique, qui ne l’a jamais aimée.

    Très tôt, Eva s’était promis de se venger. Et elle l’a fait, avoue-t-elle d’emblée à son journal intime.

    Un délicieux mélange de candeur et de perversion. Prix des lecteurs de l'Armitière 2012 - Prix Page des libraires 2011, Catégorie "littérature européenne"

     Maria Ernestam a grandi à Uppsala en Suède. Journaliste de formation, elle a également étudié la littérature anglo-saxonne et les mathématiques. Elle a aussi obtenu un Master en Sciences Politiques aux Etats-Unis et a vécu 11 ans en Allemagne où elle travaillait en tant que correspondante étrangère pour les journaux "Veckans affärer” et “Dagens medicin”.
    Elle a débuté sa carrière littéraire en 2005 avec son roman “Caipirinha with Death” et a publié depuis de nombreux romans. Elle vit aujourd'hui à Stockholm avec sa famille.
    Les romans de Maria Ernestam mêlent le psychologique au suspens. Ils traitent des relations humaines avec un sérieux mêlé à de l'humour noir. Maria Ernestam a donc un style bien particulier, fortement reconnu en Suède. ( Source Babelio)

     

    Interview - Le courrier des auteurs

     

    1) Qui êtes-vous ? !
    Ma mère dit que je suis une Maria typique. Allez savoir ce que cela peut bien vouloir dire... Née et élevée à Uppsala en Suède, j'ai toujours été attirée par la lecture et l'écriture. Des études de langues et de mathématiques m'ont menée vers le journalisme et j'ai longtemps travaillé comme correspondante aux États-Unis et en Allemagne. De retour en Suède, j'ai cultivé ma passion pour le chant et la danse et c'est peut-être ce qui a fait naître le foisonnement d'idées qui m'a poussé à écrire des romans. Mon premier livre est sorti en 2005 et j'en ai maintenant cinq à mon actif. Deux d'entre eux ont été publiés en France : Toujours avec toi et Les Oreilles de Buster, qui vient de paraître. Sur mon site Web (www.mariaernestam.com) j'ai essayé d'en dire plus sur moi et mes livres et je serais ravie que vous passiez y faire un tour. Et puis, oui, je suis un mélange de personnalités opposées : je suis sociable et de bonne compagnie mais j'adore rester seule à lire, à écrire et à boire du thé.

    2) Quel est le thème central de ce livre ?
    Le thème central des «Oreilles de Buster» est une relation mère-fille où une mère charismatique, belle, brillante dans ce qu'elle entreprend mais égoïste et totalement dépourvue d'empathie demeure aveugle aux besoins de sa fille. J'ai voulu explorer ce type de relation où quelqu'un s'efforce d'être aimé sans jamais y parvenir parce que la personne en face est incapable d'aimer quiconque, à part elle-même. Et j'ai voulu dépeindre un personnage - la fille - qui prend conscience de cela et qui, au lieu de se laisser submerger par le chagrin, agit et se révolte.

    3) Si vous deviez mettre en avant une phrase de ce livre, laquelle choisiriez-vous ?
    Il y a une citation de Shakespeare dans le livre qui dit ceci : «Il est une divinité qui donne la forme à nos destinées, de quelque façon que nous les ébauchions (1)». Pour moi, cela veut dire que nous avons beau nous efforcer de planifier nos vies, il arrivera toujours une chose que nous n'aurions jamais pu prévoir et nous serons toujours victimes des surprises, heureuses ou tristes, que la vie nous réserve. Une fois que l'on a compris qu'il ne faut jamais s'attendre à ce que les choses restent immuables, je pense que les chances de vivre dans une certaine harmonie augmentent énormément.

    4) Si ce livre était une musique, quelle serait-elle ?
    Sofi, ma fille de seize ans, a tout de suite dit : «Édith Piaf, Je ne regrette rien, bien sûr, mais aussi toutes ses chansons». C'est une grande fan de Piaf, comme je le suis moi-même. Et plus j'y pense, plus je trouve ce choix judicieux. Tout comme Piaf, Eva, la protagoniste de mon roman, peut paraître fragile. Elle non plus n'a pas une vie facile. Mais elle brûle de cette force qui lui fait surmonter les obstacles même lorsque c'est douloureux. La musique d'Édith Piaf porte en elle beaucoup de cette énergie farouche. Lorsque j'écrivais le livre, j'écoutais aussi souvent une auteure-compositrice suédoise nommée Rebecka Törnqvist. Sa musique est empreinte des mêmes qualités.

    5) Qu'aimeriez-vous partager avec vos lecteurs en priorité ?
    L'un des thèmes principaux des Oreilles de Buster réside dans le fait que, en matière de mauvaises actions, ce ne sont pas toujours les plus «grosses» et les plus «flagrantes», comme la violence physique et la maltraitance, qui blessent la majorité des gens. Ce sont certes des choses terribles contre lesquelles il faut agir mais ce que j'appelle la «méchanceté quotidienne» est tout aussi néfaste : les commentaires sournois, les remarques insidieuses, le désir de rabaisser quelqu'un, par des moyens détournés, à la maison mais aussi à l'école, au travail ou ailleurs. J'aimerais que chaque lecteur se remémore ces moments où cette méchanceté l'a affecté, qu'il décide de l'affronter et s'écrie «Plus jamais ça !». J'aimerais qu'à travers la protagoniste du livre, il comprenne qu'il est parfois nécessaire de réagir - même si, en l'occurrence, la réaction d'Éva est plutôt radicale -, afin de survivre et d'être heureux. ( Source Le choix des libraires )

    (1) Ndt : Hamlet, acte V, scène 2 (traduction François-Victor Hugo).

     

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