• L'étreinte fugitive

    Livre très personnel de Daniel Mendelsohn, paru aux Etats Unis  depuis 10 ans, est le deuxième volet d'un triptyque débuté avec " Les disparus " édité en France en 2007. Il faut le savoir.
    C'est sans fausse pudeur que l'auteur nous livre sa quête d'identité personnelle et sexuelle. "On me disait toujours que je ressemblais à mon oncle Shmiel", raconte-t-il
      ( lors d'un interview concernant "Les disparus") "J'étais troublé. Si vous partagez votre visage avec un autre, quelle est votre identité ?" 
    "L'étreinte fugitive" se succède tour à tour de réflexions personnelles et de références de textes anciens. Daniel Mendelsohn titulaire d'un doctorat en Classiques de l'Université de Princeton est épris de  "grèce antique" depuis l'âge de 6 ans. C'est avec un certain talent qu'il nous parle de Sappho, d'Antigone, de Catulle, d'Ovide.
      Passionné entre autres de Balzac et de Stendhall, Daniel Mendelsohn n'a pas fini de me captiver, son écriture est élégante, lucide et parfaitement maîtrisé. Son charisme ne fait que renforcer mon désir de le lire. Il devrait s'installer à Paris prochainement pour l'écriture de la troisième partie de "sa quête". J'attends avec impatience !



    Editions Flammarion - 2009
    traduit de l'américain par Pierre Guglielmina

    4ème de couverture

    Dans Les Disparus, Daniel Mendelsohn partait en quête de l’histoire de sa famille ; avec L’Étreinte fugitive, il s’est livré à une quête infiniment plus intime. De l’écriture rhapsodique et classique qui est la sienne, il fait revivre son enfance entre sa mère, « l’institutrice », la toute-belle, et son père, « le mathématicien », celui qui répare, construit et se collette aux choses ; une enfance peuplée d’êtres, frères et soeurs, parents juifs âgés, avec, au centre, son grand-père, ce dandy mystérieux et raconteur d’histoires. C’est pendant ses années d’étudiant dans l’exotique Sud américain que le jeune homme se découvre une passion jumelée pour les langues anciennes et les beaux garçons. Dès lors, la recherche de la « grammaire de son identité », de ce que veut dire être un homme, suivra des méandres surprenants, bouleversants. Car, lorsqu’une amie lui propose d’incarner une « figure paternelle » auprès de l’enfant qu’elle porte, il accepte et se prend à s’attacher si fort à lui qu’il va, petit à petit, partager sa vie entre Chelsea, le quartier où vivent les « garçons » de New York, et la banlieue où habitent son amie et leur petit garçon.

    Comme Les Disparus, ce récit réverbère l’écho de textes antiques – ici, des poèmes latins et des tragédies grecques – et renferme un secret de famille lancinant, dont le lecteur n’aura la clé que dans les dernières pages du livre, après avoir, avec Daniel Mendelsohn, rendu visite à des tombes désertées et déchiffré des épitaphes menteuses.

    Né en 1960, Daniel Mendelsohn est critique littéraire et écrivain : Les Disparus a connu un très grand succès, notamment en France où il a reçu le prix Médicis en 2007 et été élu « meilleur livre de l’année » par le magazine Lire. L’Étreinte fugitive est le premier volet d’un triptyque dont Les Disparus forme le panneau central ; le troisième volet est en cours d’écriture.


    Extraits choisis

    (...) La plupart des salles de gym fréquentées par les gays ont été rebaptisées : en un hommage narquois mais non dépourvu d'admiration aux pectoraux hypertrophiés de son propriétaire la salle David Barton, au coin de la 6ème Avenue et de la 13ème rue, est aussi connue sous le nom de "Dolly Parton". Un peu plus au Sud se trouve Chelsea Gym, à travers les immenses fenêtres duquel on peut regarder des hommes pédaler, soulever des poids et courir. La rencontre cruciale entre les deux rôles principaux du film gay Jeffray a été tournée là(...)

    C'était une fable que j'avais déjà entendue, assis sur les genoux de mon grand-père, pendant qu'il me parlait de sa famille une famille de beautés délicates transformées en victimes par la guerre, par la pauvreté innatendue, par les manoeuvres cyniques de parents moins nobles ; et c'était une fable que j'allais inconsciemment rechercher là, à l'université en étudiant les Grecs, une autre nation vaincue qui s'était accrochée, dans la misère, à la croyance en sa supériorité sur ses vainqueurs. Graecia capta ferum victorem cepit et artes / intulit agresti Latio..., a écrit le poète Horace : « La Grèce captive a conquis son brutal envahisseur et a apporté les arts dans l'Italie sauvage. » La culture sudiste, je m'en apercevais, avait du sens pour moi.

    En dépit de son désir d'être comme son grand-père, le garçon ne veut pas apprendre l'hébreu...c'est trop près de ce qu'il connaît déjà. Tous les gens qu'il connaît sont juifs ; juif aussi, ce quartier plat de Long Island. L'hébreu, ce n'est pas assez différent. Il a déjà décidé qu'il voulait apprendre les langues des païens, des Egyptiens, des Grecs et des Romains, des oppresseurs - ou peut-être plutôt des opposés - des Juifs de l'Antiquité...Pour lui les langues sont privées et non partagées de l'ordre non pas de l'ouïe mais de la vue, des clés pour fouiller sous les surfaces, pour se déplacer à rebours, vers l'intérieur plutôt que vers le monde...





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