• " Petite biographie dramatique, faite avec adresse par Un moucheur de chandelles "  ( 1826 )
    Imprimerie de Marchand du Breuil, rue de La Harpe, n° 80)
    ( Source : Bibliothèque numérique Lisieux - libre de droit )

     

                                                                               Castigat remouchando


    A.


    ADÈLE (Mlle), Porte-Saint-Martin, rue du Temple, n. 101. Sa danse voluptueuse promet plaisir, et l'on assure que Mlle Adèle tient tout ce que sa danse promet.
     
    ADÈLE BAZIRE, Ambigu, rue de Saintonge, n. 38 :
     

    « Jadis on voyait sur ses hanches
    « Un simple jupon de tricot,
    « Et pour parure des dimanches
    « Un juste-au-corps en calicot ».


    Que les temps sont changés !
     
    ADELINE (Mlle), Gymnase. Ses fréquentes promenades au bois de Romainville lui ont fait perdre la voix. Récompense honnête à qui la lui rapportera, rue du Faubourg-Poissonnière, n. 32.
     
    ADOLPHE, Odéon. Première basse-taille. Il chante à l'Odéon, vous savez ce que cela veut dire !
     
    ADOLPHE (Mme), Gaîté, rue de Malte, n. 14. C'est le plus ferme soutien du vaudeville à ce théâtre. Cependant les auteurs ne l'abordent qu'en tremblant ; cela s'explique, elle les regarde toujours de travers.
     
    AIMÉE (Mlle), Gaîté, rue Notre-Dame-de-Nazareth, n. 5. Si nous en croyons cette jeune artiste, l'orchestre ne joue pas toujours juste ; le chef d'orchestre se plaint, au contraire, que Mlle Aimée ne danse jamais en mesure ; ils ont raison tous deux.
     
    ALLAN, Feydau. Débile acteur des Variétés, que M. Pixérécourt n'a pas honte de faire jouer avec Mme Rigaut ! Quelle pitié !
     
    ALBERT, Opéra, rue des Moulins, n. 1. Premier danseur et second maître des ballets de l'Académie royale de musique. Voyez-vous ce monsieur sortir de son élégante voiture ? A son large portefeuille de cuir de Russie, vous le prendriez pour un grave conseiller d'état. Non point ! ses pieds en dehors trahissent les travaux de sa tête ; il vient de faire répéter le ballet de Cendrillon.
     
    ALERME, Opéra, rue Coquenard, n. 20. Ce coryphée est garçon de ferme depuis vingt ans ; c'est aussi le chef d'emploi des bêtes de somme. Il avait gagné quelque argent à ce rude métier chez un fermier espagnol ; l'un et l'autre ont été ruinés à la Bourse.
     
    ALDEGONDE (Mlle), Variétés, boulevard Poissonnière, n. 18 :
     

    Par quarante printemps sur sa tête amassés,
    Ses modestes appas ne sont point effacés.


    Voilà sur quoi tout le monde n'est pas d'accord.
     
    ALEXIS, Opéra. C'est un chanteur qui a une véritable voix de victime, ce qui ne l'empêche pas d'en faire (des victimes bien entendu).
     
    ALEXIS, Porte-Saint-Martin, faubourg Saint-Martin, n. 72. Quelqu'un disait que cet artiste avait mis tout son esprit dans ses jambes. - C'est donc pour cela qu'il danse si gauchement, répondit quelqu'un.
     
    ALEXIS (Mme), Porte-Saint-Martin, faubourg Saint-Martin, n. 72. Danseuse qui a fait quelques pas dans le domaine de l'hymen, et qui n'en est pas moins légère.
     
    ALLAIRE, Feydeau, rue de l'Échiquier, n. 38. C'est une grande utilité dans une seule pièce.
     
    ALPHONSE, Odéon, rue d'Enfer, n. 61. Bizarre destinée ! il était passable, on n'en parlait pas ; il est devenu bon, on l'a sifflé ; il est aujourd'hui mauvais, on l'applaudit.
     
    AMIGO (Mlle), Italiens, rue Sainte-Anne, n. 40. Italienne du royaume d'Yvetot ; yeux bleus, oreilles grandes, bouche idem, circonférence neuf pieds, bon ton.... talent idem.
     
    ANAÏS (Mlle), Odéon, rue de Seine, n. 27. Petite taille et grosse voix, grand pied et petit talent.
     
    ANATOLE (Mme), Opéra, rue Saint-Marc, n. 25. Elle est en possession des rôles de grandes princesses dansantes ; elle les remplit chez elle avec grâce et noblesse.... Son mari veut absolument qu'elle soit la première danseuse de l'Europe.... oh ! qu'elle soit la mieux faite.... ah !
     
    ANIEL, Porte-Saint-Martin, rue Saint-Martin, n. 240. Danseur méthodique et maître de ballets qui s'est engagé à ne jamais s'élever à plus de six pouces des planches.
     
    ARMAND, Français, rue Richelieu, n. 8. Il joue parfaitement les amoureux ; c'est un aveugle qui parle des couleurs. Qu'en dites-vous, Mesdames ?
     
    ARMAND, Odéon, rue d'Enfer, n. 11. Après avoir été long-temps malade en province, à l'agonie à l'Odéon, il s'est enterré aux Français.
     
    ARMAND, Vaudeville, rue Saint-Honoré, près Saint-Roch. Amoureux médiocre, qui gagne près d'Isambert.
     
    ARMAND-DAILLY, Français, rue Richelieu, n. 8. C'est la seconde édition de Pinson (je fais mes farces).
     
    ARNAL, Variétés, boulevard Montmartre, n. 6. Comme poète, c'est un excellent acteur, et comme acteur, un excellent poète.
     
    ARNAULD, Odéon. Estimable artiste qui se fait voir le moins souvent possible, moyennant une légère rétribution.
     
    AUBERT (Mlle), Opéra. Jolie danseuse qui s'élance vers le ciel en faisant la grimace au parterre.
     
    AUGUSTE, Odéon, rue de Seine, n. 20. C'est un homme passionné pour son art ; on pourrait dire qu'il joue la comédie, non pas pour manger, mais pour vivre ; et quand d'autres soins remplissent ses momens, comme un autre Titus, il s'écrie : J'ai perdu ma journée !
     
    AULETTA, Italiens, rue Froidmanteau, n. 8. Utilité par trop inutile.
     

    B.


    BAPTISTE aîné, Français, rue Saint-Honoré, n. 336. La retraite a vainement sonné, ce sociétaire a fait la sourde oreille. Le fameux Robert, chef de brigands, représenté par lui au théâtre de la rue Culture-Sainte-Catherine, il y a près de quarante ans, fut un des rôles où il excella, bien qu'il prêtât à son héros une taille de patagon, et qu'il le fît parler en capucin.
     
    BARON, Amibu Comique, boulevard du Temple, n. 86. Père noble, et frère de la ci-devant petite merveille, Léontine Fay.
     
    BARBEZ, Opéra, rue Coquenard, n. 38. Ce jeune danseur a de la verve dans les jambes. Pour sa figure, nous n'en dirons rien ; c'est la doublure de Paul, à la naïveté près.
     
    BARROYER (Mme), Variétés, rue Bellefond, n. 21. Cette duègne affirmait que pas une jeune première n'avait les cheveux aussi longs qu'elle ; la dispute s'échauffe entre ces dames ; le bonnet de la duègne vole au loin.... la tête est rase. Les amants de cette dame prétendent cependant qu'elle avait raison.
     
    BEAUVALET, Odéon. Nullité désespérante.
     
    BELLEMONT (Mme), Odéon. On s'épuise en compliments, les journaux n'ont point assez de miel et de confitures pour cette débutante.
      Nous verrons voir, quand elle aura dit au chef de départ de certains journalistes : Je ne puis..... j'ai mon journal.
     
    BELMONT (Mme), Opéra Comique, rue de la Tour-d'Auvergne, n. 8. Vingt ans de services ont valu, l'année dernière, à cette artiste, une représentation à bénéfice, où Talma, Martin, Potier, Paul, Anatole, et Montessu s'empressèrent de lui offrir la réunion de leurs talents. Cette soirée lui valut une recette de 20,000 francs. Mais, après cela, ne serait-il pas temps de dire : Adieu, panier, vendange est faite ?
     
    BELNIE, Feydeau, rue Grande-Batellière, n. 1. C'est un bel instrument.
     
    BÉRANGER, Gymnase, rue de Paradis, n. 20. Il a du feu ; Mme Théodore s'est chargée de l'entretenir.
     
    BERNARD-LÉON aîné, Gymnase, faubourg Poissonnière, n. 52. Tant qu'il est resté à ce théâtre, qui était sa véritable place, il a fait preuve d'esprit autant que de talent ; mais lorsqu'il a voulu s'élancer sur une scène plus élevée, le pied lui a glissé, et il s'est cassé le nez ; cette chute lui ayant été fatale, il est allé en province passer le temps de sa convalescence.
     
    BERNARD-LÉON jeune, Gymnase, faubourg Poissonnière, n. 10. C'est une plate copie de son frère, abstraction faite du ventre.
     
    BERTRAND(Mlle), Opéra, rue Saint-Etienne, n. 7. Cette jeune élève de Vestris danse à l'Académie morale de musique, à Feydeau et aux Italiens. C'est bien dommage qu'elle n'ait que deux jambes.
     
    BLONDIN, Variétés, rue Rochechouart, n. 23. Il était autrefois directeur d'un des premiers théâtres de la province : il est aujourd'hui modeste utilité d'un des derniers théâtres de la capitale. N'est-ce pas d'évêque devenir meunier ?
     
    BOCCAGE, Odéon, rue Saint-Jacques, n. 7. Débutant nouvellement enrôlé sous la bannière de M. Frédéric ; il n'en est pas à ses premières armes et chausse adroitement le brodequin : il contribuera sans doute à réparer les pertes nombreuses de l'Odéon.
     
    BOISSELOT, Ambigu Comique, faubourg du Temple, n. 27. On le blesse ordinairement à huit heures du soir, on le tue à dix ; il ressuscite à onze ; et cela, tous les jours.
     
    BONEL, Opéra, rue de Louvois, n. 2. C'est un grand-prêtre sacrificateur, qui semble n'avoir immolé tant de taureaux que pour dérober la voix de ses victimes.
     
    BORDIER, Gymnase, rue du Vert-Bois, n. 29. Moyennant 1500 fr. par an, cet artiste ne doit jamais se permettre une indisposition, il doit prévenir les rhumes, migraines et indigestions ; quant à cette dernière incommodité, il a de bonnes raisons pour cela.
     
    BORDOGNY, Italiens, rue Grammont, n. 17. Amoureux dont la chaleur est à dix degrés au-dessous de zéro, thermomètre de Réaumur.
     
    BOSQUIER GAVAUDAN, Variétés, rue de Provence, n. 69. C'est le plus mauvais joueur au domino du café Dufils.
     
    BOUFFÉ, Gaîté, faubourg du Temple, n. 7. Ex-acteur du Panorama Dramatique. Cet artiste est spécialement chargé de représenter les habitués de l'hôtel d'Angleterre et de la Souricière.
     
    BOUGNOL (Mme), Variétés, rue du Faubourg-Saint-Martin, n. 78. Cette dame semble avoir pris pour devise : Virtus post nummos, ce qui veut dire en bon français : Qu'elle aime à faire honneur à ses affaires.
     
    BOULANGER (Mme), sociétaire de Feydeau, rue des Colonnes, n. 2. Bonne dame, bonne actrice, bonne chanteuse :
     

    Sa mère était Vénus,
    Bacchus était son père ;
    Ne vous étonnez plus
    Qu'elle aime à rire et faire
      Et zon, zon, zon,
    Ma Lisette, ma Lisette,
      Et zon, zon, zon,
    Ma Lisette, ma Lison.

     
    BOURGEOIS, Ambigu, rue Saint-Maur, n. 43. Chaque soir il est assassin ou victime, protecteur ou protégé ; il est ou plongé dans les cachots ténébreux de toiles peintes, ou couronné sur un trône de carton.
     
    BOURGEOIS, Gaîté. C'est un bon bourgeois du Marais, tout à fait inconnu au théâtre.
     
    BOURGOIN (Mlle), Français, allée des Veuves, n. 21. Jeune princesse (46 ans) pleine de dignité sur la scène ; à table, convive spirituelle : le champagne lui inspire les bons mots qui courent les corps-de-garde.
     
    BOURGOIN(Lili), Gymnase, rue Saint-Marc, n. 9. Soeur de la précédente. Quinze ans, deux beaux yeux, un joli pied ; avec tout cela, un grand amour pour les cachemires.... Elle fera son chemin !
     
    BRAS (Mme), Feydeau, rue de Chartres, n. 25. Cette immense actrice est capable d'effacer dix ingénues de front.
     
    BRÉGY, Gaîté, rue de Malte, n. 14. De son propre aveu, cet acteur n'est nullement propre à jouer les rôles d'amoureux.
     
    BROCARD aînée (Mlle), Opéra, rue Pelletier, n. 19. Grâces légères, poses voluptueuses, élancemens de jambes, ronds de bras, mollesse enivrante, voiles diaphanes ! tout cela pour la diplomatie et les Anglais !!!
     

    Pour c'qu'est d'la souplesse d'sa taille,
    Gn'a point d'anguille qui la vaille....


    Aussi le Pactole et le fleuve du Tendre, coulent-ils doucement à ses pieds.
     
    BROCARD jeune (Mlle), Français, rue Pelletier, n. 21. Son organe est gracieux et sonore : un amateur de curiosités s'est proposé de l'unir avec le squelette vivant que l'on fait voir en Angleterre.
     
    BURON (Mlle), Opéra, faubourg Montmartre, n. 64. Mince talent soutenu par de grosses jambes ; compensation.
     
    BRUNET, Variétés. On dit que pour bien faire les rôles de niais, il faut avoir de l'esprit ; il y a vingt-cinq ans que Brunet travaille à prouver le contraire. Cet acteur est, dit-on, très-riche ; c'est le cas d'appliquer le proverbe.
     

    C.


    CAMAIDE, Gaîté, rue du faubourg du Temple, n. 66. Il était jadis au Panorama Dramatique. Doué d'infatigables poumons, il excitait les trépignemens du parterre. Aujourd'hui, il se borne à faire briller.... ses bottes.
     
    CAPELLE, Opéra, rue St.-Lazare, n. 79. Il est petit, mais est rageur. (Voy. la lithographie.)
     
    CARON, Ambigu Comique, rue du Faubourg-du-Temple, n. 21. Il n'est pas beau, mais, en revanche, il est bien laid.
     
    CARTIGNY, Français, rue Ste.-Anne, n. 18. S'occupe beaucoup plus d'arrondir son dividende personnel que celui des sociétaires du théâtre dont il fait partie ; aussi prend-il du ventre tous les jours, sans que le costumier de l'administration en ait pour cela plus d'occupation.
     
    CASANEUVE, Français, quai de la Mégisserie, n. 16. A fait ses premières armes au théâtre de Rouen, et de là il est venu arracher des torrens de larmes aux habitués de l'Ambigu Comique, qui arrivaient chaque soir voir couper en quatre cet estimable artiste, dans les Machabées. Aujourd'hui, il est le dernier au premier Théâtre Français, où ses camarades semblent l'avoir enseveli tout de bon.
     
    CASIMIR, Feydeau, rue Montmartre, n. 113. Ce n'est pas à lui qu'il faut reprocher le talent de sa femme.
     
    CASIMIR (Mme), Feydeau, rue Montmatre, n. 113. Rivale de madame Rigaut qu'elle copie. Voix délicieuse et timidité extrême. « Est-on timide quand on est si jolie ? » Actrice et timide, c'est bien ridicule, n'est-ce pas, Mlle Colon ?
     
    CASSAN (Mlle), Français. Nous sommes à savoir ce que sera Mlle Cassan ; elle a débuté l'année dernière avec un modeste succès dans le rôle de Junie de Britannicus, malgré cela le public attend toujours.
     
    CASSEL (nomade) de Bordeaux. Il rêva qu'il était Martin, et vint à Feydeau : le public, qui ne rêvait pas, ne vit que Cassel et le siffla.
     
    CAVÉ, Feydeau. Débutant qui joue les amoureux les mains dans les poches ; les chevaliers du lustre ne l'imitent pas, aussi lui dit-on bon air et bonnes façons.
     
    CAZOT, Variétés, rue Poissonnière, n. 21. Acteur utile quand il est nécessaire.
     
    CHALBOS, Vaudeville, faubourg Poissonnière, n. 10. Acteur du 7e ou 8e ordre.
     
    CHALBOS (Mlle), Variétés, rue St.-Marc, n. 6. Cette jeune Bourguignote sait fort bien aujourd'hui comment l'esprit vient aux filles.
     
    CHARLES, Gymnase, rue de Notre-Dame-de-Recouvrance, hôtel du Gymnase. Il faudrait un volume pour apprécier les qualités du jeune Charles ; nous n'en dirons rien autre, sinon qu'il a débuté l'année dernière, incognito, dans le rôle de Gustave de la Somnambule.
     
    CHARLES DUNOYERS, Ambigu, rue Saint-Jacques, n. 277. Cet acteur faisait florès dans les départemens, tant mieux ; il est revenu à Paris, tant pis ; il a été applaudi là-bas, tant mieux ; il est sifflé ici, tant pis.
     
    CHARTON (Mlle), Odéon. Bonne dans la tragédie quand elle joue le mélodrame, et meilleure dans le mélodrame quand elle joue la tragédie.
     
    CHÉRI, Ambigu Comique, rue de Crussol, n. 6. Cet acteur justifie son nom près du public ; il s'écarte de la règle commune en jouant le mélodrame avec bon sens : aussi, quoique bon camarade, ses collègues ne peuvent le souffrir, mais les petites fleuristes et plumassières de la rue St.-Denis savent l'en dédommager.
     
    CHÉZA (Mlle), Gaîté, rue des Fossés du Temple, n. 66. Cette jeune danseuse a métamorphosé son élégant boudoir en atelier de menuiserie ! Nous la défions bien de raboter ses molets.
     
    CINTI (Mlle), Opéra et Italien, rue Neuve-des-Petits-Champs, n. 6. Mange à deux rateliers. Il en est un troisième, à ce qu'on prétend ; mais, chût ! Sa voix argentine, son pied mignon, sa jolie petite taille, tout cela se paie... Demandez à certain ambassadeur !
     
    CLARA (Mlle), Vaudeville, rueTraversière, n. 10. Fille d'un fileur de coton, Mlle Clara file, au Vaudeville, des jours d'or et de soie ; on pourrait même ajouter, de cachemire.
     
    CLARA (Mlle), Ambigu, rue de Lancry, n. 29. Jolie danseuse, qui est encore au théâtre où elle fit ses premiers pas : Dieu sait pourtant combien elle en a fait depuis.
     
    CLOZEL, Gymnase, Rue Montholon, n. 24 bis. Joli garçon..... du temps des assignats, il serait meilleur comédien, s'il ne voulait sans cesse faire oublier son âge.
     
    COEURIOT, Odéon, premier tenor. C'est un de ces nombreux débutans dont le public est journellement assassiné à l'Odéon : on le dit reçu, ce qui ne veut pas dire qu'il soit bon. Demandez à Lecomte.
     
    COLON (Mlle Éléonore), Opéra Comique, rue des Colonnes, n. 10. Froide minaudière de province ; elle croit valoir elle seule Mme Rigaud, Mme Casimir et Mlle Prévost. Ah ! Mlle Éléonore,
     

    Pour vous juger ainsi vous avez vos raisons,
    Mais vous permettrez bien que nous en ayons d'autres
    Qui se dispenseront de se soumettre aux vôtres.

     
    COLON (Mlle), Vaudeville, rue Feydeau, n. 4. On dit qu'elle a quitté Feydeau les mains nettes ; c'est possible, cela ne veut pas dire qu'elle en soit sortie les mains blanches.
     
    COLON (Mme), Opéra Comique, rue des Colonnes, n. 10. Doublure de Mlle Desbrosses. Elle est mère de Mlle Éléonore, et borne là ses prétentions dramatiques.
     
    COLSON, Odéon. Joli garçon, qui a plus de chaleur que de talent, plus de voix que de savoir faire. Cependant il se dit fort bien avec les dames du faubourg St.-Germain.
     
    CONSTANCE (Mlle), Ambigu, rue de Lancry, n. 33. Cette jeune première a forcé Mlle Éléonore à baisser le ton ; si Mlle Constance chantait juste, sa rivale déchanterait bien mieux.
     
    CORALIE (Mlle), Porte-Saint-Martin, boulevard Saint-Martin, n. 8. Ce qu'elle a de mieux, c'est la jambe, dont elle sait, dit-on, tirer parti. Elle fait les rôles de jeunes amoureuses.
     
    CORALY, Porte-St.-Martin, boulevard St.-Martin, n. 8. Maître des ballets, dont la réputation ne dépasse pas les limites du cinquième arrondissement.
     
    COSSARD, Vaudeville, rue Saint-Honoré, en face de l'Oratoire. Il s'est fait applaudir par ses charges et caricatures, maintenant il se fait siffler... Le tout par manière de passe temps.
     
    COSSARD, Vaudeville, rue St.-Honoré, n. 130. Presque aussi froid qu'Isambert ; il a fait au Théâtre Français un séjour qui n'a augmenté ni sa fortune ni son talent.
     
    COULON, Opéra, rue des Colonnes, n. 2. Danseur excellent, auquel cependant il manque quelque chose.
     

    « ..... Je m'en tais,
    « Et ne veux lui causer nul ennui ;
    « Ce ne sont pas là mes affaires. »

     
    CROMBÉ, Porte St.-Martin. Que dire de M. Crombé ? je ne sais : qu'on peut savoir chez lui, rue de Lancry, n. 31, ce qu'il en pense.
     

    D.


    DABADIE, Opéra. Successeur de Laïs qu'il n'a pu remplacer. Il s'est distingué jadis au barreau par la force de ses poumons. Il manque un peu de ce que celui-ci avait beaucoup, et n'a pas assez de ce qui lui manquait : du goût et du comique.
     
    DABADIE (Mme), Opéra. Voici ce que se dit souvent son mari :
     

    « C'qu'elle a d'superbe, c'est la bouche ;
    « Queu plaisir quand la mienne y touche !
    « Ça m'met l'esprit tout à l'envers
    « Quand on m'répett' qu'ell' l'a d'travers. »

     
    DARANCOURT, Feydeau. Il a ses deux génies, son perroquet et son directeur : il jure avec l'un et se bat avec l'autre.
     
    DAVESNES, Ambigu. Peu connu, même au boulevard du Temple, que fait-il donc au théâtre ? - Ce n'est pas nous qui le dirons.
     
    D'AUMONT (Mme), Opéra, rue des Messageries, n. 18. A l'Opéra on la fait danser le ballet, chez elle au contraire c'est elle qui le fait danser.
     
    DAVID, Français, rue Feydeau, n. 4. Cet acteur a bon ton à la ville comme à la scène ; il chausse avec autant de facilité le cothurne que l'escarpin, c'est dommage qu'il ne puisse pas se coiffer de même ; perruque !... perruque !...
     
    DEFRÈNE, Porte-Saint-Martin, rue de Bondy, n. 22. Comédien et restaurateur, il dissimule un plat avec autant d'aisance qu'une trahison. Il est de plus marchand de seringues, c'est un malheur, mais hélas ! auquel il n'y a pas de remède.....
     
    DÉJAZET (Mlle), Gymnase, rue Saint-Denis, n. 374. Elle n'a qu'une dent, elle la garde au rédacteur du Courrier des théâtres.
     
    DELACROIX (Mlle Émilie), Opéra, cul-de-sac Coquenard, n. 24 :
     

    « Quand on est belle et sage,
    « On est belle deux fois. »


    Cette danseuse si jolie a la plus douce expression dans les traits, ses poses sont gracieuses et légères ; c'est la vierge de l'Opéra.
     
    DELAFOSSE, Français. C'est un de ces artistes dont le nom figure sur l'affiche quand les ouvreuses restent chez elles.
     
    DELATTRE (Mlle), Odéon, rue de l'Odéon, n. 31. Froide et triste comme un verrou de prison.
     
    DÉLIA, Vaudeville. Elle s'est prise de passion pour les befteacks, les rossbeafs et les milords, avec lesquels elle banquette et passe joyeusement une partie de sa vie.
     
    DEMERSON (Mlle), Français, rue des Bons-Enfans, n. 25. La meilleure des soubrettes, elle a épousé un commissaire des guerres avec qui elle n'a pas fait ses premières campagnes.
     
    DÉRIVIS, Opéra, rue Grange-Batelière, n. 51. Il pleuvait, quelqu'un passe rue Pelletier, et s'écrie effrayé : Ciel ! le tonnerre de Dieu m'écrase ! Rassurez-vous, lui dit-on, c'est Dérivis qui répète !
     
    DESBROSSES (Mlle), Feydeau, rue Montmartre, n. 173. Soixante-douze ans et la jambe bien faite ; elle a eu l'honneur d'être rosière la moitié de sa vie.
     
    DESMOUSSEAUX, Français, rue de la Jussienne, n. 25. Gendre de Baptiste aîné, on lui apportait le manteau d'Agamemnon, il se fâcha parce qu'on n'y avait pas fait de poches ; sur l'observation de son beau-père que les anciens n'en portaient point : « Je voudrais bien savoir, dit Desmousseaux, où le roi des rois mettait sa tabatière ? »
     
    DESMOUSSEAUX (Mme), Français, rue de la Jussienne, n. 15. Fille de Baptiste aîné, elle est sociétaire du théâtre, nous ne lui connaissons pas d'autre titre.
     
    DESPRÉAUX, Gymnase.
     

    « C'était un bien grand homme
    « Que monsieur Despréaux, était-il de Paris ? »

     
    DEVIGNY, Français, rue du Hasard, n. 15. Il passe son temps à jouer aux échecs au café Valois, lorsque les billards sont pris.
     
    DODEL, Vaudeville. On le voit rarement ; il est probable que, par égard pour le public, il fait dodo dans quelque coin du monde. Requiescat in pace.
     
    DONZELLI, Italiens. Chanteur qu'on entend trop rarement et qui ne paraît pas se soucier beaucoup des applaudissemens parisiens.
     
    DORGEBRAY (Mlle), Odéon. C'est une maigre actrice qui a montré quelque talent dans les castilblazades.
     
    DORMEUIL, Gymnase, faubourg Poissonnière, n. 102. Régisseur de ce théâtre. Il était autrefois dans la garde nationale de Paris, où il obtint en peu de temps le grade d'aide-de-camp du duc de Reggio ; aussi joue-t-il les rôles de biset au naturel.
     
    DORMEUIL (Mme), Gymnase, faubourg Poissonnière, n. 102. Ancienne figurante du Vaudeville ; connue sous le nom d'Esther, elle est timide et rougit jusqu'à la racine des cheveux.
     
    DORVAL (Mme), Porte-Saint-Martin, rue Meslée, n. 63. A été dernièrement obligée de plaider son innocence le matin au tribunal correctionnel, sixième chambre, et le soir devant une chambrée complète, au tribunal de la Porte-Saint-Martin.
     
    DUBIÈS, Ambigu. C'est un de ces honnêtes brigands, la terreur des petits enfans et des ingénues du marais.
     
    DUBOURJAL, Ambigu. Il est un peu moins gras que son prédécesseur Klin, mais en revanche il est un peu plus faible.
     
    DUCHESNOIS (Mlle), Français, rue de la Tour des Dames, n. 3. Du talent, on le dit ; de l'esprit, on le croit ; de la figure, on le sait.
     
    DUGY, Porte-Saint-Martin, faubourg Saint-Martin, n. 102. Il n'a rien a démêler avec la renommée, de crainte de rivaux ou d'envieux ; sa maxime est : Qui terre a, guerre a.
     
    DUMESNIL, Gaîté, rue Ancelot, n. 4. Les anciens mélodrames où les niais étaient de première nécessité, firent la réputation de cet artiste, qui est resté niais depuis une trentaine d'années à peu près. Le Pied de mouton, La Queue du diable, et autres pièces de ce genre, bien qu'elles n'eussent ni queue ni tête, durent toute leur vogue à l'originalité de Dumesnil ? Demandez plutôt à Lazarille.
     
    DUMILATRE, Français, rue Saint-Honoré, n. 196. Confident qui a toujours l'air de manger des petits pâtés sur la tête d'Oreste, d'Hamlet, voire même de Sylla.
     
    DUMOUCHEL, Gaîté, rue des Fossés du Temple, n. 5. C'est l'acteur le plus triste, et le plus triste acteur du théâtre de la Gaîté.
     
    DUMOUCHEL (Mlle), Gaîté, rue des Fossés du Temple, n. 5. Elle marche obliquement, parle mal et chante faux. Son véritable nom est de Louchoeil.
     
    DUPARAY, Odéon, rue des Fossés Saint-Germain-des-Prés, n. 9. Ce serait un comédien très-propre sans sa tabatière.
     
    DUPRÉ, Odéon. Petit chanteur, dont on ne connaît pas au juste les prétentions ; il se dit premier tenor, on sait ce qu'il vaut.
     
    DUPONT (Mlle), Français, rue de Rivoli, n. 12. Vraie luronne, qui sait le mérite d'un joli pied et d'une belle chevelure.
     
    DUPUIS (Mlle Rose), Français, rue de Richelieu, n. 19. Il est fâcheux pour nous de n'avoir que des éloges à lui donner : nous lui en demandons bien pardon.
     
    DUPUIS (Mlle Adèle), Gaîté, rue Meslée, n. 34. Une petite fille qui assistait à une des représentations d'Elodie, s'écria en montrant du doigt cette actrice : « Tiens, regarde donc, maman, c'est grand' maman qui joue la petite demoiselle ! »
     
    DUPUIS (Mlle), Porte-Saint-Martin, rue Notre-Dame-Bonne-Nouvelle, n. 13. Légèreté de caractère, souplesse de hanches, et le désir d'arriver. Elle ira loin.
     
    DUSSERT (Mlle), Vaudeville, rue des Petits-Champs, n. 39. Mademoiselle Dussert a été engagée pour remplacer Mme Perrin, c'est une véritable mystification.
     
    DUTERTRE (Mlle), Odéon, rue de l'Odéon, n. 31. Elle se perdit un jour sous le manteau d'Eric-Bernard : le bon public riait !...
     
    DUVERNOIS, Gymnase. Amoureux transfuge de Feydeau. Il est chéri des dames, cela s'explique, il donne du cor ; mais hélas !
     

    E.


    EDOUARD, Odéon, rue Saint-Honoré, n. 49. C'est un valet de la vieille roche ; il ne quitterait pas la livrée alors même qu'on lui refuserait ses gages.
     
    ÉLÉONORE (Mlle), Ambigu, faubourg du Temple, n. 25. Elle joue passablement, et chante juste ; on ne peut cependant dire qu'elle soit bonne.
     
    ELIE, Opéra Ce polichinelle croit égaler Mazurier, et le public donne dans la bosse.
     
    ELIE (Mlle), Opéra, faubourg Montmartre, n. 13. Elle est jolie et danse bien.... Extrait de la Biographie des acteurs (année 1777).
     
    ELISA (Mlle), Ambigu. Si son jolie visage fait battre les coeurs, ses jambes battent souvent la campagne.
     
    ÉMILE, Vaudeville, rue de l'Échiquier, n. 3. Bon comédien, chansonnier joyeux, il décoche une épigramme avec autant d'aisance qu'il boit un canon.
     
    ÉMILIEN, Gymnase, rue de la Tixeranderie, n. 49. C'est une véritable boule des pieds à la tête.
     
    EMMA (Mlle), Ambigu, rue Basse du Temple, n. 40. La plus jolie pleureuse du boulevard du Temple, elle n'a jamais jeté le mouchoir qu'aux amateurs sensibles qui en ont mouillé en l'écoutant.
     
    ÉRIC-BERNARD, Odéon, rue de Bussy, n. 10. Il crie comme un sourd, ce qui ne l'empêche pas de bien jouer les rôles d'aveugles.
     
    ERNESTINE (Lauty), Variétés, rue Meslée, n. 53. A refusé de nous envoyer son article.

     

    F.


    FALCOZ (Mlle), Odéon. Femme charmante qui s'est persuadée que la beauté pouvait tenir lieu de talent ; malheureusement le public est d'un autre avis.
     
    FANNY (Mlle), Gymnase, rue Basse Saint-Denis, n. 16. C'est une de ces petites paysannes très-délurées qui ne craignent pas qu'on les fane.
     
    FARGUEIL, Variétés. Il joue bien rarement, disent les uns ; il joue trop souvent, disent les autres. Arrangez cela.
     
    FAURE, Français, rue des Petits-Pères, n. 3. Monsieur, c'est une lettre...
     
    FÉDÉ, Vaudeville, rue Montmartre, n. 167. Ses boucles d'oreilles font passer sa figure.
     
    FÉLICIE, Variétés, rue du Helder, n. 23. Lorsque cette actrice est en scène, ses yeux ne quittent pas les loges ; cela vient, dit-on, de ce qu'elle chasse deux lièvres à la fois ; Mlle Félicie assure pourtant qu'elle se contenterait d'un pigeon.
     
    FÉLIX (Huard), Odéon. C'est un amoureux transi qui ne manque pas de talent dans la canicule.
     
    FERDINAND, Opéra. Ce joli petit danseur s'embarrassa un jour dans les jambes de sa femme, ils firent une chute tous les deux, et depuis ce temps, comme au marquis de B...., on ne fait que lui répéter : M. Ferdinand, vous avez une bosse au front !
     
    FERDINAND (Prévost), Opéra. Le jarret tendu, le nez au vent et le bras arrondi, il semble en dansant faire la chasse aux hirondelles.
     
    FERDINAND, Gaîté, enclos du Temple, cour des Arts, n. 26. Gaillard audacieux sur la scène, au demeurant le meilleur fils du monde.
     
    FÉRÉOL, Feydeau. Il est un peu de tout ; acteur, peintre, violoniste, chanteur et grimacier. J'en sais qui se chargeraient bien de tous ses talens pour le baiser d'Ambroise.
     
    FIERVILLE, Gymnase. Cet artiste tient un bureau de correspondance ; si ses messages sont aussi lourds que lui, nous plaignons bien le courier.
     
    FIRMIN, Français. Il est sociétaire, et n'en est pas plus mauvais... néanmoins.
     
    FIRMIN, Feydeau. Il faut lui rendre justice, quand une répétition est arrêtée, c'est lui qui la remonte.
     
    FLEURY, Variétés. Rappelez-vous qu'il demeure à Belleville.
     
    FLEURY, Porte-Saint-Martin, faubourg Saint-Martin n. 8. Danseur dit comique.
     
    FLEURY (Mlle), Gymnase. C'est une jeune première qui se passe un peu ; au théâtre une rose est si tôt fanée.
     
    FLORE, Variétés, rue du Faubourg Montmartre, n. 25. Grosse réjouie à laquelle la romance de Guernadier a fait une réputation colossale ; elle n'a point de rivales pour les rôles de cuisinières : c'est l'héroïne du pot-au-feu.
     
    FLORENTINE (Mlle), Porte-Saint-Martin, faubourg Poissonnière, n. 3. Danseuse qui fait, dit-on, une certaine consommation de céruse ; et à quoi bon, je vous le demande ?
     
    FLORVAL (Mme), Porte-Saint-Martin. Cette actrice joue les rôles de fée ; elle a fait tant de dons qu'il ne lui est rien resté.
     
    FONTENAY, Vaudeville, rue des Fossés-Saint-Germain-l'Auxerrois, n. 36. On le dit fort bon quand la salle est vide. Que ne pouvons-nous dire à fortiori quand elle est pleine.
     
    FOURCISY (Mlle), Opéra, rue Saint-Marc, n. 2. Cette jeune danseuse rappelle les barricades, elle se plaint de ce que Dérivis lui marche toujours sur les mains.
     
    FRANCISQUE, Gaîté. D'autres biographes en ont dit beaucoup de mal après en avoir dit beaucoup de bien ; le public a été tout surpris d'apprendre qu'il existât un artiste de ce nom ; c'est un jeune premier qui ne sera jamais le premier de son emploi.
     
    FRÉDÉRIK, Ambigu, rue Sainte-Appoline, n. 21. C'est un véritable brigand... sur la scène : je ne sais si c'est pour cette raison qu'il va si souvent en prison.
     
    FRÉMONT (Mlle), Opéra. Bayadère chantante, dont la timidité gâte le jeu ; c'est un défaut qu'elle perdra vite à l'Opéra.
     
    FRÉNOY, Ambigu, rue Pierre-Lescot, n. 39. Ancien tanneur, il a conservé son goût pour les cuirs.

     

    G.


    GABRIEL, Gymnase, rue de Breteuil, n. 6. Amoureux peu redoutable, qui se bat les flancs et n'en est pas plus échauffé.
     
    GABRIEL, Gaîté. Avec la meilleure volonté du monde, nous devons le laisser dormir dans l'enclos du Temple, n. 78.
     
    GAILLET, Opéra, rue de Provence, n. 25. Belle paire d'oreilles !
     
    GALLI, Italiens. Je ne sais si c'est depuis qu'il a joué le rôle de Moïse sauvé des eaux, que ce pauvre bouffe est si froid.
     
    GAUTHIER, Ambigu, rue Basse du Temple, n. 34. Il était autrefois au Cirque Olympique, et resta toujours en bonne intelligence avec ses camarades quadrupèdes et bipèdes. Il passa au Panorama Dramatique, et par suite de discussions survenues entre lui et le dromadaire, dans le mimodrame des Bédoins du désert, il donna sa démission, et fut engagé aussitôt à l'Ambigu. C'est le plus beau des bandits qui soient sur le boulevard du Temple.
     
    GAVAUDAN, Feydeau, boulevard des Italiens, n. 7. La réputation de cet acteur est immense, et, chose rare, elle est méritée. Il chantait parfaitement les rôles de Colin ; nous disons, il chantait, car... c'est encore un de nos meilleurs mimes.
     
    GENOT, Feydeau, rue Feydeau, n. 26. Chanteur faible, acteur nul.
     
    GENOT (Mme), Feydeau. Appliquer à cette actrice les deux membres de phrase de l'article précédent, en les retournant avec la même adresse.
     
    GEORGES (Mlle), cosmopolite, rue de l'Odéon, n. 25. Jamais débuts ne furent plus orageux que ceux de cette actrice. Un malencontreux coup de sonnette lui fit faire un long voyage en Russie : elle conclut ensuite un engagement avec la Sainte-Alliance, qui la céda au faubourg Saint-Germain ; c'est là qu'on l'a vue quelquefois dans le temps de la mort de cette pauvre Jeanne d'Arc, si méchamment brûlée par ce méchant M. Soumet.
     
    GERSAY (Mlle), Odéon, rue Percée, n. 11. C'est une confidente ; si elle parle peu, cela vient de ce qu'on la paie pour se taire : c'est de l'argent bien employé.
     
    GILBERT, Ambigu, rue Beauregard, n. 36 ; chef de patrouille dont on ne connaît guère que le port d'armes.
     
    GOBERT, Porte-Saint-Martin, rue de Malte, n. 11. C'est le boulevard de la Porte-Saint-Martin.
     
    GOBERT (Mme), Gaîté, rue de Malte, n. 11. Elle a les passions vives : l'amour s'en trouve bien ; mais l'hymen....
     
    GONTHIER, Gymnase, rue Montmartre, n. 173. Il devient bien gros, bien rond, bien lourd ; c'est pourtant sur son dos que M. Scribe vole à l'immortalité.
     
    GOSSELIN, Opéra, rue Saint-Marc, n. 25. C'est le frère de Mme Anatole, à qui jamais ses moyens ne le feront comparer ; il double Coulon, et se croit un homme pour cela !
     
    GOUGIEUS (ci-devant Mlle), ci-devant à la Gaîté, rue des Fossés-du-Temple, n. 43. Elle enrichit chaque année la France d'un petit citoyen.
     
    GRANGÉ, Feydeau, rue Montmartre, n. 163. C'est une basse-taille de quatre pieds six pouces.
     
    GRANGER, Porte-Saint-Martin, rue des Petites-Ecuries, n. 8. Il a quitté ses amis des Pays-Bas, pour se mettre sur le dos la Porte-Saint-Martin.
     
    GRANVILLE, Français, place du Palais-Royal, n. 241. Financier converti ; pour peu qu'on le réduise encore, c'est un homme frit.
     
    GRASSARI (Mlle), Opéra, rue d'Artois, n. 2. Jolie chanteuse qui porte un vilain chapeau sur une belle tête.
     
    GRAZIANI, Italiens, rue Feydeau, n. 25. Véritable bouffe, il est d'une gaîté communicative.
     
    GRIVEDON (Mme), Gymnase, faubourg Poissonnière, n. 3. Si Mlle Julienne lui donnait un peu de ce qu'elle a de trop, elles y gagneraient toutes les deux.
     
    GROS (Mlle), Odéon, rue des Vertus, n. 9. Quelqu'un disait dernièrement la grosse Mademoiselle Gros est bien grosse ; c'est un mérite qui n'est pas mince.
     
    GUÉNÉ, Vaudeville, rue des Vieux-Augustins, n. 51. Il était médiocre autrefois, il est détestable aujourd'hui : qu'on dise qu'il ne fait pas de progrès.
     
    GUÉRIN ((Mlle), Français, rue Saint-Anne, n. 14. Grosse taille, gros nez, grosse figure et gros poumons. Elle fait les rôles de princesses, et n'a pas l'air de s'en douter. Iphigénie prisait-elle, Mlle Guérin ? M. Duparai serait tenté de le croire.
     
    GUEZPONT, Gaîté, petite rue Saint-Pierre, n. 18. Danseur roide et guindé ; nous le recommandons à Charlet pour la première caricature.
     
    GUILLEMIN, Vaudeville, rue des Fossés-Saint-Germain-l'Auxerrois, n. 36. C'est un jeune premier de la force de Guéné.
     
    GUILLEMIN (Mme), Vaudeville, rue des Fossés-Saint-Germain-l'Auxerrois, n. 36. Elle est souvent amoureuse de son mari...... en scène, bien entendu.
     
    GUYAUD, Feydeau, rue de la monnaie, n. 19. Quand, ainsi que le promet l'Evangile, les derniers seront les premiers, cet acteur ne sera pas manchot. Des Français, où certes il n'était pas bon, il est passé à Feydeau, où probablement il n'est pas meilleur.

     

    H.


    HÉLOÏSE (Mlle), Gaîté, rue du Pont-aux-Biches, n. 5. On voulait faire entrer cette danseuse dans un nouveau paraclet. Ne se croyant aucune disposition pour être l'amante d'un Abailard, elle a préféré se faire danseuse à la Gaîté.
     
    HENRI, Feydeau, rue du Faubourg Saint-Denis, n. 19. Quand saint Paul entra à Athènes, il lut sur le frontispice d'un temple : DEO IGNOTO (au Dieu inconnu) ; pourquoi la même inscription n'est-elle pas gravée sur le dos de M. Henri ?
     
    HERVEY (Mme), Vaudeville, rue de Richelieu, n. 32. Actrice médiocre qui, gonflée de quelques succès, abandonna Momus pour Thalie ; sa réputation agonisante prend maintenant l'air natal, ce qui ne l'empêche pas d'empirer.
     
    HÉRET, Porte-Saint-Martin, rue Notre-Dame-Nazareth, n. 3. Nul ne saurait lui être comparé, si ce n'est pourtant le pompier de garde au théâtre.
     
    HUET, Feydeau, rue des Colonnes, n.12. Nos bons amis les ennemis lui ont fait gagner de l'argent et perdre la voix ; depuis 1815, il a mangé l'un, et n'a pas retrouvé l'autre. Il croyait remoucher son directeur en lui demandant des comptes ; celui-ci, qui ne se mouche pas du pied, lui fit rendre le sien. Il paraît qu'on leur a dit : suffit.
     
    HULEY (Mlle), Vaudeville, rue Saint-Honoré, n. 136. Modeste utilité qui ne cherche point à fixer les regards.
     
    HULLIN (Mlle), Opéra, rue Duffaut, n. 21. C'est une danseuse à laquelle le célèbre Tulou veut beaucoup de bien ; c'est le cas de dire que ce qui vient de la flûte s'en retourne au tambour.
     
    HYPPOLITE, Vaudeville. Père la joie, qui fait tort au père Sournois.
     
    HYPPOLITE, Porte-Saint-Martin, rue Geoffroy-Langevin, n. 14. Enigme à deviner : qu'est-ce que M. Hyppolite ? A la seconde édition pour la solution.

     

    I.


    IRMA (Mlle), Gymnase, rue Saint-Étienne, n. 17. Cette jeune danseuse se trouve charmante, possibilité. Le public la trouve médiocre, certitude.
     
    ISAMBERT, Vaudeville, rue Traversière-Saint-Honoré, n. 20. Comme amoureux, on le dit très-bien dans Haine aux Femmes.

     

    J.


    JAWURECK, Académie royale de Musique, rue des Petites-Ecuries, n. 29. Elève de Garat. Cette jeune bayadère possède une voix fraîche et gracieuse, une taille légère et svelte ; ses poses sont quelquefois ravissantes. On la dit aussi passionnée pour son art que sensible à la peau du tigre.
     
    JAWURECK (Mlle), Ambigu, rue des Mauvais Garçons, n. 7. C'est la voix de sa soeur, mais las ! voilà tout.
     
    JEMMA, Porte-Saint-Martin, boulevard Saint-Martin, n. 8. Le nom de cet acteur a figuré quelquefois sur l'affiche : talent imperceptible.
     
    JENNY VERTPRÉ, Gymnase, rue du Gardeur, n. 12. Ingénue qui a fait la campagne de Moskou... sans compter les autres. (Historique.)
     
    JOANNY, Français, rue du Jardinet, n. 1. Il veut copier Talma ; c'est la fable de la grenouille, vous savez. Il s'enflait à l'Odéon, il est venu crever aux Français.
     
    JOLY, Vaudeville, rue de la Paix, n. 12. C'était un joli acteur qui avait un joli talent, et qui aujourd'hui bat joliment en retraite.
     
    JONAS (Mlle), Porte-Saint-Martin. C'est une vierge d'Israël qui ne laisse point sa fraîcheur au théâtre : elle a promis de toujours marcher dans la voie de la sagesse, ou de mourir comme feue pudibonde Atala.
     
    JOSÉPHINE (Mlle), Gaîté, boulevard du Temple, n. 10. Charmante, oui, si vous regardez sa figure ; mais... après cela, holà !
     
    JULIA (Mlle), Opéra, rue du Faubourg Poissonnière, n. 10. Cette danseuse ferait d'un chrétien un renégat, si tant seulement elle disait un mot... propre.
     
    JULIENNE (Mlle), Gymnase, rue de la Lune, n. 23. Elle demandait à être doublée. « Doublée, madame ! s'écria le régisseur, deux aunes de circonférence ! Doublée !..... Vous voulez donc nous forcer à élargir les portes ? »

     

    K.


    KINNKINDT, Opéra, rue d'Argenteuil, n. 21. Il est surnommé par ses camarades le Taureau ; les nymphes des coulisses assurent qu'il n'en a que la voix.
     
    KLIN, Gymnase, rue de Bretagne, n. 44. Il faillit un jour entrer tout entier et se noyer dans un flacon d'eau de Cologne dont il respirait l'odeur. Comme acteur, il a long-temps jeté un vif éclat à l'Ambigu Comique : mais au Gymnase, clinquant.

     

    L.


    LAFEUILLADE, Feydeau, rue Neuve-Saint-Marc, n. 6. C'est le casse-coeur du quartier Feydeau, voire même du faubourg Saint-Germain, demandez plutôt à Mme M.....
     
    LAFITTE, Français, place du Musée, n. 21. Ce nom n'est connu que du caissier.
     
    LAFOND, Français, rue d'Enfer, n. 31. Honnête citoyen auquel comme acteur on a fait dire :
     

    ........................ J'ai vu mes plus beaux jours
    S'envoler les premiers, s'envoler pour toujours.

     
    LAFOND, Vaudeville, rue Froidmanteau, n. 8. C'est une de ces figures qui font tort aux têtes à perruque en cire que l'on voit chez nos coiffeurs les plus élégans. Dernièrement ce jeune acteur soutenait qu'il avait mesuré la circonférence de sa cuisse avec celle de l'Apollon du Belvéder, et que leurs proportions étaient absolument les mêmes. Avis à qui veut s'en assurer.
     
    LAIGNELET (Mlle), Variétés, rue Feydeau, n. 16. C'est le désespoir de Mlle Pauline.
     
    LAMI, Odéon. Talent comme il en faut à l'Odéon, il joue en troisième les amoureux dans la comédie... ; en voilà plus qu'on ne pouvait espérer.
     
    LE BRUN (Mlle), Italiens, rue de Louvois, n. 7.
     

    Le premier pas se fait sans qu'on y pense.


    C'est ainsi que l'a fait cette jeune ingénue de seize ans. Le public attend pour voir si le second se fera de même. Nous en dirons quelque chose incessamment.
     
    LECLERC, Odéon, rue Meslée, n. 17. Il était naguère, à Feydeau, l'héritier en titre de Chenard ; ses moyens ne lui permettant pas de fortes avances, il n'avait accepté la succession que sous bénéfice d'inventaire : depuis il y a définitivement renoncé.
     
    LECOMTE, Français, rue Saint-Anne, n. 1. Il ne lui manque rien que ce qu'il faut pour faire un bon acteur, titre, auquel du reste il ne vise pas.
     
    LECOMTE, Odéon, rue Sainte-Hyacinthe, n. 2. On ne peut reprocher à cet acteur qu'une seule chose, c'est de toujours choisir les rôles où il y a à boire ou à manger, parce qu'il profite de cette circonstance pour mettre les petits gâteaux dans ses poches ; du reste, il passe généralement pour avoir une jolie méthode de chant, avec beaucoup d'économie dans la voix.... comme dans son ménage.
     
    LEFÈVRE, Opéra, rue Nazareth, n. 28.
     

    La danse n'est pas ce que j'aime,

    a l'air de se dire tous les soirs ce jeune artiste ; c'est dommage, il a des dispositions.
     
    LEFÈVRE, Variétés, rue Saint-Denis, n. 348. A ses jambes on le prendrait pour le mari de Vénus ; nous engageons l'Opéra à jeter les yeux sur lui pour le rôle de Vulcain, dans le nouveau ballet.
     
    LE GALLORS (Mlle), Opéra, rue Grétry, n. 1. N'est pas aussi jolie qu'on veut bien le trouver, et danse plus mal qu'elle n'en à l'air ; ce qu'elle sait le mieux, c'est faire comme si elle ne s'en apercevait pas.
     
    LEGRAND, Gymnase, rue aux Ours, n. 12. Ce jeune acteur, ne pouvant faire oublier Potier aux Variétés, a du moins consolé les amateurs de ce théâtre, en l'abandonnant pour entrer au Gymnase, où il se console à son tour en s'oubliant souvent dans ses rôles.
     
    LÉMERY (Mlle), Variétés, faubourg Saint-Denis, n. 64. Jeune débutante qui montra beaucoup de timidité ; on la dit cependant fort aguerrie.
     
    LEMONIER, Feydeau, rue Saint-Anne, n. 57. Mlle Regnault se chargea de l'éducation dramatique de Lemonier, il y a dix ans environ ; sous un tel maître les progrès du jeune élève ne pouvaient être douteux, aussi l'épousa-t-elle après. Nous ignorons tout ce que Mlle Regnault montra à Lemonier ; ce ne fut pas sans doute à chanter toujours juste.
     
    LEMONIER (Mme), Feydeau, rue Saint-Anne, n. 57. Elle se ressent de l'éducation qu'elle a donnée à son mari. Il semble que cette artiste accouche tous les trois mois régulièrement. Cette étonnante fécondité doit nécessairement influer sur ses moyens, aussi...
     
    LEMOULE (Mlle), Odéon. Chanteuse agréable, qui ne manque pas de moyens de séductions ; ses paroles sont mielleuses et sa voix grassayante ; elle a du sucre dans la bouche.
     
    LÉON (Mme), Porte-Saint-Martin, faubourg Saint-Martin, n. 38. Grosse prêtresse de Terpsychore, qu'un gros embonpoint a fait jeter à corps perdu dans le mélodrame, où, grâce aux longues robes, elle peut dissimuler ses grosses jambes.
     
    LÉON-BIZOT, Odéon. Le talent de ce jeune baryton est en harmonie avec sa taille (quatre pieds neuf pouces et demi). M. Sosthènes de la Rochefoucauld, qui depuis long-temps désirait un nain pour l'adjoindre à son Turc, avait jeté son dévolu sur Léon-Bizot, son engagement avec l'Odéon expiré ; depuis ce temps, Léon-Bizot ne se chausse plus qu'avec des bottes montées sur un talon de six pouces ; il refuse tous les rôles où il faut paraître en escarpins.
     
    LÉONTINE FAY (Mlle), Gymnase. Charmante petite que le public idolâtre, malgré les lâches platitudes du Corsaire et d'autres folliculaires, ejusdem farinæ
     
    LÉOPOLD, Porte-Saint-Martin, rue Notre-Dame-Bonne-Nouvelle, n. 2. C'est un homme que sa mauvaise étoile a poussé sur le théâtre, et qu'une bonne lune en fera sortir.
     
    LEPEINTRE aîné, Variétés, boulevard Poissonnière, n. 16. Du talent, on veut qu'il en ait ; une bonne tenue, pas toujours ; de la mémoire, pas souvent ; du feu, de temps en temps ; une bel organe, couci-couci ; de la rondeur, quelquefois ; de la voix, on le sait. Acteur parfait, nunquam.
      Un mauvais plaisant du parterre disait en voyant Lepeintre : Les bras de cet acteur ne lui viennent jamais qu'au coude.
     
    LEPEINTRE jeune, Vaudeville, rue Froidmanteau, n. 8. N'est que la contre-épreuve de son frère.
     
    LEQUIEN, Gaîté, rue Ménilmontant, n. 75. Comme artiste c'est un honnête citoyen.
     
    LEVASSEUR, Italiens, rue Grammont, n. 8. Acteur à la Bordogni, chanteur à la Dérivis. C'est une orgue ambulant qui souvent a besoin de réparation.
     
    LEVERD (Mlle Émilie), Français, rue Roquépine, n. 3. Naquit en 1784, et tira, de fort bonne heure, parti de son joli visage. Elle entra très-jeune encore dans le corps des ballets de l'Opéra. Elle débuta à la comédie française en 1808, où les succès qu'elle obtint parvinrent à guérir les fréquentes migraines de Mlle Mars, son chef d'emploi. M. d'Arlincourt appelle les forêts les cathédrales de la nature ; on pourrait dire avec autant de raison que Mlle Leverd est la cathédrale de la scène.
     
    LIGIER, Français. Petit phénomène de l'école de déclamation. On rapporte que cet artiste pensionnaire, se regardant un jour dans une glace, frémit en apercevant sa conformation laponne ; mais se rappelant que Lequien n'était ni beau ni grand, il se consola en concluant que, puisqu'il était aussi petit que ce célèbre acteur, il était aussi grand.
     
    LOUVET, Feydeau, rue des Moulins, n. 1er. Acteur dont le talent ne porte ombrage à personne, et qui du reste vit en bonne intelligence avec ses camarades, qu'il ne voit jamais que d'un bon oeil.
     

    M.


    MADA (Mlle), Ambigu, rue Saint-Denis, n. 277. C'est le double de Mlle Palmyre, nous voulons dire qu'elle est deux fois grosse comme elle.
     
    MANTE (Mlle), Français, rue l'Évêque, n. 15. Seconde édition de Mlle Leverd, revue, corrigée et diminuée.
     
    MARGAILLAN, Feydeau. Qu'importe aux entrepreneurs de réputation si cet acteur a chanté faux ? l'abonnement est payé.... En avant la claque !
     
    MARIA (Mlle), Variétés, faubourg Montmartre, n. 7. C'est la doublure de Mlle Aldegonde, pourquoi Mlle Aldegonde n'est-elle pas la doublure de Mlle Maria ? On n'y gagnerait pas, mais on n'y perdrait rien.
     
    MARINETTE LAUNER (Mme), Opéra, rue Taitbout, n. 25. Grosse danseuse, qui, après avoir fait bon ménage avec l'amour, vient de se brouiller avec l'hymen.
     
    MARS (Mlle), Français, rue Neuve Saint-Augustin, n. 5. Modèle inimitable, perfection désespérante, honneur impérissable de la scène française.
     
    MARS (Mlle Georgina), la plus jeune et la plus jolie des actrices au théâtre Français. Débuts heureux, talent de succession. Avenir riche d'espérance et de gloire.
     
    MARTY, Gaîté, rue des Fossés-du-Temple, n. 38. Il est régisseur de son théâtre, et de plus le premier acteur par rang d'ancienneté. Les frotteurs veulent lui intenter une action en dommages-intérêts.
     
    MASILLIER, Porte-Saint-Martin. Léger danseur que ses rivaux voudraient voir valser.
     
    MASSOL, Opéra. Chanteur comme il y en a tant.... Grande taille et petits moyens.
     
    MASSON, Porte-Saint-Martin, faubourg Saint-Denis, n. 73.
     

    Soyez plutôt maçon, si c'est votre talent.


    Acteur froid et maniéré qui a long-temps brillé dans la petite troupe de madame Bouzigue, soeur de madame Lemonnier, aujourd'hui directrice du théâtre de Nantes.
     
    MAZURIER, Porte-Saint-Martin, rue Meslée, n. 50. C'est un de ces êtres étonnans que la destinée pousse à la célébrité ; il passe parmi les acteurs de la capitale pour l'homme le plus souple. Je connais maint courtisan dont l'épine dorsale est beaucoup plus flexible encore.
     
    MÉLANIE (Mlle), Variétés. On la voit rarement en scène, ne croyez pas cependant que ce soit une victime cloîtrée.
     
    MELCHIOR, Ambigu, rue de Berri, n. 28. Il a une magnifique tenue... dans la garde nationale.
     
    MÉNESTRIER, Odéon, rue des Deux-Portes-Saint-André, n. 58. Il joue du violon, si seulement c'était comme Lafon (le musicien bien entendu), encore passe.
     
    MENJAUD, Français, rue de la Michodière, n. 2. Menjaud joue, criait un honnête particulier ; courons faire queue. Prenez garde aux antécédens, lui répond un ancien, c'est lui qui vous la fera !
     
    MENJAUD (Mme), Français, rue de la Michodière, n. 2. Elle ne coiffe plus que son mari.
     
    MÉRANTE, Opéra, rue du Caire, n. 24. Il donne une idée du mouvement perpétuel. C'est en faisant des entrechats, qu'il fait respecter l'autorité paternelle ; il danse avec sa femme, avec sa fille, avec son gendre, avec toute sa famille ; il danse avant la noce, après la noce, pendant la brouille, après le raccommodement, avant la naissance et jusqu'après la mort.
     
    MERCIER, Gaîté, rue de Malte, n. 14. C'est le seul acteur risible de son théâtre.
     
    MEYNIER, Porte-Saint-Martin, rue Beauregard, n. 1. Son nez sert d'écran à Mme Dorval.
     
    MEYSSIN (Mme), Odéon. Chanteuse de la vieille école : du goût et de la méthode.... comme il en faut à son théâtre.
     
    MICHELOT, Français, rue du Mail, n. 1. Bon comédien, qui connaît son importance ; ses yeux sont tour à tour fixés sur le lustre et sur son épingle, qu'on dit fort belle ; il trouve une comparaison ingénieuse entre ces deux objets de son culte.
     
    MILEN (Mlle), Odéon, rue de Seine, n. 20.
     

    Air, On compterait plus tôt les trous
           Qui sont autour d 'une.....

     
    MILLER (Mlle), Feydeau, rue Feydeau, n. 18. Talent en herbe, de beaux yeux, un petit minois fripon, corsage qui promet, douze ans et l'espérance !
     
    MILLOT (Mlle), Gaîté, rue d'Angoulême, n. 28. Jolie figure, maintien des grâces, organe enchanteur, et tout cela, je le dis sans rire... Mlle Millot du moins le prend à la lettre.
     
    MILLOT (Mlle), Porte-Saint-Martin, rue de la Tour, n. 10. Resta long-temps au théâtre de la Gaîté ; elle y avait la voix du merle, c'était avant la restauration, car alors....., mais depuis..., le merle est déniché.
     
    MILON, Opéra, cul-de-sac Coquenard, n. 34. Ses ballets d'autrefois sont des fagots aujourd'hui.
     
    MINETTE (Mlle), Vaudeville, rue de Richelieu, n. 8. On assure qu'un opérateur célèbre est parvenu à ouvrir les yeux d'une jeune personne très-chère à Mlle Minette ; cette dernière aurait bien dû profiter de l'occasion pour faire agrandir les siens.
     
    MITONNEAU (Mlle), Gaîté, rue du Faubourg-du-Temple, n. 19. Plus d'un auteur s'est repenti de lui avoir confié des rôles ; Mlle Mitonneau n'aime pas ces messieurs, et leur a mitonné plus d'une méchanceté.
     
    MOESSARD, Porte-Saint-Martin, rue des Marais, n. 2. Cet artiste a de la rondeur.... dans la taille.
     
    MONDONVILLE, Odéon, rue des Boucheries Saint-Germain, Quelques injustices ne lui ont pas fait perdre sa voix qui est riche et brillante, et doit rappeler à l'Odéon les dilettanti du noble faubourg. Il est, dit-on, sur le point de contracter un engagement sérieux dont le fils de Cythérée s'est chargé de dresser les clauses.
     
    MONTANO (Mme), Odéon. Bonne copie de Mme Pasta.
     
    MONTBELLI (Mme), Italiens, rue Pelletier, n. 15. Ses moustaches font l'admiration des sapeurs.
     
    MONTESSU, Opéra, rue Montmartre, n. 170. Figaro dit : « Il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui obtint la place. » On pourrait dire de Montessu : Il y avait une place de danseur vacante, et ce fut un calculateur qui l'eut.
     
    MONTESSU (Mme Paul), Opéra, rue Montmartre, n. 170. Léger papillon en danse comme en amour ; son mari n'entend ni l'un ni l'autre.
     
    MONTJOIE, Opéra, rue Cadet, n. 9. Froid comme un marbre, beau comme un paon, ses pieds sont les dignes interprètes de son coeur.
     
    MONTROSE, Français, place des Victoires, n. 5. C'est le meilleur grimacier des sociétaires de son théâtre ; il paie le public en monnaie de singe.
     
    MUNERET (Mlle), Gaîté, boulevard du Temple, n. 84. Un amateur parlait bas à l'oreille de cette danseuse, elle se retourna vers une de ses camarades en s'écriant : « Dis donc, est-il bon enfant ? il me demande si je veux ! »
     

    N.


    NOBLET (Mlle), Opéra, rue Bleue, n. 27. C'est une véritable Vénus aux belles.... jambes.
     
    NOEL (Mme), Opéra, rue des Martyrs, passage Bréda, n. 12. Elle a promis d'être excellente... à Pâques ou à la Trinité.
     
    NOTAIRE, Vaudeville. Nouvellement débarqué de la Corse, il vient, dit-on, de signer son engagement avec le Vaudeville, on ne sait encore qu'espérer et que dire.
     
    NOURRIT père, Opéra, rue Rameau, n. 6. C'est le cas de dire qu'il est nourri pour rien, car il a vingt mille francs d'appointemens, et ne joue pas vingt fois par an.
     
    NOURRIT fils, Opéra, rue Rameau, n. 6. Le plus grand talent de cet agréable chanteur est de cracher avec grâce, ce qu'il fait souvent et méthodiquement.
     
    NUMA (Mme), Gymnase, rue Poissonnière. Jolie femme qu'on ne voit presque jamais sur la scène : sa place au Gymnase est une véritable sinécure.
     
    NUMA, Gymnase, rue Poissonnière. Cet acteur, sur la scène, a continuellement ses mains dans ses poches. C'est un moyen tout comme un autre de s'en débarrasser ; s'il pouvait aussi mettre sa voix dans son gousset ! Quel canard ?

     

    O.


    ODRY, Variétés, rue Faubourg Montmartre, n. 45. Je lui trouve de l'agrément dans la figure, êtes-vous comme moi ?
     
    OLIVIER, Opéra, boulevard du Temple, n. 22. Un jour qu'il faisait les jambes de devant du chameau de la Caravane, il se prit de querelle avec les jambes de derrière, qui lui donnèrent un vigoureux coup de pied dans le derrière ; un amateur, enchanté, s'écria : Voyez-vous le chameau qui se gratte ? comme c'est naturel !
     
    OLIVIER (Mlle), Ambigu, boulevard du Temple, n. 22. Elle joue le mélodrame après avoir joué la tragédie ; la danse aura son tour si l'on en croit ses amis, qui disent qu'elle fait ce qu'elle veut de son corps.

     

    P.


    PALMYRE (Mlle), Ambigu, rue Crussol, n. 7. Elle a joué long-temps les amoureuses, elle fait aujourd'hui les duègnes, ce qui a fait dire que les duègnes de l'Ambigu ne sont rien autre chose que les ruines de Palmyre.
     
    PARADOL (Mme), Français, rue de Valois, n. 13. Depuis que cette grosse actrice est au théâtre Richelieu, le machiniste est en péril de voir les planches se briser, et la mère de Néron tomber dans la cave.
     
    PARENT,Gaîté. C'est un ancien limonadier qui, après avoir long-temps rafraîchi les habitans de Versailles, est venu désopiler la rate aux habitans de Paris : il fait aussi les traîtres dans le mélodrame, et dissimule à la grande satisfaction des habitans du marais.
     
    PASTA (Mme), Italiens, rue Richelieu, n. 63. Trente-cinq ans, jolie, et beaucoup de talent, en voilà plus qu'il n'en faut pour faire tourner bien des têtes ; elle a rendu fous tous les dilettanti ; il est vrai que c'était de la besogne à moitié faite.
     
    PAUL, Opéra, rue Montmartre, n. 170. On l'a surnommé l'Aérien : un arithméticien s'est amusé à calculer les sauts de Paul, et a trouvé que ce danseur passait en l'air la trentième partie de sa vie.
     
    PAUL, Ambigu, rue Folie Méricourt, n. 11. C'est un niais sans importance, qui ne manque pas de malice après dix heures du soir.
     
    PAUL, Gymnase, ci-devant Porte-Saint-martin. Acteur plein d'esprit et de jugement. Il fait plus que promettre, il tient. Souhaitons lui toutefois moins d'aplomb, il est jeune et peut gagner encore.
     
    PAUL MICHU (Mme), Feydeau. Les journalistes galans la portaient aux nues.... ; il y a vingt ans de cela ; elle était jeune et légère : aujourd'hui, qu'elle n'est plus ni l'une ni l'autre, nous ne la rappelons que pour faire savoir à nos contemporains que Mme Paul a eu ses jours de gloire, ce dont certes on ne se douterait pas facilement.
     
    PAULIN, Variétés. En sa qualité de jeune premier, il nous vante chaque soir les attraits de Mlle Aldegonde ; il est vrai qu'on n'est pas plus forcé de le croire que d'y aller voir.
     
    PAULINE (Mlle), Variétés, rue Richelieu, n. 61. Il y a environ trente-deux ans qu'elle fait l'ingénue : elle est encore jolie.... pour les habitués du paradis, qu'elle transporte au cinquième ciel.
     
    PAULINE GEOFFROY (Mlle), Vaudeville, rue Richelieu, n. 35. Minaudière que l'on siffla long-temps et que l'on applaudit aujourd'hui.
     

    ............Cependant jamais elle n'a mérité
    Ni cet exces d'honneur ni cette indignité.

     
    PERLET, Gymnase, rue Richer, n. 36.
     

    Nous l'aimons inconstant, que ferions-nous fidèle ?


    Orgueilleux, ingrat, qui connaît ses torts avec les Parisiens dont il se moque, avec ses camarades qu'il méprise, avec ses bienfaiteurs qu'il oublie. Malgré tout cela son talent lui fera trouver grâce, ce dont au fait il ne se soucie guère.
     
    PERRIER, Français, rue de Vaugirard, hôtel de Windsor. Excellent comédien qui a la manie, singulière chez un artiste, d'amasser de l'argent : un banquier a tenté de le corriger de ce défaut. C'est un des nombreux transfuges de l'Odéon.
     
    PERRIN, Gymnase, rue du Faubourg Saint-Martin, n. 72. Amoureux au superlatif, qui s'identifie tellement avec ses rôles, qu'on la cru quelque temps amoureux de sa femme.
     
    PEYRONNET, Odéon. On le dit bon dans l'Opéra, où sa voix brille et plaît. Je le croirais meilleur dans la comédie, notamment dans le Menuisier de Livonie, où son talent serait plus naturel.
     
    PHILIPPE, Vaudeville, rue des Saussayes, n. 11, faubourg Saint-Honoré. Il brûle la planche, galoppe le couplet : c'est le grenadier du Vaudeville final.
     
    PICOT (Mlle), Variétés, rue Saint-Roch-Poissonnière, n. 3. Elle sait, dit-on, fort bien se faire payer ; c'est déjà quelque chose : selon elle, c'est tout.
     
    PIERSON, Porte-Saint-Martin, faubourg Saint-Martin, n. 6. Il a voulu remplacer Potier : pour la figure, c'était ça ; mais pour le talent, ce n'était plus ça.
     
    PITROT, Vaudeville. On l'appelait autrefois le Joly de la province, c'était une épigramme pour le Joly du Vaudeville.
     
    PLANÇON, Gaîté, rue de Tour, n. 10. Modeste utilité qui rend, dit-on, de grands services au théâtre de la Gaîté, le public ne s'en aperçoit pas.
     
    PONCHARD, Feydeau, faubourg Montmartre, n. 179. Il fait, avec Mmes Rigaut, Boulanger et Prevost, la gloire musicale de ce théâtre. Il est vrai que, pour entendre l'une de ces voix chéries du public, il faut souvent subir celles de MM. Genot, Tilly, Belnie, Grangé, Louvet, Henri, Allaire, Allan, tous estimables artistes, égaux en force comme en talent.
     
    PONCHARD (Mme), Feydeau, rue du Faubourg-Montmartre, n. 179. Talent sans conséquence, qui brillerait sur une scène moins élevée, et que l'on aperçoit a peine à l'Opéra Comique : elle tient sa petite place entre Mme Pradher et Mme Rigaud.
     
    POTIER, Variétés. Excellent comédien, dont les spirituelles niaiseries ont fait la réputation ; il travaille aujourd'hui celle de sa jument grise qu'il monte tous les jours.
     
    POUILLEY, Opéra, village d'Orsel, n. 5. Il est original, M. Pouilley ; il porte le pantalon de nankin et le chapeau de paille au mois de décembre, et entretient de très-bonnes connaissances à Montmartre.
     
    POUILLEY (Mme), Odéon, village d'Orsel, n. 5. Sa voix est pure et claire. Ses camarades la soupçonnent d'avoir un appareil de gaz hydrogène dans la ventre.
     
    PRADHER (Mme), Feydeau. Jolie personne dont les beaux yeux ont fait plus d'une passion : sa voix est agréable ; cependant son visage est ce que les amateurs de musique trouvent de mieux en elle.
     
    PREVOST (Mlle), Feydeau. Gosier harmonieux, que mille injustices ont failli enlever aux amateurs de musique. L'administration s'est, dit-on, ravisée, et Mlle Prevost va prendre enfin la place que lui donne sa voix délicieuse, et le talent dont elle a souvent fait preuve.
     
    PROFETTI, Italiens, rue Rameau, n. 6. Dans ses momens perdus, le gros Profetti se promène dans les salons ; il y court après la fortune, qui s'obstine à lui toucher le dos au théâtre.
     
    PROVOST, Odéon. C'est un professeur et un élève du Conservatoire ; il avait beaucoup de réputations avant ses débuts ; depuis on n'en parle plus.
     

    Q.


    QUINCY (Mlle), Opéra, rue du Croissant, n. 20. Elle a cultivé long-temps certaine fleur proscrite à l'Opéra ; mais depuis qu'un riche jardinier s'est chargé de l'entretenir, elle n'y tient plus du tout, et se répète, dit-on, tous les soirs, que de sa perte on ne meurt pas. En effet,
     

    Si ce malheur au cercueil
    Conduisait les pauvres filles,
    Combien d'honnêtes familles
    Parmi nous seraient en deuil !

     

    R.


    RAFFILE, Ambigu. La profession de niais, à l'Ambigu, ne lui suffisant pas, il s'est fait marchand de bretelles pour alonger la courroie.
     
    RIGAUD (Mme), Feydeau, rue des Colonnes, n. 2. Écureuil à la voix de rossignol.
     
    RIHOELLE, Odéon. Il n'est que pitoyable, ce n'est pas trop à l'Odéon.
     
    ROSALIE (Mlle), Gymnase, rue de la Lune, n. 37. Honnête actrice qui ne s'est jamais chargée de la distribution des billets.
     
    ROSE (Mlle), Gaîté, rue Philippeaux, n. 7. On la dit maintenant bien effeuillée.
     
    ROSSI (Mlle), Italiens, rue Rameau, n. 11. Un individu soutenait qu'elle chantait comme un rossignol ; il criait comme un aveugle : on reconnut qu'il était sourd.

     

    S.


    SAINT-AMAND (Mme), Porte-Saint-Martin, faubourg Saint-Martin, n. 11. Duègne dont la personne est encore plus communicative que la verve ; elle semble rajeunir à proportion que son talent vieillit.
     
    SAINT-ANGE (Mlle), Variétés. On l'applaudit, entendons-nous, les jours de relâche.
     
    SAINT-AULAIRE, Français, cour Saint-Guillaume, n. 12. Discret confident, qui écoute avec beaucoup d'intérêt le récit d'un crime ou d'une catastrophe, et qui soupe fort tranquillement une heure après.
     
    SAINT-PREUX, Odéon. Caricature sous tous les rapports. Illustration future.
     
    SAINT-CLAIR, Odéon. Encore une notabilité. Pauvre Odéon !
     
    SALLÉ, Gaîté, boulevard du Temple, n. 82. Un gastronome disait : Ceci ne vaut pas le diable ! C'est du petit salé tout pur.
     
    SAMSON, Français, rue de Vaugirard, n. 11. Le public le croit aussi fort que son homonyme l'ancien. Vous savez l'histoire de ce respectable M. Samson d'Israël, qui profita de la nuit pour emporter les portes de Gaza ; il en voulait sortir. L'histoire de M. Samson des Français est bien plus étonnante, il prétend en plein jour emporter celles de l'Académie, il veut y entrer !... Nous verrons bien.
     
    SCHUTZ (Mme), Italiens. Doublure et nullité. Elle a débuté l'année dernière dans le rôle de Malcolm de la Donna del Lago.
     
    SCHIAZETTI (Mlle), Italiens, rue Richelieu, n. 63. C'est la voix du désert.
     
    SEURIOT, Opéra, rue d'Artois, n. 24. M. Le Chargé doit incessamment numéroter ses nullités : Seuriot réclame depuis long-temps à ce titre un numéro quelconque.
     
    SIGNOL, Odéon, faubourg Saint-Martin, n. 2. Il vieillit en étudiant, et n'a jamais été bon qu'à table, où il dissèque adroitement. Dans tous les cas, comme chanteur, ce n'est pas un rossignol.
     
    SIMON, Opéra, rue Coquenard, n. 15. Il y a quelque chose de louche dans sa danse.
     
    SONTAG (Mlle), Italiens. MM. les Prussiens, qui se passionnent facilement pour les gammes chromatiques et les broderies vocales, ne l'on vue partir qu'à regret. C'est en effet la figure la plus enchanteresse, la taille la mieux prise et la voix la plus gracieuse.... Pourquoi donc veut-elle nous quitter ? Nous l'aimerions tant !
     
    STÉPHANIE (Mlle), Porte-Saint-Martin, boulevard Saint-Martin, n. 8. Elle fait partie du mobilier du théâtre.
     
    STOKLEIT, Ambigu, rue de la Marche, n. 10. Nullité, cheville, utilité, doublure ; nous en passerons par où l'on voudra, nous sommes accommodans.

     

    T.


    TALMA, Français, rue Saint-Lazare, n. 52. Atlas dramatique.
     
    TANQUERELLE, Odéon.
     

    Qu'à tort bon Dieu, l'on me querelle,
    Disait monsieur de Tanquerelle,
    Je suis pas mal, et j'en appelle
    A mon ami de Rihoëlle.


     
    THENARD (Mlle), Français, rue Montmartre, n. 167. On l'a dit avec des moyens : il faudrait la voir pour y croire.
     
    THÉNARD, Odéon. Singe et paillasse. Il est d'un froid mortel sur la scène comme auprès des dames, dit-on.
     
    THÉODORE (Mme), Gymnase, rue Bourbon-Ville-Neuve, n. 48. C'est elle qu'il faut voir, entendre, quand on ne peut applaudir, admirer Mlle Mars.
     
    TILLY, Feydeau. Un premier garçon marmiton endimanché n'a pas plus de grâce. Il se permit, il y a quelques jours, dans le rôle de Joconde, dont je ne sais comment il était chargé, d'employer l'argot du pot-au-feu.
      Je crains trop un riz-de-veau comme vous, dit-il à Lafeuillade. - Celui-ci ne sut trop comment prendre la plaisanterie ; et d'honneur elle sentait la cacque.
     
    TOUSEZ (Mme), Français, rue Rameau, n. 6. Médiocrité rare.
     
    TRÉVAUX, Opéra, rue de Rochechouart, n. 7. Encore un homme d'importance, de talent et d'esprit. On lui demandait un jour où la Seine prenait son embouchure ? A Constantinople, répondit-il, lisez plutôt Bajazet de Racine. Bien !
     

    V.


    VALET, Porte-Saint-Martin, rue Nazareth, n. 23. Il est danseur, du moins figure-t-il sur l'affiche de ce théâtre avec cette qualification.
     
    VALENCE (Mme), Feydeau. Elle ne sait point encore parler, et est fort embarrassée quand elle chante. On devine toutefois à son petit pied, qu'elle a fait plus d'une chute, passage de l'Opéra, galerie de l'Horloge, escalier B.
     
    VALÈRE, Feydeau. Véritable Basile qui s'est élancé de l'Odéon à l'Opéra Comique. Sa voix appartient réellement à ce théâtre, où elle manquait.
     
    VALMONZEY (Mme), Odéon. Lisez tel journal, Mme Valmonzey va vous faire courir à l'Odéon : voyez-la jouer, et, comme le corbeau,
     

    « Jurez, quoiqu'un peu tard,
    « Qu'on ne vous y prendra plus. »


     
    VAUTRIN (Mme), Variétés. Cette actrice serait à l'Odéon, si, dans tout Paris, on eût trouvé voiture assez solide pour la transporter. Elle est restée boulevard Montmartre, n. 2.
     
    VERNET, Variétés, rue de la Lune, n. 18 :
     

    « C'est la pipe et l'sentiment
    « Qui l'distingue assurément.


    Il méritait d'être Champenois, et pour cause.
     
    VERNEUIL (Mlle), Odéon. Charmante actrice qui s'est prise de passion pour Cujas et Barthole. Les enfans d'Esculape voudraient qu'on les chargeât de sa guérison.
     
    VICTOR, Français. Il a de la verve, du talent même ; il copie quelquefois et assez bien Talma ; mais il copie plus souvent et beaucoup mieux Lafond, or... puis il a fait les Scandinaves !!! C'est malheureux.
     
    VICTOR, Vaudeville, rue de Chartre, n. 12. On prétend qu'il paie pour se faire siffler... Singulière manie qui ne prend pas à tout le monde.
     
    VIGNERON (Mlle), Opéra, rue de Marivaux, n. 1. C'est une bayadère de trente-cinq ans, qui a fait des passions, et qui a su se garder une poire pour la soif.
     
    VIRGINIE CABMET (Mlle), Odéon.
     

    « Faut d'la vertu, pas trop n'en faut. »


    Jeune et tendre sylphide, qui, dit-on, a quelque ressemblance avec la fleur que les botanistes nomment belle-de-nuit.
     
    VIZENTINI, Feydeau, rue du Caire, n. 26. Il joue bien et chante mal ; c'est toutefois un des plus précieux sujets de l'Opéra Comique, qui, du reste, n'en manque pas.
     
    VOLET (Mlle), Porte-Saint-Martin, rue Nazareth, n. 23. Danseuse, dite du genre noble, qui ne vole pas vite à l'immortalité.
     

    W.


    WSANAZ (Mme), Ambigu, rue de Crussol, n. 7. Le talent médiocre que cette actrice a montré dans le rôle de Thérèse, lui a fait quelque réputation ; c'est une petite cause qui a produit un grand effet.

     

    Z.


    ZÉLIE MOLARD (Mlle), Porte-Saint-Martin. On ne va pas au spectacle pour l'entendre ; mais on la voit avec plaisir rue Meslée, n. 32.
     
    ZUCHELLI, Italiens, rue Sainte-Anne, n. 48. Plus chanteur que comédien ; ces deux qualités sont si rares aujourd'hui à ce théâtre, que Zuchelli a décidément renoncé à les réunir.

                                           


    votre commentaire

  • © voyelle



    Demoiselle Méline, la princesse
    Conte de Grimm

     

    Il était une fois un roi. Il avait un fils qui avait demandé la main de la fille d'un roi puissant. Elle s'appelait Méline et était admirablement belle. Mais son père avait refusé la demande du prince, car il avait déjà décidé de donner la main de sa fille à un autre prince. Or, les deux jeunes gens s'aimaient d'un amour tendre.

    Je ne veux que lui, déclara Méline, et je n'en épouserai aucun autre.
    Le père se fâcha et fit construire une tour à l'intérieur de laquelle pas un seul rayon de soleil ni la lueur de la lune ne pouvaient passer. Et il dit :
    - Tu seras enfermée dans cette tour pendant sept ans ; ensuite, je viendrai, pour voir si ton obstination et ton entêtement ont été brisés.
    On apporta dans la tour à manger et à boire pour sept ans et Méline et sa femme de chambre y furent emmenées et emmurées. Coupées de la terre et du ciel, elles devaient rester là, dans l'obscurité totale. Le prince venait souvent près de la tour et appelait Méline par son nom, mais le mur épais ne laissait pas passer sa voix.
    Et le temps passa et selon la quantité de nourriture et d'eau qui restait, Méline et sa femme de chambre devinèrent que les sept années touchaient à leur fin. Elles pensaient que leur libération était déjà proche, mais aucun bruit de l'extérieur ne leur parvint. Elles n'entendirent pas des coups de marteau, pas la plus petite pierre du mur ne tomba. Elles n'avaient plus que très peu de nourriture et une mort atroce les attendait. Méline dit alors :
    - Il n'y a pas d'autre moyen : nous devons tenter de percer le mur.
    Elle prit le couteau à pain et commença à gratter et à fouiller le mortier pour essayer de dégager une pierre ; lorsqu'elle était fatiguée, sa femme de chambre la remplaçait. Elles travaillèrent ainsi longtemps, jusqu'à ce qu'elles arrivassent à détacher une pierre, puis une deuxième, puis une troisième et au bout de trois jours elles purent percevoir le premier rayon de soleil. Finalement, la brèche fut suffisamment grande pour qu'elles puissent voir dehors. Le ciel était d'un bleu magnifique et une brise fraîche les salua. Mais quel spectacle s'offrait à leurs yeux ! Du palais lui-même il ne restait que des ruines, la ville et les villages à l'entour étaient brûlés et les champs étaient en friche. Et on ne voyait pas âme qui vive !
    Lorsqu'elles eurent agrandi la brèche dans le mur, suffisamment pour pouvoir se glisser à travers, elles sautèrent à terre. Mais maintenant, que faire ? L'ennemi avait dévasté tout le royaume, et massacré toute la population. Elles se mirent à marcher, au hasard, pour trouver un autre pays. Mais elles ne trouvèrent ni un toit pour se réfugier, ni une seule personne qui leur tende un morceau de pain. Tout allait si mal qu'elles finirent par arracher des orties pour se nourrir. Après une longue marche, elles arrivèrent dans un autre royaume. Elles offraient leurs services partout mais où qu'elles frappaient, personne n'en voulait et personne n'eut pitié d'elles. Finalement, elles arrivèrent dans une grande ville et se dirigèrent vers le palais royal. Mais de là aussi, elles se firent chasser. Un jour, tout de même, un cuisinier eut pitié d'elles et leur permit de rester pour l'aider à la cuisine.
    Il arriva que le fils du roi de ce royaume était justement le prince qui, autrefois, avait demandé la main de Méline. Son père lui avait choisi une fiancée laide et au cœur dur. Le mariage approchait inexorablement, la fiancée était déjà là , mais à cause de sa laideur elle ne s'était jamais montrée. Elle s'était enfermée dans sa chambre et Méline lui portait à manger directement de la cuisine.
    Le jour des noces arriva et la mariée devait accompagner son futur époux à l'église. Consciente de sa laideur, elle avait honte de se montrer en public elle dit alors à Méline :
    - C'est ton jour de chance ! je me suis tordu le pied et je ne peux pas bien marcher ; tu mettras ma robe et tu me remplaceras lors du mariage.
    Mais Méline refusa :
    - Je ne veux pas être honorée par ce qui ne m'est pas dû de bon droit.
    La mariée lui offrit même de l'or, mais rien n'y fit. Voyant que la jeune fille ne cédait pas, elle se mit à la menacer :
    - Si tu ne m'obéis pas, tu le paieras de ta vie.
    Méline fut forcée d'obéir. Elle dut se vêtir de la magnifique robe de mariée et se parer de ses bijoux. Lorsqu'elle entra dans la salle royale, tout le monde fut frappé par sa beauté. Le roi dit à son fils :
    - C'est la mariée que je t'ai choisie et que tu conduiras à l'autel. Le marié fut frappé d'étonnement.
    - C'est le portrait même de Méline, pensa-t-il. Si je ne savais pas que ma bien aimée est enfermée depuis des années dans sa tour et qu'elle est peut-être même déjà morte, je croirais, ma foi, que je l'ai devant moi.
    Il offrit son bras à la mariée et la conduisit à l'église. Des orties poussaient près de la route et Méline leur dit :

    Ortie, petite plante gracieuse, tu m'as l'air bien soucieuse !
    Ne t'inquiète pas, je n'ai pas oublié le temps du chagrin refoulé,
    Le temps où tu fus ma seule pitance, peu douce et crue, mais en abondance.

    - Qu'est-ce que tu dis ? demanda le prince.
    - Rien, rien, répondit-elle, je pensais seulement à la princesse Méline.
    Le marié fut surpris que sa fiancée connût Méline, mais il se tut.
    Ils passèrent près du cimetière et lorsqu'ils arrivèrent devant l'escalier de l'église, Méline dit :

    Supportez-moi, les marches, souffrez que je vous emprunte,
    De la mariée qui n'en est pas une, écoutez la complainte.

    - Que disais-tu ? demanda le prince.
    - Rien, je pensais seulement à la princesse Méline.
    - La connais-tu ?
    - Mais non, rétorqua-t-elle, comment pourrais-je la connaître ? Mais j'ai entendu parler d'elle.
    Ils s'arrêtèrent devant la porte de l'église et Méline dit :

    Ô toi, la grande porte ! Que je passe, supporte !
    De la mariée qui n'en est pas une, écoute la demande infime.

    - Et maintenant, qu'est-ce que tu viens de dire ? s'étonna le prince.
    - Oh, Je pensais encore à la princesse Méline, répondit-elle.
    Le marié prit un collier de très grande valeur et le lui passa au cou.

    Ils entrèrent dans l'église et devant l'autel le prêtre lia leurs mains et les maria. Sur le chemin de retour, Méline ne prononça pas un mot. De retour au palais, elle courut aussitôt dans la chambre de la mariée, ôta la belle robe, rangea les bijoux et remit sa chemise grise. Elle ne garda que le collier que le marié lui avait passé autour du cou devant l'église.
    La nuit tomba et la mariée devait être conduite dans la chambre du prince.
    Elle voila son visage pour que le prince ne s'aperçût pas de la supercherie. Dès que tous furent partis, le prince demanda :
    - Qu'as-tu dit aux orties près de la route ?
    - À quelles orties ? s'étonna la mariée. je ne parle pas aux orties.
    - Si tu ne leur as pas parlé, tu n'es pas la vraie mariée, dit le prince.
    Mais la mariée trouva la parade.
    - Attends ! s'écria-t-elle :

    Ma femme de chambre, j'appelle, car dans mes pensées lit-elle.

    Elle sortit de la chambre et s'en prit à Méline :
    - Servante ! Qu'as-tu dit aux orties près de la route ?
    - je n'ai dit que cela :

    Ortie, petite plante gracieuse, Tu m'as l'air bien soucieuse !
    Ne t'inquiètes pas, je n'ai pas oublié Le temps du chagrin refoulé,
    Le temps où tu fus ma seule pitance, Peu douce et crue, mais en abondance.

    La mariée retourna dans la chambre du prince.
    - Ça y est, cria-t-elle, je me rappelle maintenant de ce que j'ai dit aux orties. Et elle répéta les paroles qu'elle venait d'entendre.
    - Et qu'as-tu dit aux marches de l'église lorsque nous les montions ? demanda à nouveau le prince.
    - Aux marches de l'église ? s'étonna la mariée. je ne parle jamais aux marches.
    - Tu n'es donc pas la vraie mariée.
    Et la mariée dit promptement :

    Ma femme de chambre, j'appelle, car dans mes pensées lit-elle.

    Elle sortit par la porte en courant et s'en prit de nouveau à Méline :
    - Servante ! Qu'as-tu dit aux marches devant l'église ?
    - je leur ai dit simplement :

    Supportez-moi, les marches, souffrez que je vous emprunte,
    De la mariée qui n'en est pas une, écoutez la complainte.

    - Cela te coûtera la vie, l'avertit la mariée, mais elle retourna vite auprès du prince pour lui expliquer :
    - Ça y est, je sais ce que j'ai dit à l'escalier !
    Et elle répéta ce que la jeune fille lui avait dit.
    - Et qu'as-tu dit à la porte de l'église ?
    - À la porte de l'église ? s'affola la mariée. je ne parle pas aux portes.
    - Tu n'es donc pas la vraie mariée.
    Elle sortit en courant et elle harcela Méline à nouveau :
    - Servante ! Qu'avais-tu à raconter à la porte de l'église ?

    - Je ne lui ai rien raconté, j'ai dit seulement :

    Ô toi, la grande porte ! Que je passe, supporte !
    De la mariée qui n'en est pas une, écoute la demande infime.

    - Tu me le paieras, tu auras la tête coupée, dit la mariée, folle de rage ; mais elle se dépêcha de revenir auprès du prince pour lui dire :
    - Je me souviens maintenant ce que j'avais dit à la porte.
    Et elle répéta les paroles de Méline.
    - Et où est le collier que je t'ai donné devant la porte de l'église ?
    - Quel collier ? dit-elle. Tu ne m'as pas donné de collier.
    - Je te l'ai moi-même passé autour du cou. Si tu ne le sais pas, tu n'es pas la vraie mariée.
    Il lui arracha son voile et vit son visage incroyablement laid. Effrayé, il fit un bond en arrière.
    - Comment es-tu arrivée là ? Qui es-tu ?
    - Je suis ta fiancée promise, mais j'avais peur que les gens se moquent de moi en me voyant dans la rue. C'est pourquoi j'ai ordonné à la petite souillon de mettre ma robe et d'aller à l'église à ma place.
    - Où est cette fille ? demanda le prince. Je veux la voir. Va la chercher !
    La mariée sortit de la chambre et dit aux serviteurs que sa femme de chambre était une faussaire, et qu'il fallait sans tarder l'amener dans la cour et lui couper la tête. Les serviteurs attrapèrent Méline et voulurent l'emmener. Mais Méline se mit à crier et à appeler au secours si fort que le prince entendit sa voix et arriva en courant. Il ordonna qu'on relâche la jeune fille sur-le-champ. On apporta la lumière et le prince put voir que la Jeune fille avait autour du cou le collier en or qu'il lui avait donné.
    - C'est toi la vraie mariée, dit-il, c'est toi que j'ai amenée à l'autel. Viens dans ma chambre.
    Et une fois seuls, le prince demanda :
    - Pendant le trajet vers l'église, tu as parlé de la princesse Méline à laquelle j'ai été fiancé. Si Je pouvais espérer que cela fût possible, je penserais qu'elle est devant moi ; tu lui ressembles tant !
    Et la jeune fille répondit :
    - Je suis Méline, celle qui, par amour pour toi, fut emprisonnée pendant sept ans dans un cachot obscur, celle qui a souffert de faim et de soif et qui a vécu si longtemps dans la misère et la détresse. Mais aujourd'hui enfin le soleil a de nouveau brillé pour moi. On nous a mariés à l'église et je suis ta femme légitime. Ils s'embrassèrent et vécurent heureux jusqu'à la fin de leurs jours.


    votre commentaire











  • © voyelle


                                     " Le cloître de Moissac " ( 82 )

    votre commentaire
  •                                          © voyelle


    « Je suis le matou. Je mène la vie inquiète de ceux que l'amour créa pour son dur service. Je suis solitaire et condamné à conquérir sans cesse, et sanguinaire par nécessité. Je me bats comme je mange, avec un appétit méthodique, et tel qu’un athlète entraîné, qui vainc sans hâte et sans fureur.
    C'est le matin que je rentre chez vous. Je tombe avec l’aube, et bleu comme elle, du haut de ces arbres nus, où tout à l’heure je ressemblais à un nid dans le brouillard. Ou bien, je gIisse sur le toit incliné, jusqu’au balcon de bois; je me pose au bord de votre fenêtre entrouverte, comme un bouquet d'hiver ; respirez sur moi toute la nuit de décembre et son parfum de cimetière frais ! Tout à l'heure, quand je dormirai, ma chaleur et la fièvre exhaleront l'odeur des buis amers, du sang séché, le musc fauve...
    Car je saigne, sous la charpie soyeuse de ma toison. Il y a une plaie cuisante à ma gorge, et je ne lèche même pas la peau fendue de ma patte. Je ne veux que dormir, dormir, dormir, serrer mes paupières sur mes beaux yeux d’oiseau nocturne, dormir n’importe où, tombé sur le flanc comme un chemineau, dormir inerte, grumeleux de terre, hérissé de brindilles et de feuilles sèches, comme un faune repu....
    Je dors, je dors... Une secousse électrique me dresse parfois, - je gronde sourdement comme un tonnerre lointain, - puis je retombe....Même à l'heure où je m'éveille tout à fait, vers la fin du jour, je semble absent et traversé de rêves ; j’ai l’oeil vers Ia fenêtre, l’oreille vers la porte...
    Hâtivement lavé, raidi de courbatures, je franchis le seuil, tous les soirs à la même heure, et je m'éloigne, tête basse, moins en élu qu'en banni ... Je m'éloigne, balancé comme une pesante chenille, entre les flaques frissonnantes, en couchant mes oreilles sous le vent. Je m'en vais, insensible à la neige. Je m'arrête un instant, non que j'hésite, mais j’écoute les rumeurs secrètes de mon empire, je consulte l'air obscur, j’y lance, solennels, espacés, lamentables, les miaulements du matou qui erre et qui défie. Puis, comme si le son de ma voix m'eût soudain rendu frénétique, je bondis... On m'aperçoit un instant sur le faîte d'un mur, on me devine là-haut, rebroussé, indistinct et flottant comme un lambeau de nuée - et puis on ne me voit plus...    
    ( Extrait "La paix des bêtes" - Colette )


                            
    © voyelle


     


    votre commentaire
  •                                                           Chapi et Chapo

     


    © voyelle



    votre commentaire

  • © voyelle



       

      

                                                               ...et ils ont eu deux beaux enfants !



    votre commentaire