• "Prodigieuses créatures" de Tracy Chevalier

     

    Très belle découverte que ce beau roman inspiré de faits réels.  

    L'histoire captivante  au début du XIXème siècle, de  deux femmes ( Mary Anning et Elisabeth Philpot ) qui en imposent par leur caractère et leur passion commune, de la controverse de l'origine du monde  ( bien avant Darwin !) et de la condition de la femme face aux préjugés de l'identité masculine de l'époque.

     Une prodigieuse lecture !!!!!!! 

      

    "La fille du menuisier a gagné un nom pour elle-même, et a mérité de le gagner."

    Charles Dickens - 1865   

     

    958 g

    Editions La Table Ronde - 2010

    Traduit de l'anglais par Anouk Neuhoff

    4ème de couverture

     Dans les années 1810, à Lyme Regis, sur la côte du Dorset battue par les vents, Mary Anning découvre ses premiers fossiles et se passionne pour ces « prodigieuses créatures » dont l’existence remet en question toutes les théories sur la création du monde. Très vite, la jeune fille issue d’un milieu modeste se heurte aux préjugés de la communauté scientifique. Celle-ci, exclusivement composée d’hommes, la cantonne dans un rôle de figuration. Mary Anning trouve heureusement en Elisabeth Philpot une alliée inattendue. Cette vieille fille intelligente et acerbe, fascinée par les fossiles, l’accompagne dans ses explorations. Si leur amitié se double peu à peu d’une rivalité, elle reste leur meilleure arme face à l’hostilité générale.   Après Jane Austen et Persuasion, après John Fowles et Sarah et le lieutenant français, Tracy Chevalier est le troisième écrivain à s’installer à Lyme Regis et à y puiser l’inspiration d’un roman. Dans Prodigieuses créatures, elle raconte l’histoire d’une femme qui, bravant sa condition et sa classe sociale, fait l’une des plus grandes découvertes du XIXe siècle.

     

    EXTRAIT

    Mary Anning en impose par ses yeux. Ce détail m'a semblé évident dès notre première rencontre, quand elle n'était qu'une fillette. Ses yeux sont marron comme des boutons, et brillants, et elle a cette manie des chasseurs de fossiles de toujours chercher quelque chose, même dans la rue ou à l'intérieur d'une maison, où il n'y a aucune chance de trouver quoi que ce soit d'intéressant. Cette particularité la fait paraître pleine d'énergie, même lorsqu'elle reste sans bouger. Mes soeurs m'ont dit que moi aussi je jetais des coups d'oeil alentour au lieu d'arborer un regard impassible, mais dans leur bouche ce n'est pas un compliment, tandis que dans la mienne, envers Mary, c'en est un. 

    J'ai remarqué depuis longtemps que les gens ont tendance à en imposer par un trait particulier, une partie du visage ou du corps. Mon frère John, par exemple, en impose par ses sourcils. Non seulement ils forment des touffes proéminentes au-dessus de ses yeux, mais ils constituent la partie la plus mobile de son visage, traduisant le cours de ses pensées tandis que son front se creuse ou bien se lisse. Il est le puîné des cinq enfants Philpot, et le seul fils, ce qui lui a donné la charge de quatre soeurs à la mort de nos parents. Une telle situation animerait les sourcils de n'importe qui, même si enfant, déjà, il était sérieux. 

    Ma plus jeune soeur, Margaret, en impose par ses mains. Bien que petites, elles ont, proportionnellement, des doigts longs et élégants, et de nous toutes c'est celle qui joue le mieux du piano. Elle est encline à onduler des mains en dansant, et quand elle dort elle étire ses bras au-dessus de sa tête, même lorsqu'il fait froid dans la chambre. 

    Frances a été la seule soeur Philpot à se marier, et elle en impose par sa poitrine, ceci, je suppose, expliquant cela. Nous, les soeurs Philpot, ne sommes pas connues pour notre beauté. Nous avons une charpente anguleuse et des traits accusés. De plus, la fortune familiale s'est avérée tout juste suffisante pour qu'une seule d'entre nous puisse se marier sans trop de difficultés, et Frances a remporté la course, quittant Red Lion Square pour devenir la femme d'un négociant de l'Essex. 

    Les personnes que j'ai toujours le plus admirées sont celles qui en imposent par leurs yeux, comme Mary Anning, car elles semblent plus à même de comprendre le monde et ses rouages. C'est par conséquent avec Louise, ma soeur aînée, que je m'entends le mieux. Elle a des yeux gris, comme tous les Philpot, et elle parle peu, mais quand son regard se fixe sur vous, vous y prêtez forcément attention. 

    J'ai toujours rêvé d'en imposer par mes yeux moi aussi, mais je n'ai pas eu cette chance. J'ai une mâchoire saillante, et quand je serre les dents - plus souvent qu'à mon tour, tant le monde m'indispose -, elle se crispe et s'aiguise comme la lame d'une hache. Lors d'un bal, j'ai surpris un soupirant potentiel à dire qu'il n'osait pas m'inviter à danser de peur de se couper contre ma joue. Je ne me suis jamais véritablement remise de cette observation. On ne s'étonnera pas que je sois une vieille fille, et que je danse si rarement. 

    J'aurais bien aimé passer de la mâchoire aux yeux, mais j'ai constaté que les gens ne changent pas de trait dominant plus qu'ils ne peuvent modifier leur caractère. Je dois donc m'accommoder de cette forte mâchoire qui rebute tant les gens, taillée dans la pierre comme les fossiles que je ramasse. Du moins le croyais-je. 

     

    15mary-copie-1.jpg  

     Mary Anning                                                              

     

      Mary_Anning.jpg

      Croquis de Mary Anning au travail par Henry De la Beche

     

    800px-Duria Antiquior

    "Duria Antiquior" scène de vie préhistorique peint en 1830 par le géologue anglais Henry De la Beche basée sur les fossiles trouvés dans Lyme Regis principalement par Mary Anning

     

    Mary_Anning_Plesiosaurus.jpg

    Lettre et le dessin de Mary Anning annonçant la découverte d'un animal fossile maintenant connu sous le nom plésiosaure, 26 Décembre, 1823

     

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 6 Février 2011 à 21:39
    Le Journal de Chrys

    Voilà une lecture qui me plairait probablement!!! J'aime les histoires de femmes qui bataillent et luttent!!!!

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    2
    Dimanche 6 Février 2011 à 23:32
    Armide+Pistol

    Quel parcours que celui de ces deux visionnaires du "sexe (dit) faible"

    Un ouvrage qui en dit long sur le chemin parcouru et sur ce qu'il reste encore à accomplir...

    Et j'aime Michel Nymans!

    3
    Mardi 8 Février 2011 à 08:57
    ecnerolf au pays de

    zut zut pas de nouvelles de toi, je pars pour la poste ce matin, pas grave si la bague te plait vraiment je la mettrais de coté et te l'enverrais quand j'aurai l'occas en fin de mois ( as tu reçu mon mail d'ailleurs ?? héhé) bizzzzzzzzzz

    4
    Mardi 8 Février 2011 à 12:06
    Mouchette

    Il est beau cet article ma Voyelle.

    Une jolie découverte grâce à toi et vraiment le sentiment de suivre un reportage.

    Je t'embrasse fort.

     

    5
    Mercredi 9 Février 2011 à 11:30
    Mary

    Bonjour Voyelle je passe juste pour te remercier pour la commande ! j'ai bien reçu les portes chéquiers et les nougats lol ! tu es trop mignone ! Je ne suis pas décue j'adore et maman aussi ! Excuses moi mais la santé + les soucis familiaux j'ai besoin de repos ...je t'embrasse trés fort .Mary

    6
    Bleue-Farandole
    Jeudi 5 Septembre 2013 à 23:37
    Bleue-Farandole

    Très beau billet en tous points ma Véllouve! Musique superbe, peintures et photos très émouvantes, un livre qui me plaîrait de lire en effet! Merci ma Véllouve de nous l'avoir fait découvrir! Bravo pour ton joli goût à la lecture! mille bisous! J'ai voté à ton petit coeur rose! Douce nuit! A+!



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