• " Le fils du vent" Henning Mankell

    «Tous ces suédois sont fous ! Je me demande bien ce qu'ils viennent foutre ici en Afrique. Nous avons besoin d'ingénieurs, de gens compétents, capables de résoudre des problèmes pratiques ou dotés d'une grande force physique. Ou bien de capitaux. Mais pas de tous ces imbéciles qui viennent prêcher la bonne parole ou ramasser de la merde d'éléphant. Et maintenant ça ! Des insectes ! Qui diable a besoin de mouches et de moustiques classés dans des catalogues. »
    En 1875, Hans Bengler, jeune universitaire de Lund pense avoir trouvé sa voie. Les insectes ! Son admission en botanique le conduit jusqu'en Afrique, dans le désert de Kahalari à la recherche d'une mouche non encore cataloguée. Un an et demi plus tard, il ramène en Suède 340 insectes dans ses valises et Molo, un jeune Bochiman orphelin . «Tu es mon fils, dit-il. Tu t'appelles Daniel et je suis ton père. C'est ainsi que tu m'appelleras désormais. Père. (...) Molo ne bougea pas. Bengler lui indiqua la chaise de la main.. Molo se leva et reprit sa place. Il savait qu'il s'appelait Daniel à présent.» Daniel est plongé dans un mutisme insondable depuis l'attaque sanglante où son père Kiko et sa mère Be ont perdus la vie.  Bengler va cependant réussir à gagner la confiance du jeune garçon.  Il lui enseigne sa langue, lui apprend à ouvrir et à fermer une porte, lui explique que les chaussures servent à protéger les pieds... Daniel sait qu'il n'a rien à craindre de Bengler mais son angoisse ne fait que grandir devant l'inconnu.  Il est perdu comme Kiko et Be qui hantent ses rêves la nuit.  Il se dit que le voyage a assez duré et qu'il est temps de rentrer chez lui, seulement voilà, "Père" en a décidé autrement. « - Tu ne retourneras jamais dans le désert. Ta vie est ici maintenant. Tu as appris à parler, à frapper à la porte, à saluer. Nous allons partir pour une ville où je dois présenter mes insectes. Et je vais te présenter, toi. Daniel ne répondit pas. (...)   Ce ne sera pas compliqué, reprit-il. Je monterai sur une petite estrade et j'exposerai les insectes en indiquant sur une carte leurs différentes provenances. Toi, tu seras assis à côté de moi. Quand je prononcerai ton nom, tu te lèveras, tu t'inclineras et tu diras : "Je m'appelle Daniel. Je crois en Dieu". Rien d'autre. Quand je te demanderai d'ouvrir la bouche, tu le feras. Quand je te dirai de rire, tu riras, mais pas trop longtemps, ni trop fort. Quand je te demanderai de gonfler tes joues comme un animal, tu le feras aussi. Puis tu sauteras à la corde pour montrer ton agilité. C'est tout. Si jamais quelqu'un dans l'assistance veut te toucher, tu accepteras en te disant qu'il ne te veux pas de mal. Mais tu dois surtout te dire que çà nous permettra de nous payer une meilleure chambre. As-tu bien compris ? Daniel fit oui de la tête. En réalité, il n'avait pas compris un seul mot, mais Père lui avait parlé gentiment.»  Daniel veut rentrer chez lui. Il se met en quête d'apprendre à marcher sur l'eau - comme Jésus - afin de traverser la mer jusqu'à sa terre natale. Il ne peut en être autrement.  Inoubliable est Daniel, à travers cette histoire cruelle qui nous laisse un goût amer.  Une belle lecture généreusement servit par la plume talentueuse d'Henning Mankell et un hommage puissant à tous les déracinés du monde.

    J'ai lu aussi "Les chaussures italiennes" et "L'homme inquiet"

    Traduit du suédois par Agneta Ségol et Pascale Brick-Aïda

    Quatrième de couverture

    En 1875, Hans Bengler, jeune entomologiste, quitte la Scanie pour le désert du Kalahari. Il pense y dénicher un insecte rare, mais c’est un orphelin bochiman qu'il ramène en Suède. Tandis que Bengler exige de lui qu'il oublie tout de son passé, le petit Daniel, objet de curiosité et de répulsion, rêve d’apprendre à marcher sur l'eau pour retrouver son désert et ses ancêtres. Né en 1948 en Suède, Henning Mankell est l’un des maîtres incontestés du roman policier et un romancier internationalement connu. Il partage sa vie entre la Suède et le Mozambique.

     

     Prière à la lune ( poème Bochiman)

    Prends ma figure et donne moi la tienne !
    Prends ma figure, ma figure malheureuse
    Donne-moi ta figure,
    Avec laquelle tu reviens
    Quand tu meurs
    Quand tu disparais de ma vue
    Tu te couches et reviens.
    Laisse-moi te ressembler, parce que tu es pleine de joie
    Tu reviens chaque fois plus vivante
    Après que tu as disparu de ma vue
    Ne nous as-tu pas promis jadis
    Que nous aussi nous reviendrons
    Et serons à nouveau heureux après la mort ?


  • Commentaires

    1
    Vendredi 13 Juin 2014 à 06:05
    Aifelle

    Je ne l'ai pas encore lu celui-là, mais je compte le faire.

    2
    Vendredi 13 Juin 2014 à 22:05

    Cette histoire est belle et elle me rappelle "L'enfant sauvage", le film mise en scène par Truffaut! Bise du soir ma Vallia! Faudra que je t'appelle la semaine prochaine. biggrin



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