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    Marcel, Justin, Pierre Chuteaux né le 7 mars 1893 à Cherbourg. Ancien combattant de la première guerre mondiale, il est blessé et réformé en 1915. Installé à Angers, il exerce la profession d'ingénieur technique électricien à la Société d'entreprise électrique de l'ouest. Non mobilisable du fait de ses blessures de guerre en 1939, il intègre néanmoins les réseaux de la Résistance. Il devient chargé de mission au sein du réseau "Eleuthère". Arrêté par la Gestapo à son domicile le 11 février 1944, il est d'abord détenu à la prison du Pré-Pigeon d'Angers, puis déporté en Autriche à Hartheim - Mauthausen avec le t
    ransport parti de Compiègne le jeudi 6 avril 1944. Arrivé à Mauthausen, le 8 avril 1944, il décède, gazé, le vendredi 18 août 1944.

    Son matricule au KL Mauthausen : 62164


    Prison du Pré-Pigeon - Angers


    Convoi du 6 avril 1944

     Parti à destination du camp de Mauthausen, le convoi du 6avril 1944 arrive deux jours plus tard, avec 1489 hommes. Les prisonniers traversent laville de Compiègne à pieds jusqu’à la gare, puis sont entassés dans des wagons à bestiaux. Le train s’arrête trois heures en gare de Reims, permettant aux prisonniers de jeter des mots sur la voie ferrée. Suite à cinq tentatives

    d’évasion, tous les hommes du convoi sont dénudés et replacés dans les wagons, la nuit du 6 au 7 avril. Une fois arrivés au camp, les prisonniers traversent la ville à pieds pour rejoindre le camp, après s’être rhabillés à la hâte.

    La majorité des arrestations a lieu entre novembre 1943 et mars 1944. Comme dans les convois précédents les prisonniers sont des résistants, maquisards ou des otages victimes de rafles de représailles. Le convoi transporte aussi des prisonniers de droit commun.

     

    La moitié du convoi est transférée au Kommando de Melk. Trois cent prisonniers sont envoyés à Gusen. Par la suite, les ecclésiastiques sont déportés à Dachau. Parmi les victimes qui ne sont pas rentrées de déportation, 122 hommes ont été gazés à Harteim. ( Château d'Hartheim, centre d'extermination par gaz du camp de Mauthausen )


    Mauthausen

    Créé au lendemain de l’Anschluss, le camp de concentration de Mauthausen a le sinistre privilège d’avoir été l’un des camps les plus durs et les plus meurtriers du système concentrationnaire nazi. Implanté au nord du bourg de Mauthausen situé sur la rive gauche du Danube à environ vingt-cinq kilomètres en aval de la ville de Linz (Autriche), il résulte à la fois des projets économiques élaborés par la SS et de l’extension de la répression à l’ensemble du Grand Reich.
    Le choix du site de Mauthausen fut en effet guidé par la proximité immédiate des carrières du Wiener Graben dont le granit était réputé depuis le XVIIIe siècle pour sa qualité et sa dureté. Un premier transport de trois cents détenus, formé essentiellement de criminels de droit commun d’origine autrichienne, fut ainsi expédié à Mauthausen le 8 août 1938. Ils provenaient tous du camp de concentration de Dachau dont Mauthausen constituait finalement une simple annexe. Cette sujétion de Mauthausen à Dachau fut cependant très vite abandonnée. Dès le 18 octobre 1938, une nouvelle série de numéros matricules fut ouverte spécifiquement pour Mauthausen qui devenait ainsi un camp de concentration à part entière.
    A la fin de cette même année, le camp de concentration de Mauthausen comptait un millier de détenus composés essentiellement de criminels de droit commun et d’asociaux d’origine allemande ou autrichienne. La fermeture provisoire du camp de concentration de Dachau lui permit à l’automne 1939 de connaître un premier essor important avec l’arrivée de plusieurs centaines de détenus.

    Cet accroissement rapide de la population concentrationnaire s’accompagna d’un envol brutal de la mortalité durant l’hiver 1939-1940. En 1940, la population du camp de concentration de Mauthausen se diversifia avec l’arrivée des premiers convois de Polonais et d’Espagnols.
    Cette augmentation démographique, accompagnée des prétentions économiques de la Deutsche Erd-und Steinwerke qui exploitait déjà la carrière du Wiener Graben, incitèrent les autorités SS à ouvrir, au printemps 1940, un camp annexe pour Mauthausen : Gusen était créé. Le travail forcé y constituait, comme à Mauthausen, le quotidien des détenus de même que l’extermination en était le seul horizon.
     
    Le camp de concentration de Mauthausen avait en effet été classé par l’ordonnance du 28 août 1940 comme camp de concentration de catégorie III destiné aux détenus politiques, aux criminels et aux asociaux considérés tous comme irrécupérables. Et de fait, le taux de mortalité à Mauthausen comme à Gusen atteignit très rapidement l’effroyable pourcentage des 50 %. Dès l’été 1941, les autorités SS commencèrent à recourir aux assassinats par gaz utilisant à cet effet le centre d’euthanasie d’Hartheim tandis que le camp central de Mauthausen se dotait d’un Krematorium destiné à assurer l’incinération des cadavres.
    En parallèle, l’exploitation économique de la population concentrationnaire se poursuivait dans des conditions atroces, avec des projets et des exigences toujours plus affirmées.
    Cette importance économique donnée aux camps de concentration provoqua dès le mois de juin 1941 la création d’un véritable réseau concentrationnaire autour du camp central de Mauthausen composé, à l’issue de la guerre, d’une trentaine de camps annexes. Deux cent mille déportés, provenant de toute l’Europe occupée, passèrent ainsi par le réseau concentrationnaire de Mauthausen parmi lesquels cent vingt mille y laissèrent leur vie. Le camp de concentration de Mauthausen fut le dernier des camps nazis libérés.

    Le 5 mai 1945, l’armée américaine franchissait la forteresse de granit et découvrait l’immense et l’indicible horreur de Mauthausen.
    (notice historique, Archives nationales)


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    « Je suis le matou. Je mène la vie inquiète de ceux que l'amour créa pour son dur service. Je suis solitaire et condamné à conquérir sans cesse, et sanguinaire par nécessité. Je me bats comme je mange, avec un appétit méthodique, et tel qu’un athlète entraîné, qui vainc sans hâte et sans fureur.
    C'est le matin que je rentre chez vous. Je tombe avec l’aube, et bleu comme elle, du haut de ces arbres nus, où tout à l’heure je ressemblais à un nid dans le brouillard. Ou bien, je gIisse sur le toit incliné, jusqu’au balcon de bois; je me pose au bord de votre fenêtre entrouverte, comme un bouquet d'hiver ; respirez sur moi toute la nuit de décembre et son parfum de cimetière frais ! Tout à l'heure, quand je dormirai, ma chaleur et la fièvre exhaleront l'odeur des buis amers, du sang séché, le musc fauve...
    Car je saigne, sous la charpie soyeuse de ma toison. Il y a une plaie cuisante à ma gorge, et je ne lèche même pas la peau fendue de ma patte. Je ne veux que dormir, dormir, dormir, serrer mes paupières sur mes beaux yeux d’oiseau nocturne, dormir n’importe où, tombé sur le flanc comme un chemineau, dormir inerte, grumeleux de terre, hérissé de brindilles et de feuilles sèches, comme un faune repu....
    Je dors, je dors... Une secousse électrique me dresse parfois, - je gronde sourdement comme un tonnerre lointain, - puis je retombe....Même à l'heure où je m'éveille tout à fait, vers la fin du jour, je semble absent et traversé de rêves ; j’ai l’oeil vers Ia fenêtre, l’oreille vers la porte...
    Hâtivement lavé, raidi de courbatures, je franchis le seuil, tous les soirs à la même heure, et je m'éloigne, tête basse, moins en élu qu'en banni ... Je m'éloigne, balancé comme une pesante chenille, entre les flaques frissonnantes, en couchant mes oreilles sous le vent. Je m'en vais, insensible à la neige. Je m'arrête un instant, non que j'hésite, mais j’écoute les rumeurs secrètes de mon empire, je consulte l'air obscur, j’y lance, solennels, espacés, lamentables, les miaulements du matou qui erre et qui défie. Puis, comme si le son de ma voix m'eût soudain rendu frénétique, je bondis... On m'aperçoit un instant sur le faîte d'un mur, on me devine là-haut, rebroussé, indistinct et flottant comme un lambeau de nuée - et puis on ne me voit plus...    
    ( Extrait "La paix des bêtes" - Colette )


                            
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                                                               ...et ils ont eu deux beaux enfants !



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