• " Séraphine "

    Après avoir vu le film " Séraphine "de Martin Provost...



    Encore un super cadeau pour mon anniversaire ! 
    "Séraphine de la peinture à la folie", c'est Agathe, ma lutine qui me l'a offert. Merci, je l'ai dévoré en 3 jours... pendant mon escapade dans le Vexin ! Magnifique "Essai" qui nous en apprend plus sur la vie de Séraphine Louise. Une femme qui possède un talent rare et insoupçonné. Une vie parallèle à celle de Camille Claudel. Elles sont nées la même année et connaissent la même fin tragique, à quelques mois d'intervalle.

    4ème de couverture

    Qui se souvient de Séraphine Louis, dite Séraphine de Senlis, née en 1864 et morte de faim, sous l’Occupation, à l’asile psychiatrique de Clermont-de-l’Oise, en 1942 ?

    Qui se souvient de cette vie cachée, de ce destin prodigieux qui fit d’une humble femme de ménage, un des plus grands peintres hallucinés du XXe siècle, cloîtrée dans sa misérable cellule, luttant contre la faim et la tyrannie de ses délires ?




    Alain Vircondelet livre ici un récit fort et bouleversant. L’épopée intime d’une autre Camille Claudel emportée dans la tourmente de l’Histoire et de la folie.

     

    L'auteur

    Alain Vircondelet, auteur de nombreuses biographies consacrées entre autres à Marguerite Duras, Balthus, Charles de Foucauld, Rimbaud et Saint-Exupéry a soutenu sa thèse en histoire de l’art sur Séraphine de Senlis et publié un premier essai biographique chez Albin Michel en 1986, sortant ainsi de l’ombre l’un des plus grands peintres naïfs admiré des surréalistes.

    Extrait :
    Udhe le confirme : Elle n'utilise aucune des matières et des multiples couleurs que je lui envoie, et y mêle de la laque. Le mystère de cette composition reste un secret qu'elle ne confie à personne. Comme elle n'aime pas à être surprise à peindre, l'accès de son logement est rendu difficile par un système compliqué de chaînes de sûreté et dès le bas de l'escalier, on trouve une pancarte ainsi libellée : " Mademoiselle Séraphine ne reçoit pas."
    La technique de Séraphine est cependant extrêmement savante. Elle n'a rien appris, n'a subi aucune initiation particulière, et elle sait. Ainsi, à la différence des naïfs, dont la lumière, toujours égale, uniformise le tableau, elle joue avec des effets dégradés de lumière, plaçant ses bouquets dans des climats et des saisons multiples, ménageant des zones inconnues, prêtes à accueillir d'autres éclats, privilégiant des parties obscures pour rendre plus inquiétant le tableau, jugé à ce moment précis du travail trop accueillant, éclairant par intermittences les feuillages. De sorte que ses grandes compositions rassemblent des temps différents où se mêlent bien sûr la luminosité des différentes saisons mais aussi surtout les états d'âme.
    "L'étrange inquiétude" freudienne est là, tapie dans un coin du tableau, tandis que certains autres buissons de fleurs sont glorifiés dans leur splendeur, dans la grâce ultime qui précède leur ruine. En ce sens, et sans le savoir, elle rejoint les derniers romantiques de Baudelaire à Rimbaud, par la violence de leur idéal, par le jeu des correspondances qui font se répondre les parfums, les couleurs et les sons. La couleur est le souffle de la composition, elle insuffle la toile, elle la gonfle comme en ces endroits surlaqués, à la manière des maîtres émailleurs du Moyen Age qui travaillaient en Limousin, ou encore à la manière de Rouault, cernant chaque fleur, chaque feuille d'un trait puissant qui contient la couleur recouverte de glacis superposés lui donnant ainsi cette facture émaillée.
    Elle peint sans se répéter, sans faire cependant "du Séraphine". Elle a cette conviction que chaque toile l'entraîne dans une aventure spirituelle et religieuse nouvelle, qu'elle avance, comme dit l'Evangile, "en eau profonde", et qu'elle ne peut pas renoncer à ces profondeurs...
    " Ce ne sont pas seulement des fleurs", a-t-elle coutume de dire, "pas seulement des arbres, et des feuilles, mais bien autre chose. Quelque chose de la vie et de la mort", rajoute t-elle mystérieusement. Uhde le sait bien, non seulement intuitivement, mais à la fréquenter, comprend quelque chose du sacré, lui qui est agnostique. Van Gogh et Séraphine le ramènent à des interrogations spirituelles, qui ne sont guère lisibles dans l'oeuvre cubique d'alors de Picasso. les cyprès enflammés de Van Gogh, peints dans sa fameuse
    Route aux cyprès sous un ciel étoilé sont de même nature, l'incendie intérieur du peintre se réverbère sur la toile, les cyprès comme des torches s'accrochent à la voûte céleste constellée d'étoiles et la rejoignent. De même, les bouquets embrasés de Séraphine, en atteignant le haut de la toile, ont besoin de dire cette souffrance qui a envie d'atteindre la limite la plus aiguë de l'être...




    Le film :
    "Séraphine" magnifiquement interprétée par une Yolande Moreau  attachante et bouleversante ! On n'en sort pas indemne et c'est tant mieux !
    J'aime les films qui frappent fort, qui marquent, qui laissent des traces... sans chichi ni tralala. Les photos sont magnifiques. Un film intelligent et réalisé d'une manière sobre et efficace. Je peux dire qu'après avoir lu le livre d'Alain Vircondelet, c'est un bel ensemble. 
     

     http://www.seraphine-lefilm.com


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