• Après avoir vu le film " Séraphine "de Martin Provost...



    Encore un super cadeau pour mon anniversaire ! 
    "Séraphine de la peinture à la folie", c'est Agathe, ma lutine qui me l'a offert. Merci, je l'ai dévoré en 3 jours... pendant mon escapade dans le Vexin ! Magnifique "Essai" qui nous en apprend plus sur la vie de Séraphine Louise. Une femme qui possède un talent rare et insoupçonné. Une vie parallèle à celle de Camille Claudel. Elles sont nées la même année et connaissent la même fin tragique, à quelques mois d'intervalle.

    4ème de couverture

    Qui se souvient de Séraphine Louis, dite Séraphine de Senlis, née en 1864 et morte de faim, sous l’Occupation, à l’asile psychiatrique de Clermont-de-l’Oise, en 1942 ?

    Qui se souvient de cette vie cachée, de ce destin prodigieux qui fit d’une humble femme de ménage, un des plus grands peintres hallucinés du XXe siècle, cloîtrée dans sa misérable cellule, luttant contre la faim et la tyrannie de ses délires ?




    Alain Vircondelet livre ici un récit fort et bouleversant. L’épopée intime d’une autre Camille Claudel emportée dans la tourmente de l’Histoire et de la folie.

     

    L'auteur

    Alain Vircondelet, auteur de nombreuses biographies consacrées entre autres à Marguerite Duras, Balthus, Charles de Foucauld, Rimbaud et Saint-Exupéry a soutenu sa thèse en histoire de l’art sur Séraphine de Senlis et publié un premier essai biographique chez Albin Michel en 1986, sortant ainsi de l’ombre l’un des plus grands peintres naïfs admiré des surréalistes.

    Extrait :
    Udhe le confirme : Elle n'utilise aucune des matières et des multiples couleurs que je lui envoie, et y mêle de la laque. Le mystère de cette composition reste un secret qu'elle ne confie à personne. Comme elle n'aime pas à être surprise à peindre, l'accès de son logement est rendu difficile par un système compliqué de chaînes de sûreté et dès le bas de l'escalier, on trouve une pancarte ainsi libellée : " Mademoiselle Séraphine ne reçoit pas."
    La technique de Séraphine est cependant extrêmement savante. Elle n'a rien appris, n'a subi aucune initiation particulière, et elle sait. Ainsi, à la différence des naïfs, dont la lumière, toujours égale, uniformise le tableau, elle joue avec des effets dégradés de lumière, plaçant ses bouquets dans des climats et des saisons multiples, ménageant des zones inconnues, prêtes à accueillir d'autres éclats, privilégiant des parties obscures pour rendre plus inquiétant le tableau, jugé à ce moment précis du travail trop accueillant, éclairant par intermittences les feuillages. De sorte que ses grandes compositions rassemblent des temps différents où se mêlent bien sûr la luminosité des différentes saisons mais aussi surtout les états d'âme.
    "L'étrange inquiétude" freudienne est là, tapie dans un coin du tableau, tandis que certains autres buissons de fleurs sont glorifiés dans leur splendeur, dans la grâce ultime qui précède leur ruine. En ce sens, et sans le savoir, elle rejoint les derniers romantiques de Baudelaire à Rimbaud, par la violence de leur idéal, par le jeu des correspondances qui font se répondre les parfums, les couleurs et les sons. La couleur est le souffle de la composition, elle insuffle la toile, elle la gonfle comme en ces endroits surlaqués, à la manière des maîtres émailleurs du Moyen Age qui travaillaient en Limousin, ou encore à la manière de Rouault, cernant chaque fleur, chaque feuille d'un trait puissant qui contient la couleur recouverte de glacis superposés lui donnant ainsi cette facture émaillée.
    Elle peint sans se répéter, sans faire cependant "du Séraphine". Elle a cette conviction que chaque toile l'entraîne dans une aventure spirituelle et religieuse nouvelle, qu'elle avance, comme dit l'Evangile, "en eau profonde", et qu'elle ne peut pas renoncer à ces profondeurs...
    " Ce ne sont pas seulement des fleurs", a-t-elle coutume de dire, "pas seulement des arbres, et des feuilles, mais bien autre chose. Quelque chose de la vie et de la mort", rajoute t-elle mystérieusement. Uhde le sait bien, non seulement intuitivement, mais à la fréquenter, comprend quelque chose du sacré, lui qui est agnostique. Van Gogh et Séraphine le ramènent à des interrogations spirituelles, qui ne sont guère lisibles dans l'oeuvre cubique d'alors de Picasso. les cyprès enflammés de Van Gogh, peints dans sa fameuse
    Route aux cyprès sous un ciel étoilé sont de même nature, l'incendie intérieur du peintre se réverbère sur la toile, les cyprès comme des torches s'accrochent à la voûte céleste constellée d'étoiles et la rejoignent. De même, les bouquets embrasés de Séraphine, en atteignant le haut de la toile, ont besoin de dire cette souffrance qui a envie d'atteindre la limite la plus aiguë de l'être...




    Le film :
    "Séraphine" magnifiquement interprétée par une Yolande Moreau  attachante et bouleversante ! On n'en sort pas indemne et c'est tant mieux !
    J'aime les films qui frappent fort, qui marquent, qui laissent des traces... sans chichi ni tralala. Les photos sont magnifiques. Un film intelligent et réalisé d'une manière sobre et efficace. Je peux dire qu'après avoir lu le livre d'Alain Vircondelet, c'est un bel ensemble. 
     

     http://www.seraphine-lefilm.com


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  • Comme je ne peux pas me passer de lecture, j'ai mis dans ma valise plusieurs livres pour être sûr de ne pas être en manque pendant mon escapade dans le Vexin. J'ai terminé...un super bouquin ! qui m'a été offert pour mon anniversaire par Sister Love. Un thriller-fantastique, "L"apocalypse de Marie"de Patrick Graham...très bien écrit.
    L'histoire vous embarque littérallement et l'on se demande même où l'auteur va chercher  toute cette imagination...DEBORDANTE !  Merci Sister Love ! Un vrai régal !



    Edition Anne Carrière - Octobre 2008

    L'AUTEUR
    Consultant international dans l’intelligence économique, l’auteur est passionné par l’histoire des religions. Patrick Graham a, par ailleurs, reçu le Prix Maison de la Presse 2007 pour son précédent thriller L’évangile selon Satan (150 000 exemplaires vendus en France et huit traductions en Europe).

    INTERVIEW :
    http://www.localetv.com/html/voirvideo.php?id=1077&video=playlist_epk_patrick_graham.wmx&voir=ok

    EXTRAIT :

    Note de l’auteur

    Dans les pages qui vont suivre, certains croiront reconnaître l’ouragan Katrina qui ravagea La Nouvelle-Orléans en 2005. Il n’en est rien.

    Ma tempête à moi ne s’appelle pas Katrina mais Holly.

    Elle n’a pas frappé La Nouvelle-Orléans il y a trois ans.Elle s’en approche. Il y a encore quelques jours, elle n’était qu’une simple dépression tropicale au large des Bahamas.

    Mais depuis quelques heures, elle enfle, elle creuse ses premières vagues dans la peau de l’océan, elle accélère. Des murs d’eau se déversent déjà sur les côtes. L’apocalypse commence.

     

    I

    DADDY

     

    – Marie ?

    – Je ne dors pas. Je rêve que je ne dors pas.

    L’agent spécial Marie Parks a les yeux fermés. Elle est étendue sur un large divan et respire les odeurs de bois et de cigare qui imprègnent la pièce. Dehors, derrière la baie vitrée recouverte d’un film occultant, des enfants jouent au ballon sur la terrasse de la villa. Plus bas, Marie entend résonner des klaxons quelques sirènes dévalant les avenues.

    Les rumeurs plus lointaines de Rio de Janeiro, le grand bourdonnement des hommes. La lente respiration de la ville.

    – Je peux fumer ?

    – Non, Marie. Vous ne pouvez pas fumer. Vous ne fumez pas dans votre lit quand vous vous endormez, n’est-ce pas ?

    – Si. Ça fait partie des dangers que je maîtrise. J’aime ça.

    Froissement de papier. Le docteur Cooper compulse ses notes. Sa voix est rocailleuse. Une voix de fumeur.

    – Si j’en crois votre dossier, vous passez votre vie à traquer des tueurs en série. Fumer en vous endormant est quelque chose qui relève de votre seule responsabilité. Cela doit vous changer.

    –Vous voulez dire comme me balader les yeux fermés au sommet d’une falaise ?

    Marie esquisse un sourire.

    – Lorsque j’étais petite, je marchais au bord des trottoirs en imaginant que je longeais un précipice. J’adorais faire ça.

    –Vous vous en souvenez ?

    Marie écoute les enfants qui jouent derrière la baie vitrée.

    Le ballon claque contre le verre. Le docteur Cooper sursaute légèrement. Une voix féminine retentit sur la terrasse, prononce quelques mots en portugais.

    Les enfants ramassent le ballon et s’éloignent.

    – Non, c’est une vision. Une vision qui revient souvent. Mais elle est tellement réelle que j’ai parfois l’impression que c’est un souvenir. Comme ces odeurs de crème à bronzer et de sable chaud qui flottent dans votre mémoire. Des odeurs de vacances, de soleil et de bonheur.

    –C’est l’amnésie résiduelle. Votre cerveau a oublié qu’il se souvient. Alors, il comble les vides avec des odeurs et des bruits.

    Il fait appel aux autres sens pour tenter de rétablir le contact

    avec la mémoire. Vous avez toujours les yeux fermés ?

    – Oui.

    – La fillette a quel âge dans votre vision ?

    – Huit ans. Peut-être dix. Tout ce que je sais, c’est que c’est le jour de son anniversaire.

    – Elle marche au bord du trottoir ?

    – Oui. Elle avance les bras levés en balancier. C’est l’hiver.

    L’air froid lui brûle les poumons. Elle porte des moufles et un gros bonnet de laine qui lui gratte la tête. Elle sent son haleine glisser sur ses lèvres, c’est tiède dans sa bouche et glacé quand ça effleure son nez.

    – Où est-elle ?

    – Boston, Massachusetts. Vous connaissez l’hiver à Boston, doc ?

    – Non.

    –C’est froid et silencieux.

    Marie entend le docteur Cooper remuer dans son fauteuil. Le coton léger de son costume râpe contre le cuir. Il griffonne quelques mots.

    – Ça sent quoi ?

    – Le goudron, les feuilles mortes et les vapeurs d’égouts.Cette brume tiède qui s’échappe des bouches en pierre. Une odeur de vomi et de sac plastique humide. Les narines de Marie s’arrondissent.

    – De kérosène aussi.

    – De kérosène ?

    – Oui. Un 747 vient de passer au-dessus des immeubles en brique d’East Somerville. Il est aligné sur l’aéroport international de Logan. Il est sur le point d’atterrir.

    – Qu’est-ce qui s’est passé ce jour-là ?

    – Des cross-killers.

    – Pardon ?

    –Vous avez dit tout à l’heure que je traquais des tueurs en série. Je traque des cross-killers.

    – Quelle différence ?

    – Le tueur en série est un pulsionnel qui tue pour ne plus souffrir, pour apaiser la formidable tension qui le pousse au meurtre. Le cross, lui, ne tue pas par besoin mais par envie.

    Il n’entend pas de voix et n’obéit pas à Dieu. Il est très bien inséré, il a un bon boulot qui le fait beaucoup voyager. Il en profite pour tuer. C’est ce qu’il aime faire et il le fait bien.

    Le stylo du docteur Cooper accroche le papier.

    – Pourquoi pourchassez-vous ces tueurs-là en particulier ?

    – Parce que je les sens. Je sais comment ils fonctionnent.

    –C’est ce qui vous fait peur ?

    – Quoi donc ?

    – L’idée d’être comme eux ?

    – Ça vous ferait peur, à vous ?

    – Je crois que je serais mort de trouille.

     

    2

     

    Une mouche bourdonne, se cogne contre les vitres et reprend sa course à l’aveuglette. Le docteur Cooper la suit du regard.

    Il cherche ses mots.

    – Si nous revenions à cette fillette qui joue à se faire peur au bord du trottoir, à Boston ?

    – Au bord du précipice, vous voulez dire ?

    – Si vous préférez.

    – Elle avance. Une voiture la frôle. Elle roule très doucement.

    Une odeur de cigare s’échappe par la vitre entrouverte.

    Un parfum de réglisse et de paille fumée. Comme du jambon cuit mais sans l’odeur de la viande. Vous voyez ?

    – L’odeur du bois, mais pas de la viande.

    – Oui, c’est exactement ça. Une odeur de fumoir. Du hêtre, de la réglisse et de la paille. La machine à cancer.

    – Ça aussi, ça vous effraie ?

    – Quoi donc ?

    – Le cancer.

    – Oui mais j’aime ça. J’aime avoir peur de quelque chose que je ne peux pas combattre. Je voudrais crever avec la respiration qui siffle et mes poumons qui se remplissent de pus dans

    ma poitrine. Je détesterais mourir en bonne santé. Je trouverais ça immoral.

    Le docteur Cooper tourne les pages du dossier.

    – Comment vos visions ont-elles commencé ?

    – Un choc frontal à cent soixante à l’heure entre un trente tonnes chargé de troncs d’arbres et un camping-car. J’étais dans le camping-car.

    – Qui conduisait ?

    – Mark, mon mec. Mort.

    – Qui d’autre était à bord ?

    – Notre fille. Je crois qu’elle s’appelait Rebecca.

    –Vous n’en êtes pas sûre ?

    –C’est ce qu’on m’a dit quand j’ai émergé du coma. On m’a dit qu’elle s’appelait Rebecca. On m’a montré sa photo ainsi que celle de Mark. Je ne les ai pas reconnus.

    – Ça s’appelle la prosopagnosie.

    – La quoi ?

    –La perte de reconnaissance des visages. Ça arrive fréquemment chez les grands traumatisés qui ont subi un choc violent

    dans la région du cortex temporal. Pourtant, vous savez que c’est eux, non ?

    –Doc, comment savez-vous que votre père est bien votre père ?

    – Je ne sais pas.

    – Parce que c’est votre mère qui vous l’a dit.

    – Une mère ne ment pas sur ces choses-là.

    – Non. Mais elle peut se tromper.

    Marie écoute les murmures de Rio de Janeiro écrasée par la chaleur moite de l’été. Le ronronnement des climatiseurs. Le souffle de l’air glacé enveloppant son visage. Au loin, tout en bas, des bruits de musique et des éclats de voix. La rumeur des plages de Copacabana et d’Ipanema. Les Cariocas ont envahi le sable blanc et dégustent des brochettes de crevettes rehaussées d’un trait de piment et d’un filet de citron vert. Marie salive en repensant au goût des gambas. Quatre jours plus tôt, en débarquant d’un vol en provenance de Berlin, elle avait fait un crochet par son hôtel pour enfiler son maillot de bain, puis elle avait gagné la plage d’Ipanema à pied. Le Pain de Sucre à gauche, la baie de Rio, les favelas derrière elle, des grappes de bidonvilles accrochées aux Morros comme une lèpre de tôle

    ondulée et de ciment. Les mille collines de Rio. Marie avait posé son sac sous l’oeil amusé d’un groupe de Cariocas à la peau cuivrée qui lui avaient expliqué qu’il fallait enfouir ses affaires dans le sable si on ne voulait pas se les faire voler. Elle en avait sorti une serviette et un pot de crème solaire bon marché qu’elle avait étalée sur sa peau blanche.

    Puis, savourant la brûlure du sable sous ses pieds, elle avait marché jusqu’à l’océan dont les eaux fraîches avaient enveloppé ses chevilles et ses mollets. Elle se souvenait de cette eau se refermant autour de sa taille comme une caresse. Elle avait joué des coudes dans la foule des baigneurs et avait ri avec eux en sentant les rouleaux claquer contre ses seins et ses épaules.

    Ça sentait le sel et le poisson.

    –À mon réveil, après six mois de coma, j’ai commencé à être envahie par des visions de meurtres. Des gamines disparues et des tueurs. Un psy de Santa Monica m’a expliqué que ça arrivait parfois. Le syndrome médiumnique réactionnel. Pas de bol.

    –Vous voulez dire que vous revivez les scènes de meurtre

    sur lesquelles vous enquêtez ?

    – Je veux dire que j’ai commencé à développer cette capacité à prendre la place des victimes des cross-killers dans les secondes précédant leur mort. C’est toujours ce qui m’arrive sur une

    scène de crime. Je ferme les yeux, je perds le contact et je me réveille dans le corps de la victime.

    – Jamais dans celui du tueur ?

    – Non. Je vous l’ai dit. Les tueurs, je les sens.

    –Vous les sentez ?

    – En les effleurant, je les sens. Rien qu’en respirant le sillage d’une personne dans une foule, je peux vous dire si cette personne est un assassin. Je peux vous dire si elle a déjà tué ou si elle s’apprête à le faire.

    – Comment ?

    – Je ne sais pas. Ce n’est pas important. Je peux le faire, c’est tout.

    – Et sur les scènes de crime ?

    –C’est différent. Je sens leur plaisir. Je prends mon pied avec eux quand ils tuent, et, en même temps, je suis dans la peau de la victime qu’ils assassinent. La terreur pure, la douleur absolue, et la jouissance. Vous devriez essayer, doc, ça vaut toutes les montagnes russes du monde...

     




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  •  

    Alain Bertrand pointe avec dérision un regard aiguisé sur notre rapport  avec  les objets qui facilitent notre quotidien. Jusqu'où nos accessoires, ustensiles en tout genre, indispensables à notre vie d'homme et de femme moderne peuvent-ils être néfastes ? L'auteur en parle avec beaucoup d'humour et de poésie... Belge ! Lisez-le en mangeant un cornet frite, ambiance caustique garantie ! Et vous savez quoi ? j'ai envie de m'acheter une yaourtière ! 



    Editions Le Dilettante - 2007

    4ème de couverture

    L’homme, j’espère que je n’apprends rien à personne, est un mammifère dressé qui vit essentiellement dans les supermarchés. On peut, là, l’observer à loisir et noter le fonctionnement de son mode de vie. C'est ce qu’a fait l’anthropomane Alain Bertrand, un disciple de Vialatte ayant emprunté, sans la rendre, la boîte à outils de Carelman, passionné de cet espèce d’être. Il nous le catalogue avec minutie et détaille le sens rituel du barbecue, l’essence tragique de l’applique murale, l’ambiguïté du string, la fonction psychique du magazine usagé (dit de salle d’attente) et celle, anxiolytique, du Tupperware. On y apprend que « la machine à café est une vache à lait sans le fumet de la campagne ». Grâce à lui, le sous-texte affectif du vernis à orteil tombe le masque, le caddie trouve enfin un avocat et le tire-bouchon sa définition absolue : « le tire-bouchon déplante le liège et enchante le verre. C’est l'enfant naturel de la vrille et du flacon ». Il y en a encore un stock à déballer, j’ai tout dans le coffre arrière. Bilan : un livre essentiel pour survivre en milieu humain, le plus dur milieu du monde. Alain Bertrand «connaît l’homme comme s’il était la grand-mère du diable» : suivez le guide !

    EXTRAIT :


    À la belle saison, l’Homme exhibe ses barbecues et rejoue l’histoire du monde. D’abord, la guerre du feu. Le bois, il l’achète en filet à la station service. C’est un anachronisme,mais l’homme moderne n’a peur de rien. Il chiffonne les pages de son journal et pulvérise des caissettes à coups de hache.
    Cette sauvagerie roule des muscles primitifs sous son t-shirt. La soif le gagne ; les fagots refusent de s’embraser. L’homme se débouche un rosé et déballe une briquette de pétrole. La chose fume, empeste, asphyxie comme le bûcher de Jeanne d’Arc. Le charbon de bois étouffe le début d’incendie.
    L’homme recourt au carton de lait qu’il agite comme un esclave devant la reine de Saba. Au mépris de toute chronologie, il branche un sèche-cheveux et s’imagine autour d’une Africaine à la sortie du bain. Les braises sanglotent, les brandons étincellent, la viande graillonne et empeste. Michel Strogoff pleure toutes les larmes de l’âme russe.Dante décrit L’Enfer en croquant des cacahuètes. L’homme enfile des bouts de viande crue sur une brochette et fatigue la salade. Il se rêverait bien dans un roman de cape et d’épée, ou sur une île de pirates en train de lamper du rhum. Les spare ribs l’entraînent à la conquête de l’Ouest, les côtes de mouton le poussent vers une Australie aborigène, les patates sous alu le plongent dans les tranchées de 14-18.

    Quant au thüringer, il le propulse dans l’ombre d’une taverne bavaroise, sous le mufle huileux et rose d’un oberstumfurher. Cette leçon d’histoire renvoie l’homme aux misères de son conditionnement.Misères qu’il fuit en catimini : sur une grille toute calcinée, comme un indigène de retour de la chasse, le mâle ramène son lard et ses saucisses. La femelle, les rejetons, le chien bavent devant le feu. Chacun se rue sur son morceau qu’il trempe dans le sang du ketchup. Vient le moment où le mâle grogne et brille des joues. Sa femme luit de même et flatte le molosse : la vaisselle, d’abord. Ensuite, la guerre du feu.

     


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  •  

    Rien de surprenant mais" Une douloureuse absence" reste un roman émouvant !
    Cela m'a rappelé l'univers de Dickens dans " Les grandes espérances " et celui de Gorki dans "Ma vie d'enfant".
    Sacrées références tout de même !



    Editions Pocket-2006

    4ème de couverture

    À douze ans à peine, Thomas Talcott a déjà compris qu’il ne pouvait compter que sur lui-même. Fuyant une existence misérable, sa mère l’a abandonné. Et son père est toute la journée sur les routes, à la recherche du moindre travail. Alors Thomas veille sur sa petite sœur, Margaret. Un peu de pêche, des mûres vendues à la sauvette, quelques douceurs données par des voisins compatissants : ensemble, ils s’improvisent une vie. En attendant que leur mère revienne et que tout soit comme avant.

    Mais le courage et la volonté ne suffisent pas toujours à infléchir un destin…

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  •  

    Un livre ''Coup de Poing''... et ça fait très mal. Plus JAMAIS çà ! a t-on envie de hurler. Personne sensible s'abstenir.



    Editions Gallimard - 2007

    4ème de couverture

    En 2005, Jean-Yves Cendrey publia 'Les Jouets vivants". Il y racontait l'histoire authentique d'un instituteur pédophile en Normandie. A la suite de cette publication, il reçut un important courrier : témoignages, récits, appels au secours... Tout d'abord, il décida de ne pas répondre : le rôle de l'écrivain n'est pas de rendre la justice, ni de mener des enquêtes policières. Une lettre, cependant, ne se laissait pas oublier. Rédigée par une mère, elle décrivait la vie et le suicide de Céline, une jeune fille du sud de la France, qui avait eu à connaître un instituteur semblable : lui aussi utilisait pour son plaisir les enfants dont il avait la charge, lui aussi était protégé par sa corporation, par sa hiérarchie, par les parents eux-mêmes, par leur peur des uns et des autres, bref par une société plus désireuse de silence que de vérité - le prix à payer fût-il pour les enfants celui de la souffrance ineffaçable, voire de la mort. C'est l'histoire de Céline que Jean-Yves Cendrey a décidé de raconter ici. Revisitant le genre littéraire du tombeau, il grave une stèle pour qu'un peu d'elle vive encore : l'essentiel de la littérature est dans ce geste.


    EXTRAIT :

    Céline

    C'est au détour d'une phrase intrigante que l'on vous croise, longtemps après votre mort. On pourrait la citer, rapporter dans quelles circonstances on l'a lue. Mais à quoi bon, puisque vous n'êtes rien pour nous, et que ça ne sera sous peu qu'une formalité que de vous laisser à votre sanglant anonymat.

    Rien ne se passe comme prévu. D'intrigante, la phrase s'est faite obsédante. Elle oblige à imaginer, et cela n'est pas supportable. Alors on part à votre recherche, Céline.

    À cinq ans de distance et six cents kilomètres plus tard, on vous trouve enfin. Votre corps repose assis sur le sol, adossé contre le mur de gauche. Vos vêtements sont en ordre. Votre tête est affaissée sur votre poitrine. Votre main droite tient une arme à feu de type revolver RMR Manurhin spécial police F1, calibre 357 magnum.

    Tandis qu'il dégage l'arme de votre main, un homme dit votre corps raide et froid au toucher, le dit celui d'une jeune femme de race blanche, grande, athlétique, aux cheveux longs et bruns. Il dit l'arme approvisionnée. Il dit la neutraliser en basculant le barillet. Il dit qu'une cartouche percutée se trouve face à la chambre de l'arme. Il dit que le barillet contient six cartouches de calibre 38 spécial, dont une seule est percutée. Il dit que cette arme est la vôtre.

    Votre tête dans ses mains, un nouvel homme dit constater la présence d'un orifice temporal droit et d'un second orifice, temporal gauche, compatible avec un trajet de projectile de droite à gauche, légèrement en haut et en arrière. Il dit noter la présence d'un écoulement de sang séché entre vos narines et vos lèvres, de fines gouttelettes de sang séché sur vos mains, de beaucoup de sang sur votre pantalon de jean.

    Les deux hommes déplacent votre corps et disent observer un impact de projectile sur le mur du fond, à 75 centimètres de hauteur et à 19 centimètres de l'angle de ce mur avec le mur de gauche. Ils disent découvrir une balle écrasée ainsi que la chemise du projectile. Ils disent trouver sur vous un trousseau de clés, une pièce d'identité, ainsi qu'une somme d'argent liquide de 155 francs, constituée d'un billet de cent francs, de quatre pièces de dix francs, deux pièces de cinq francs, deux pièces de deux francs, et une de un franc.

    Un troisième homme ouvre votre sac à dos et dit trouver un walkman, un téléphone portable, un roman, une casquette, deux sous-vêtements, une montre, une boîte de vitamines, une brosse à cheveux, un bloc de feuillets, un carnet de musique, un agenda, des accessoires de maquillage.

    Il se rend dans la pièce contiguë où il inventorie un casier à votre nom. Il dit y trouver une vareuse, un blouson d'intervention, une cravate, un pull, un calot, un imperméable, un ceinturon supportant des menottes et leurs clés, une matraque, un étui de revolver et un (...)


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  • Edition de Mortagne - Fantastique

    Souhaitant oublier l'accident de voiture où il a perdu sa femme et où il a lui-même failli laisser sa vie, Terra s'installe dans une petite ville de la Colombie-Britannique afin d'y enseigner la philosophie. Coïncidence ? Fatalité ? Dès son arrivée, d'étranges phénomènes et d'extraordinaires changements s'opèrent en lui. Pourquoi ses étudiants le vénèrent-ils soudain ? Pourquoi les arbres tentent-ils de l'agripper sur son passage ? Pourquoi le fantôme de sa défunte épouse se manifeste-t-il régulièrement ? Pourquoi ses mains semblent-elles posséder des pouvoirs particuliers ? Au moment où Terra parvient enfin à s'adapter à sa nouvelle vie, son passé ressurgit comme un cauchemar, l'obligeant à replonger dans le projet secret sur lequel il travaillait aux États-Unis avant l'accident. Saura-t-il faire face aux Chevaliers Noirs et à leurs sombres desseins ?


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