• "En finir avec Eddy Bellegueule" d'Edouard Louis

     Un roman dur, violent comme j'en ai rarement lu et qui m'a bien souvent coupé le souffle. Eddy, l'auteur, nous dévoile sans détours une enfance marquée par les coups, les crachats, les humiliations, les insultes.

    "Dans le couloir ils m’ont demandé qui j’étais, si c’était bien moi Bellegueule, celui dont tout le monde parlait. Ils m’ont posé cette question que je me suis répétée ensuite, inlassablement, des mois, des années. C’est toi le pédé ? En la prononçant ils l’avaient inscrite en moi pour toujours tel un stigmate, ces marques que les Grecs gravaient au fer rouge ou au couteau sur le corps des individus déviants, dangereux pour la communauté. L’impossibilité de m’en défaire. C’est la surprise qui m’a traversé, quand bien même ce n’était pas la première fois que l’on me disait une chose pareille. On ne s’habitue jamais à l’injure." 

    En finir avec Eddy Bellegueule est une autofiction qui souligne crûment la misère sociale et culturelle et ses conséquences dramatiques. Un livre bouleversant de sincérité.

     Quatrième de couverture

    "Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d'entendre ma mère dire Qu'est-ce qui fait le débile là ? Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J'étais déjà loin, je n'appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait. Je suis allé dans les champs et j'ai marché une bonne partie de la nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l'odeur de colza, très forte à ce moment de l'année. Toute la nuit fut consacrée à l'élaboration de ma nouvelle vie loin d'ici". En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Très vite j'ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre."


  • Commentaires

    1
    Mardi 11 Mars 2014 à 21:30
    Couleur-Parenthèse

    Coucou ma Vallia! Ah! Je choisis le second roman!  Je t'embrasse très fort! Fait plein beau chez nous! Ouf!!! Jolie soirée! A+!  clown

    2
    Mercredi 12 Mars 2014 à 11:05
    Aifelle

    Pour une claque, c'est une belle claque ce livre ! Tu sais qu'il est prévu à Terres de Paroles ?

    3
    Jeudi 13 Mars 2014 à 09:00
    Nadine Mamytimain

    Merci pour cet article Voyelle. Il donne envie de le lire ce livre, je retiens !

    Bonne journée !

    4
    Jeudi 13 Mars 2014 à 20:26

    Il me tente moins que le précédent mais c'est uniquement personnel. J'avais vu la prestation de Édouard Louis à "La grande librairie", il m'avait beaucoup touché. Des bises voyelle, c'est bien de lire yes

    5
    Dimanche 16 Mars 2014 à 09:11

    il y en a qui parte dans la vie avec un gros handicap.....

    6
    Mardi 18 Mars 2014 à 09:58
    Malika

    Ce roman m'a beaucoup dérangée, d'une part parce qu'il s'apparente plus à un témoignage qu'à un roman, d'autre part parce que l' exécution en place publique de ses parents m'a vraiment choquée et enfin parce qu'il y a de la violence partout, à chaque page et ce fut beaucoup trop pour moi. 

    7
    Mercredi 2 Avril 2014 à 12:23

    Je l'ai lu récemment et je trouve ça vraiment courageux de sa part d'écrire son histoire. Après beaucoup lui reprochent son manque de pudeur. Mais que ce mot est dur!!!! Ce serait lui dire, tu as vécu une enfance difficile, tais-toi! C'est tabou, c'est honteux. Ben non, si Edouard Louis souhaite s'exprimer pourquoi pas? 



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