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    Après "La porte des enfers", Laurent Gaudé nous replonge dans une Italie qui lui est chère, qu'il connaît si bien. La solitude, la folie, la guerre, la mort sont réunis dans l'ultime magnifique et lyrique pensée humaine. Les quatre nouvelles de Laurent Gaudé sont  impitoyables, dures, puissantes, sombres... j'ai retrouvé avec grand plaisir la rythmique et la poésie de son écriture incomparable et l'ambiance mystérieuse qui font de lui un auteur d'exception. On aime ou on n'aime pas. Pour ma part, je n'aime pas...j'ADORE !!!!! C'est clair le jour ou je le rencontre, je tombe en pâmoison !!!!

    Encore une lecture qui reflète toute la passion de Laurent Gaudé pour l'écriture, le théâtre, la tragédie, l'histoire, la mythologie, l'âme humaine, qu'il nous offre avec justesse et émotion...toujours. 

     

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    Editions Actes sud - mai 2011

    4ème de couverture

    "Les oliviers de Négus" Un vieil homme croit entendre chevaucher Frédéric II dans le royaume des Enfers."Le bâtard du bout du monde" Un centurion marche vers une Rome gangrénée dont il devance l'agonie."Je finirai à terre" Un soldat des tranchées fuit le "golem" que la terre a façonné pour punir les hommes."Tombeau pour Palerme"Un juge anti-mafia tient le compte à rebours de sa propre exécution...

    Dans la proximité de la guerre ou de la mort surgissent ces quatre récits où les héros - certes vaincus, mais non déchus - prononcent d'ultimes paroles. Ils veulent témoigner, transmettre, ou sceller des adieux. Minuscules fantassins de la légende des siècles, ils affrontent une Histoire lancée dans sa course aveugle. Et ils profèrent la loi tragique - celle de la finitude - qui, au-delà de toute conviction, donne force et vérité à leur message. D'où la dimension orale de ces textes qui revisitent la scène de l'oeuvre romanesque et, de Cris à La Porte des Enfers, réorchestrent des thèmes chers à Laurent Gaudé, auxquels la forme brève donne une singulière puissance.

     

    EXTRAIT 

    La mort convoque. C'est ainsi. Elle nous écarte pour un temps du rythme du monde et nous met en arrêt. Je veux être là-bas, avec ceux qui me sont chers. Je veux me pencher sur le vide que laisse la mort comme on le fait en haut d'une cascade, les oreilles bourdonnant du fracas des eaux, essayant en vain d'apercevoir l'abîme, plein d'un respect peureux face à la beauté des choses et leur caractère immuable. Je veux être à Peschici, sur ces terres qu'il a tant aimées et qui l'ont, elles, tant humilié. Si la terre peut cracher, elle le fit sur cet homme qui n'aimait rien tant que le silence des champs d'oliviers. Le Négus est mort. Je repense à son visage strié de rides, à sa voix rauque de fumeur de tabac, à ses yeux bleus qui illuminaient son visage lorsqu'il riait ou qui lui donnaient un air d'oiseau de proie quand il serrait les mâchoires. Je repense à ce vieil homme de quatre-vingt-douze ans qui vient de mourir et je me hâte comme si, en me pressant, je pouvais espérer arriver au village à temps pour sentir encore quelque chose de lui, un parfum, un souvenir, avant que tout ce qu'il a été ne s'évanouisse définitivement, dans la chaleur hébétée du mois d'août. 

    Je roule sur l'autoroute, dépassant Avellino et Candela. Dans la grande plaine de Foggia, c'est à nouveau à ces deux personnages que je pense : Zio Négus et Frédéric II. Ils sont liés. Tous deux ont parcouru ces terres. Tous deux ont été fous au point de faire trembler les hommes qu'ils croisaient. Zio Négus parlait sans cesse de Frédéric II. Il le faisait avec fièvre comme si ce nom excitait en lui une joie nerveuse. Il le faisait en pointant du doigt les rues alentour et les places. "Tout s'est passé là, disait-il sans cesse. Chaque pierre porte la trace de son passage." 

     


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  • Je viens de vivre une belle traversée poétique et fantastique avec Arlis, 11 ans, recueilli par des forains quand il était bébé, il vit une enfance heureuse entouré de Lindy, d'Emmett, d'Aaron et de ses singes Cissie et Satchmo, de Jared, cul-de-jatte..." Quand on vient au monde pas totalement « normal », selon les critères de certains, et dans un coin où toute forme d'infirmité passe pour un châtiment divin, on apprend, par la force des choses, à se distraire de ses propres pensées. A plus forte raison quand on ne peut passer sa jeunesse à courir partout avec les autres gamins. Quand on rejoint ensuite les gens du voyage, et qu'on apprend vite à n'être de nulle part, l'habitude devient une seconde nature."... de Katrina, la fille aux serpents et d'un ours nommé Palmer. Sa rencontre avec Faith, la fille du pasteur, à leur arrivée dans la petite ville de Bailey Creek, va bouleverser son quotidien déjà si ...mystérieux. 

     

    La belle écriture de Mélanie FAZI nous transporte dans des descriptions très réalistes et parfaitement maitrisées...J'ai adoré celle du champ de blé à l'orée de la ville où Faith va initier Arlis à d'étranges rituels.

     

    " La nuit appartient à la nature, puisque les hommes exploitent dèjà le jour. J'aurai pu rester là des heures avec Faith l'écouter respirer à côté de moi en regardant le monde. Les champs qui s'étendaient devant nous n'appartenaient plus aus humains : c'étaient les champs de blé de la lune. Avec une façon bien à eux de répondre aux caresses du vent.

    le soleil les endormait, les apprivoisait. Avec la lune et le vent ils pouvaient enfin se lâcher. Ils bougeaient différemment la nuit. Ils se secouaient comme pour chasser de mauvais rêves. Vu d'ici, ils avient l'air d'un océan. Une étendue compacte impossible à diviser. ce n'était plus le blé doré qui paresse au soleil, cette couleur rassurante et un peu fade. cette nuit là, sous la lune, les blés étaient gris. Ou peut-être une nuance de blond qui cherchait à ressembler au gris. Une de ses couleurs qui ne sont possibles que la nuit : le soleil est trop aveugle pour les reconnaître.

           Et cette façon qu'ils avaient d'onduler sous le vent...un peuple qui se prosterne ou une foule qui acclame un dieu. Pas le dieu qui habitait l'église du père de Faith, un dieu à majuscule. Plutôt un dieu mineur qui n'aurait pas voulu des hommes. Un dieu qui n'aurait parlé qu'à la nature. "

     

     Mélanie Fazi dévoile avec finesse les sentiments profonds des personnages. L'âme humaine est fragile mystérieuse, cruelle même et comme dans beaucoup d'autres livres que j'ai lu...elle émeut et j'aime ça !

     

    Ce livre est un véritable petit bijou littéralement envoutant, un voyage entre le réel et l'irréel parfaitement orchestré par l'auteur. Attention, TALENT !!! Je confirme et je reste sous le charme de cette belle lecture.

     

    @ l'occasion je ne manquerai pas de lire d'autres romans de Mélanie Fazi...

     

    "Site de Mélanie Fazi"

     

    Mélanie Fazi est également traductrice, elle a remporté début novembre 2006 le Grand Prix de l'Imaginaire de la meilleure traduction pour Lignes de Vie de Graham Joyce...que j'ai lu d'ailleurs : CLICK

     

    fazi

    Editions Bragelonne - 2004- prix Masterton 2005

     Illustration de Didier GRAFFET 

     

    4ème de couverture

    Lorsqu'on a onze ans, le monde est un endroit étrange...
    Et quand ce monde se compose d'un ours, de singes savants et de serpents, l'étrange devient le quotidien. Car Arlis est un forain, et sa maison est la route.
    Il vit heureux en compagnie d'Emmett et de Lindy, qui dirigent la caravane, de Jared, le cul-de-jatte, d'Aaron et de Katrina. Si seulement Arlis savait ce qu'il fait parmi eux. Car il ignore tout de ses origines ou de sa famille.
    Un jour, alors que les forains atteignent la petite bourgade de Bailey Creek, Arlis fait la connaissance de Faith, la fille du pasteur. Ils se lient d'amitié et deviennent complices, au coeur des blés, sous la lune et le vent.
    Mais Faith n'est pas non plus une fille comme les autres. Elle connaît les secrets des champs de blés. Elle initie Arlis à d'étonnants sacrifices dédiés à l'épouvantail qui règne en maître sur ces lieux. Autour d'eux plane une présence invisible et effrayante.
    Oui, lorsqu'on a onze ans, le monde est un endroit étrange, où peuvent surgir la violence et la mort, et changer votre vie à tout jamais...

     

    Extrait sur les éditions Bragelonne : CLICK

     

     

    Un lundi parmi tant d'autres

    sans "Chrys" qui manque de temps pour gérer nos "Lundi (s) parmi tant d'autres, l'aventure se poursuit désormais  chez "Zaza"

     
     


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  • L'incontournable auteur de mes 20 ans a repris sa place d'honneur sur ma table de chevet avec son dernier roman sortit en mars 2011. "Dôme" est  l'incroyable histoire d'une ville coupée du monde par un champ de force invisible qui  jusqu'à la dernière page (629) du premier tome reste inexplicable et indestructible.

     

    Les habitants de Chester's Mill pensent dans un premier temps à une expérience top secrète de l'armée ; il n'en est rien... car même l'intervention des forces de l'armée pour détruire "la cloche à fromage" avec 2 missiles super puissants et le HYC- 908 (acide) sera un échec. Le suspens et l'humoir noir sont  encore de mise chez Stephen KIng avec des personnages complexes dont certains sont corrompus depuis bien avant l'arrivée du dôme ( ce qui n'arrange rien, vu que c'est eux qui tiennent les rênes du pouvoir ! )  qui semble tombé du ciel comme une météorite. Les enfants semblent touchés par des rêves prémonitoires apocalyptiques. La ville et ses habitants vont vite se trouver plonger dans une incontrôlable situation qui va vite tourner au cauchemar. 

     

    Serait-ce tout simplement une machination d'extras-terrestres ?! pensent certains habitants. Le mystère reste entier dans ce premier tome au suspens angoissant et haletant...à suivre ! Qu'est ce que je l'aime aussi lui...le KING !

     

     

    Dome-Tome-1 fiche livre

    Editions Albin Michel 2011

     

    4ème de couverture

    LE DÔME :

    PERSONNE N'Y ENTRE

    PERSONNE N'EN SORT
    ( c'est court mais le message est clair !)

     



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  • Je reste encore agréablement surprise après la lecture de ce roman à l'émotion percutante. Dans un petit village du Cotentin, La Hague, non loin de Cherbourg, les personnages ont tous un lien commun ou presque, des âmes égarées à la recherche d'une vérité ou d'un bonheur simple. Le passé n'est pas guérit de ses blessures. Les secrets refont surface comme les corps d'un naufrage rendus par la mer. L'histoire est comme le flux et le reflux incessant des vagues au rythme des marées montantes et descendantes. Cela peut lasser parfois mais l'intrigue est captivante. La complexité des personnages s'accorde parfaitement avec la beauté hostile du lieu. Ce n'est pas un hasard !  L'écriture hachée de l'auteur peut agacer, mais moi justement je la trouve judicieuse, compte tenu du lieu et de l'intrigue.  Prévoir quelques tempêtes mais quand on connaît le dicton..."après la pluie vient le beau temps"...peut-être pas pour tout le monde quand même, si ce n'est que le repos d'une âme dans la tourmente ou l'apaisement d'une colère ...que dire encore ?! Ah oui... lisez-le !

     

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    Edition j'ai lu - 2010

     

    4ème de couverture

    « La première fois que j'ai vu Lambert, c'était le jour de la grande tempête. Le ciel était noir, très bas, ça cognait déjà fort au large. Il était arrivé un peu après moi et il s'était assis en terrasse, une table en plein vent. Avec le soleil en face, il grimaçait, on aurait dit qu'il pleurait. » C'est à La Hague - un bout du monde à la pointe du Cotentin - que la narratrice est venue se réfugier. Elle arpente les landes, observe les oiseaux migrateurs... et Lambert, homme mystérieux et tourmenté aperçu un jour de tempête, et qui n'a cessé depuis lors d'éveiller sa curiosité. « Claudie Gallay excelle à créer des atmosphères enfermant lecteur et personnages dans des secrets bousculés à coups de phrases courtes. »

     

    PS : surfer sur le net avec mon vieux PC est une galère depuis plusieurs jours, mon TOP refuse toujours d'accepter les paramètres de mon vieux modem...son message devient clair « JE VEUX UNE LIVE BOX !!!! » mais je reste encore indécise sur ce choix par peur d'un mauvais fonctionnement...et moi sans internet, C'EST IMPOSSIBLE ! Voilà la raison de mon silence qui s'installe de jour en jour. Vous rendre visite est une aventure périlleuse, les pages mettent 2 plombs à s'installer quand cela ne bug pas carrément.


    Au plaisir de vous lire très vite ! SOUPIR !

    @ +

    bises Voyelle



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  • Un petit livre à glisser dans le sac des vacances... ou pas. "Meurtres entre soeurs" est un prêt de "Val" que je remercie promptement pour la découverte ! Un humour cynique à l'écriture pointilleuse et efficace qui glace et fait rire tout à la fois. Un amour-haine qui ne laisse pas présager une Happy  End Story...mais qu'est ce que j'ai aimé cette lecture décapante !

     

    Un régal sauce british...of course !

     

    suggestion de Voyelle à ne pas prendre au pied de la lettre

    Un livre à offrir à une personne que l'on déteste...mouais, j'avoue y avoir pensé mais je ne suis pas sûre de mon choix !

     

    meurtres-entre-soeurs

    Editions le livre de poche - mars 2011

     

    4ème de couverture

    Olivia et Emily, des demi-sœurs, vivent une enfance heureuse dans l'Angleterre des années 1950. Jusqu'au jour où Mo et Pa font un troisième enfant : Rosie, la petite princesse, leur préférée. Une vraie peste. Peu à peu, Rosie parvient à empoisonner l'existence de toute la famille, poussant Olivia et Emily dans leurs derniers retranchements. Comment s'en débarrasser ? Coups bas, manipulations en tous genres, vengeances : impossible de s'ennuyer à la lecture de ce roman jubilatoire, aux héroïnes aussi cyniques que déjantées. Un festival d'humour noir !

     

    Willa Marsh brosse un tableau acide des relations fraternelles, de l’âge tendre jusqu’à la retraite sur le petit air de « famille je vous hais ». […] L’humour évidemment très british offre un efficace contrepoids au cynisme du propos. Françoise Dargent, Le Figaro littéraire.



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  • Une bien émouvante histoire que celle d'Edgar Sawtelle...je serais même très étonnée qu'elle ne soit pas adaptée un jour à l'écran même si la magie est toujours plus forte en lecture. L'inoubliable Edgar est un personnage extrèmement attachant. La relation entre les personnages et la gente animale est très forte et très bien relatée. Un livre émotionnel dans la relation humaine. Le tout dans un décor vaste d'une amérique comme j'aime. La complexité de l'âme humaine y est transcris avec justesse. Ce roman est bien plus qu'une histoire d'élevage de chiens...oh que oui...beaucoup plus ! La relation entre Edgar Sawtelle et sa chienne Almondine, à qui l'auteur donne la parole sur plusieurs chapitres, est bluffante...franchement chapeau à l'auteur pour cette magie !

     

    EXTRAIT - Almondine (p.248)

    Pour elle le souvenir et l'odeur de Gar étaient une seule et même chose. Là où celle-ci était la plus forte, le passé lui revenait télescopant le présent. Il prenait le moineau mort qu'elle tenait dans sa gueule. Il lui ordonnait de se coucher, lui pliant le genou jusqu'à ce qu'il se bloque à cause de l'arthrite posant sa paume tiède sur sa cage thoracique pour jauger sa respiration, déterminer où se situait la douleur et la rassurer. C'était la semaine avant son départ.

    Il était parti mais quelque chose de lui restait imprégné dans les plinthes. Parfois le sol vibrait sous ses pas. Alors elle se levait et flairait la cuisine, la salle de bains, la chambre - le placard en particulier - dans l'espoir de sentir la chaleur de son corps à travers le tissu. Les lieux, les heures, le temps - autant d'éléments qui le faisaient vivre en elle - surtout la pluie, quand elle tombait devant les doubles portes du chenil où il avait attendu la fin de tant d'orages. Dès qu'une goutte atteignait la terre détrempée, elle en projetait des douzaines d'autres dans l'air. Et le point de jonction entre l'eau qui jaillissait et l'eau qui tombait donnait forme à une sorte d'espérance, c'était un endroit où il pourrait apparaître, passer à grands pas en silence, sans esquisser le moindre geste. Car elle avait des désirs personnels, tel celui de garder les choses immobiles, de s'y confronter pour savoir qu'elle était en vie précisément parce qu'il n'avait pas besoin de lui faire signe. Peut-être que sa persévérance triompherait pour peu qu'elle prête une attention vigilante au monde, ou, à défaut, il ne se produirait que les changements qu'elle désirait, non ceux qui la minaient, qui l'annihilaient.

     

    Grand coup de coeur ! Grande histoire !  Jack London aurait adoré !

     

    9782253129660-G

    editions le livre de poche - 2010

     

    4ème de couverture

    Dans une ferme isolée au nord du Wisconsin, le jeune Edgar Sawtelle grandit entre son père et sa mère, avec lesquels il ne peut communiquer que par le langage des signes. Depuis deux générations, les Sawtelle élèvent et dressent une race de chiens d’exception, dont Almondine, l’amie de toujours d’Edgar, est un merveilleux spécimen. Mais l’arrivée de Claude, l’oncle du garçon, va perturber la quiétude du foyer… Récit initiatique, roman des grands espaces américains, L’Histoire d’Edgar Sawtelle, saluée par une critique unanime, a déjà touché plus de deux millions de lecteurs aux États-Unis.

     

    Ce roman aux allures de conte cruel est une merveille, un voyage dans le royaume du silence dont un petit garçon muet est le prince blessé. André Clavel, Lire.

     

    On serait presque jaloux de ceux qui ne l’ont pas encore lu. Elvire Emptaz, Elle.

     

    Il m’arrive rarement de relire un livre. Je relirai celui-ci. Stephen King.


     


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